Les lecteurs assidus de VS ont déjà entendu parler de ce projet Black Metal Ultra Catho/baroque qu'est LA CHAMBRE ARDENTE. Porté par ses compositeurs et le label Antiq, le projet a d'emblée provoqué des remous.
Lorsque la news annonçant que le projet allait sortir, de nombreuses voix s'étaient exprimées via les commentaires pour fustiger le concept et l'attitude du combo (avec quelques petites louches pour la musique au passage). Pour ceux qui ne connaitraient pas LA CHAMBRE ARDENTE, je vous glisse une partie de leur présentation sur My _ (l'ensemble étant assez long, je vous invite à aller directement sur la page si vous voulez avoir la version complète) :

"LE PRINCIPE DE CHAMBRE ARDENTE :
La Chambre Ardente est une juridiction mandée par ordre du Roy lui-même pour traiter les affaires de sorcellerie et d’hérésie présentes sur Internet et dans le domaine musical. Les juges se font un devoir, après un jugement en première et dernière instance (donc sans appel) d’appliquer une sentence exemplaire dans le but non de châtier, mais bien de guérir en indiquant la voix à suivre à des âmes souvent troubles ayant souvent tendance à oublier les bienfaits de notre seigneur Jésus Christ sur cette Terre".

Bon, plus besoin d'un dessin, vous voyez à quel niveau se situe la controverse et pourquoi elle provoque des réactions. C'est marrant de voir « Ultra catho » sur un disque dont la musique serait certainement LARGEMENT condamnée par les intégristes "boutiniste" de tout poil... mais bon, le metal c'est parfois aussi l'ambivalence et la contradiction non ?
De nombreuses personnes crient au fake et je dois dire que je me suis posé la question quant à la véracité de la démarche. A présent je n'en doute plus... et j'avoue que cette « honnêteté » ne fait que m'interroger davantage.
Mais bon, au final, il est là cet album, « Le premier triptyque de l'apocalypse » avec ces sept chansons au compteur, ses lyrics en français et sa dénomination si particulière « Baroque and puritan Black Metal » qui orne l'intérieur du livret.
Alors qu'est-ce que Monseigneur le Marquis Ignace Donatien de Val D’Ombre (Père abbé jésuite et Juge Suprême siégeant en mandat du bon Roy Louis) et Frère Tugduald (attention les enfants : Frère jésuite confesseur et chanoine du chapitre du collège de Fond-de-France, Grand Inquisiteur Général mandaté par le pape et légat de Sa Sainteté Innocent auprès de La Chambre Ardente pour les questions de droit canon, de diablerie, et d’hérésies) nous ont concoctés avec ce "Premier Tryptique de l'apocalypse" ? Eh bien de la musique qui va suciter des commentaires, soyez-en sûrs.

Tout d'abord les lyrics sont entièrement en français. Sept chansons allant de « Comme des légions célestes » en passant par « Le cantique des justes » et pour finir avec le bien nommé « Ruines de Babylone – Repaires d'oiseaux impurs ».
Le son de l'album est pour le moins cradingue, manquant singulièrement de puissance et de relief. Dès que la distorsion commence à se faire entendre, tout est sourd et étouffé.
Musicalement, on voit bien que le groupe n'a pas 20 ans de pratique musicale derrière lui mais au final ce n'est pas le plus gênant. Les passages les plus violents passent « juste juste » pendant que les mid tempo ne démontrent pas d'une rigueur rythmique fracassante.
Le plus gênant, c'est que le groupe se casse la gueule à divers moments de l'album. Le son, le chant, la guitare, la batterie ou l'enchaînement des morceaux finissent toujours par merder à un moment ou à un autre.
En effet, le son de la guitare sur « Adoration de la bête » est véritablement horrible. On jurerait que le son sort d'un 10 watt poussé à fond les gamelles. Le chant clair sur cette chanson est aussi assez difficile à supporter et malheureusement cela ne s'arrange pas dès que les cris font leur apparition.
La suite est composé de morceaux aux envolées épiques, agrémentées de plusieurs passages singeant les chants grégoriens (le résultat n'est pas forcément inintéressant d'ailleurs) et parsemés d'accélérations brutales tantôt bien senties, tantôt perdant le contrôle du véhicule et faisant de jolis « graviers ».
Cet album recycle quelques vieux clichés musicaux du black, se crashe à cause de sa production aléatoire et est finalement tellement étrange dans son concept et son approche qu'il en devient... intriguant.
Je sais bien que les puristes du BM vont littéralement vomir sur cet album... ils auront peut-être raison après tout. Mais il y a quand même quelque chose sur cet album... quelque chose que j'ai mis assez longtemps à pouvoir définir, sans vraiment y arriver au final.

On ne revient pas vers cet album parce qu'il est « bien », on y revient parce qu'on se demande « Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? » .
Car tout n'est pas à jeter chez La Chambre Ardente et même lorsqu'ils sont aux frontières du ridicule, le groupe propose une sorte d'alternative. Bon évidemment pas une alternative genre « Le Thrash face au Glam », mais c'est tellement pété du casque qu'ils en arrivent à éviter la mise à mort et la catastrophe totale.
C'est trop peu abouti pour être vraiment crédible, mais au final, ce groupe se démarque... en faisant un peu n'importe quoi certes, mais ils se démarquent quand même. C'est peut-être naze et risible, mais au moins, ils ont leur connerie pour eux. Au final, les trues jugeront, et moi, après maintes et maintes écoutes, j'en reviens toujours à la même interrogation : « Putain mais qu'est-ce que c'est que ce truc ? »


Rédigé par : Pamalach | 06/20 | Nb de lectures : 15027