DIfficile pour moi d'être objectif avec Liv Kristine. Malgré son lifting raté, son mariage avec Alex Krull et la naissance de son bambin, je resterai toujours un grand admirateur de cette dame. Je me doutais un peu de son départ imminent de Theatre of Tragedy car elle m'avait confessé (pas sur l'oreiller, dommage...) que l'orientation musicale décidée par son acolyte de l'époque Raymond Rohonyi ne lui convenait pas à 100%. Espérons que TOT survivra à son départ (dernière minute : la chanteuse de THE CREST choisie comme remplaçante n'est pas ce qui se fait de pire, ouf...).
En tout cas, je ne pensais pas que je serais encore surpris un jour par un album de goth-metal à chant féminin. Si Liv Kristine est bien sûr mise en avant comme l'atteste la pochette, c'est carrément tout le line-up de Atrocity qui est derrière elle et "Lovelorn" est véritablement imprégné de l'esprit de la bande à Alex Krull. Tout d'abord pour les parties de synthé typiques qui semblent parfois être sorties des sessions du récent "Atlantis" et ensuite, parce que Mister Krull apporte de temps à autres sa petite contribution vocale (le duo fait merveille sur "the dream"). Dès que le rythme s'emballe, on retrouve le riffing (ça existe ce mot ?) habituel de Atrocity.
Une fois que la comparaison inévitable avec le groupe originel sera passée, on sera forcément attentif à la prestation vocale de Liv et je n'ai pas été déçu l'ombre d'un instant de ce côté là. Alors qu'elle était forcément restreinte à un registre limité sur les derniers TOT (l'electro ne s'agrémente pas toujours bien d'envolées lyriques), on trouvera une chanteuse grandiloquente qui étrenne son répertoire classique sur l'excellent "Ocean's way" ou sur le refrain de "Secret". Elle devient plus intimiste et reposée, avec un ton très naturel, sur "For Amelie" ou sur le charmeur "Lovelorn". Musicalement, on tape dans une gamme quand même assez large, l'inquiétant "Temptation" étant le point culminant d'un disque qui comporte quand même quelques belles parties de métal, ce qui rassurera ceux qui pensaient que la belle nous pondrait un truc plutôt orienté goth. On se situe dans une veine située entre le TOT de "Aegis" pour les parties planantes et celui de "Velvet darkness they fear" dès que le rythme décolle un peu. Dans tous les cas, on ne retrouve pas de parties electro, de vocaux nasillards, de dictée magique (si si, il y en avait sur "Musique") et toutes ces choses qui avaient fait fuir -à tort à mon avis- pas mal de monde depuis 2000.
On tient ici un disque incroyablement soigné qui n'a pas été fait PAR mais POUR Liv Kristine. La musique présentée ici est un support parfait pour sa voix qui n'a sûrement jamais été aussi chaude, aussi variée et aussi bien utilisée. Les dix titres défilent sans véritable faute de goût et les moments de calme font jeu égal avec les passages plus épiques. On ne tombera pourtant jamais dans le symptôme "j'ai un gros cul et je chante dans Nightwish" et les vocaux ne représentent pas 95% de l'esprit (et du matraquage promotionnel) du groupe. Tout a été particulièrement soigné pour agrémenter le retour d'une grande dame qu'on croyait perdue entre les biberons et les tâches ménagères. Bon d'accord, ce n'est pas formidablement original dans l'ensemble et les réticents à la voix de Liv ne changeront pas d'avis. Pourtant, cet album a un petit quelque chose que ne possède pas la concurrence : on sent qu'il a été fait avec énormément de coeur et de conviction et j'ai vraiment du mal à m'en lasser même au bout de nombreuses écoutes. On frôle la mention très bien.


Rédigé par : Loufi | 16/20 | Nb de lectures : 8393