Les sept années séparant la sortie du live de la reformation (le dernier album des Américains date de 1989 !) leur auront au moins permis de bosser un peu l’aspect visuel de leurs pochettes, domaine dans lequel ils affichaient alors des goûts plus que douteux (cf. l’artwork de « Wide Open »). L’idole décharnée trônant fièrement dans une pièce insalubre, regard halluciné et rictus malsain aux lèvres a peut-être plus à voir avec les sculptures de G.R.A.A.L. (BEHEMOTH, ENTHRONED, HATE) et le style qui va de pair qu’avec le hard rock-heavy clinquant de LEATHERWOLF, mais au moins il a de la gueule !

Avec « World Asylum », le groupe tente un nouveau départ et a pour cela recruté un Wade Black étonnamment serein, lui qui nous avait habitués à des hurlements de dément avec CRIMSON GLORY. Serein, mais pas apathique, loin de là ! C’est lui qui entraîne les autres à sa suite, profitant de ses capacités vocales hors normes pour varier les atmosphères et entraîner l’auditeur dans un voyage sonore aussi prenant qu’hypnotique. Si « I Am The Law » laisse planer le doute sur les intentions de LEATHERWOLF avec son côté power prononcé, « King Of The Ward » et « Behind The Gun » sont sans équivoque : les Américains sont revenus pour vous mettre du refrain qui tue et du solo de virtuose plein la tronche !

Cependant, que le moyen d’expression choisi soit le heavy metal ou le heavy rock tel qu’il se pratiquait au début des années 90 « World Asylum » ne laisse pas beaucoup de répit et se révèle d’une densité insoupçonnée. Les guitares sont en effet très présentes en rythmique, la place réservée au chant est, elle aussi, très importante, les tempos souvent enlevés, ce qui entraîne de temps à autres une lassitude qui entame le confort d’écoute. Heureusement, les titres forts (LE tube « King Of The Ward » sur lequel Wade Black se mue en James LaBrie (DREAM THEATER) et l’imparable « Behind The Gun », qui aurait eu sa place sur le « Piece Of Mind » de MAIDEN) sont placés en début d’album et n’en pâtissent pas, mais la deuxième moitié du disque est assez lourde à digérer, excellents chanteur et soliste ou pas.

Impossible de dire si le retour de LEATHERWOLF sera couronné de succès, mais ce qui est sûr c’est que « World Asylum » a été très travaillé et respire l’honnêteté de ses géniteurs. On aimera ou pas ses compos ni franchement heavy, ni franchement hard rock, ses solos en forme d’avalanches de notes et cette densité évoquée plus haut qui pourra être un frein pour certains, mais on ne pourra lui retirer une authenticité devenue rare.


Rédigé par : Dungorpat | 12/20 | Nb de lectures : 12328