Avec deux albums oeuvrant dans le metal folk symphonique, LEAVES'EYES a permis à Liv Kristine de retrouver une place au sein de la scène metal après son éviction de THEATRE OF TRAGEDY. Ce "Njord" est donc le troisième méfait de la bande de la blonde norvégienne, album certainement attendu par les fans comme l'album charnière de la carrière du combo (vous savez, le coup de troisième album, patati patata.) Pour se faire, LEAVES'EYES a mis les petits plats dans les grands et a confié toute la partie symphonique au Lingua Mortis Orchestra dirigé par Victor Smolski de RAGE, histoire d'ajouter du grandiloquent sur le papier.

Rentrons dans le vif du sujet et parlons musique. En comparaison avec "Vinland Saga", on remarquera d'entrée de jeu une composition plus sombre pour ce "Njord". Chaque titre est imprégné d'une petite pointe de mélancolie qui n'est pas pour me déplaire. Pour le reste, on est toujours dans le même registre: un metal gentillet fortement bien exécuté, porté par des claviers vaporeux et la dualité du chant cristallin de Liv Kristine et d'Alex Krull (ATROCITY) qui comme d'hab vient pousser la chansonnette. On retrouve également les instruments acoustiques et mélodies folkloriques ("Scarborough Fair") qui fleurent bon le tartare de caribou et la corne de buffle et qui font partie intégrante du style pratiqué ici. Bref, un ensemble bien propret qui sonne à la perfection.

Côté orchestration, on note un gros boulot sur certains titres ("Take the devil in me", "Through our veins"). Malheureusement, on en attendait quand même plus et la plupart du temps, le LMO ne sert qu'à grossir le son de l'ensemble ou bien à faire office de remplissage. Franchement dommage car il aurait été très intéressant au combo de développer des parties bien plus travaillées pour les cordes, permettant d'apporter une vraie touche de nouveauté à la musique de LEAVES'EYES et surtout de justifier de manière pertinente ce guest prestigieux. Dommage!

Du côté du chant, Liv Kristine chante bien, c'est indéniable mais son interprétation ne m'a pas spécialement emballé, loin des éloges que tout le monde lance à la donzelle. Les émotions sont palpables sur la plupart des titres mais le tout sonne redondant, et pire, certains couplets sont chantés avec la même conviction que l'on a quand on étale de la confiture sur un Krisprolls. Un jugement que certains trouveront peut-être un peu dur mais 45 minutes de Liv Kristine me tapent sur le système à la longue. Quant à son conjoint, Alex Krull, connu aussi sous le nom de Louis de Finesse, ses growls sont toujours aussi incongrus à certains moments ("Emerald Island") mais insèrent un petit coup de fouet quand on commence à s'ennuyer ferme. Ses apparitions ont donc du bon mais on est loin d'une prestation haut de gamme.

Reconnaissons à ce "Njord" quelques jolies compos. Mention spéciale pour un "Northbound" au pont redoutable, à "Ragnarok" qui met une belle pression avec ses montées en puissance bien maîtrisées, aux chœurs du refrain de "The Holy Bond" judicieusement trouvés et placés, au tubesque "My Destiny" qui remplit pleinement son rôle de single et qui voit le sieur Krull pousser la chansonnette de fort belle manière ainsi qu'au final "Frøya’a Theme" à l'ambiance très mystique. Il y a du mieux en comparaison à "Vinland Saga" mais par rapport au programme alléchant annoncé sur la papier, il y a surtout de quoi rester sur sa faim. Un album qui ne fera donc pas avancer le problème et qui s'intègre sans soucis dans la discographie du groupe. J'avoue que j'en attendais nettement plus.


Rédigé par : Foofur | 13/20 | Nb de lectures : 11588