A en croire les rayonnages de nos libraires, de plus en plus chargés d’ouvrages spécialisés, le monde du livre et du métal ferait bon ménage. Mieux encore, il semblerait que ce type de livre, destiné principalement à un public d’amateurs avertis, soit un filon intéressant pour les maisons d’édition, camion blanc en tête à en juger par le nombre en expansion de titres sortant chaque année.

Ouvrages de sociologie, bio de groupes, traductions sulfureuses (et parfois approximatives, il faut bien l’avouer), genèses du genre ou encore publications de thèses, le métal passionne et se lit désormais aussi bien qu’il s’écoute. Une introduction qui nous conduit directement à ce petit bouquin de Nicolas Bénard (alias Nico 92 dans notre belle communauté VS) qui se trouve être justement tiré d’une thèse soutenue brillamment (j’ai mes sources) l’année dernière. On aurait pu craindre d’avoir à se farcir un pavé déblatéré dans un style universitaire pompeux et indigeste aussi palpitant qu’une déclaration d’impôt. En fait, il n’en est rien car l’auteur ne nous propose ici qu’une partie de sa thèse rédigée sur un ton résolument accessible, même pour les plus bas de plafond d’entre nous.

Tout l’intérêt de ce livre se situe en fait dans le choix quelque peu original de son sujet, à savoir, « La Culture Hard Rock » car il s’agit bien d’une véritable forme de culture méthodiquement analysée et disséquée tout au long de ce volume. Loin de tomber dans la psychanalyse de supermarché ou l’étude sociologique mettant en exergue élitisme ou folklore métallique, Nicolas Bénard nous prodigue ici un ouvrage principalement axé sur une certaine vulgarisation le monde hard rock, de ses us et coutumes. Décortiquant les différents styles sans s’attarder, fort heureusement, sur les sous-genres (émo deathcore chaotique progressif ?) vu qu’il n’était pas forcément motivé pour écrire un bottin ; dressant un portrait assez fidèle du fan de métal, faisant un état des lieux d’une presse écrite spécialisée qui se rétrécit comme peau de chagrin ou d’un business du disque sur le déclin, le sieur Bénard s’emploie également à démonter invariablement fausses idées reçues que les journalistes de M6 s’obstinent à faire gober aux masses bêlantes.

Il va de soit que nous sommes en présence d’un livre sur le métal et sa culture rédigé par un fan de métal et qu’on pourrait peut-être reprocher à l’auteur sa prise de position même si l’ensemble du livre se veut objectif et que son auteur s’appuie régulièrement sur des extraits d’ouvrages, d’interviews pour étayer ses propos.

Un livre sur le métal par un fan de métal et pourtant ce livre n’est pas particulièrement destiné aux amateurs de métal car les personnes s’intéressant au sujet pourraient bien trouver des réponses à leurs questions. En fait, « La Culture Hard Rock », c’est un peu le bouquin que j’aurais bien voulu faire lire à mes parents lorsque j’avais 16 balais et que les posters qui ornaient mon antre étaient sujets de discorde dans le giron familial au même titre que j’aurais aimé leur faire visionner un documentaire comme « Voyage au cœur de la bête ».

Mais « La Culture Hard Rock » n’est pas uniquement un livre de vulgarisation car on y apprend quand même des petites choses intéressantes sur les fans de métal en général, sur les croyances et mythologies diverses inspirant les groupes (et du reste, je suis persuadé qu’un bon docteur en histoire pourrait nous pondre un truc très intéressant sur le sujet) et sur la réalité d’un business agonisant même si les fans de métal n’ont probablement jamais été aussi nombreux.

En bref, le livre de Nicolas Bénard se dévorera d’une traite dans le train ou sur les plages des vacances même si sa portée reste limitée pour l’aficionado. Et puis, ce n’est pas tous les jours qu’un Vseur prend sa plume pour déverser autre chose qu’on flot de commentaires dispensables.
Pour une fois qu’on a sous le coude un lecteur inspiré qui a plein de choses intéressantes à formuler… =)


Rédigé par : Tonton | / | Nb de lectures : 11581