On ne peut faire plus clair comme titre d’album, non ? Car oui, dans ce « Operation Beatdown », on va traiter de… beatdown, ce courant du hardcore ultra métallisé aux rythmiques lourdes et écrasantes. Last To Remain nous vient de la patrie des beumeuh en cuir clouté : la Norvège (Oslo plus précisément).

Première sortie du jeune label français Nothing But A Beatdown, Last To Remain est une réelle bonne surprise. Le beatdown n’est clairement le style de hardcore le plus présent en Europe mais il y a fort à parier que ce disque fasse parler de lui.

Une fois n’est pas coutume, commençons par le défaut majeur de ce « Operation Beatdown ». Il y en a qui saute aux oreilles et qui étonne, c’est la voix de Martin. Il faut savoir que le chanteur du groupe, John, a pris la poudre s’escampette lors des sessions s’enregistrement, laissant le batteur Martin assurer les parties vocales. Seulement ce dernier chante dans le groupe de death metal Raanium et visiblement a confondu les deux groupes. Sa voix particulière est très rauque et caverneuse, marquée par le death metal. Certains y trouveront leur compte mais pour ma part, cette particularité vocale gâche le potentiel de ce « Operation Beatdown »… et il y en a.

Parlons musique maintenant. C’est une fois mis de côté la voix de Martin que Last To Remain se déguste. Le beatdown des Norvégiens peut être classé dans la catégorie du beatdown rapide (Shattered Realm par exemple), les tempos lents étant présents mais pas omniprésents (comme dans "Embraced By Hatred" ou "On A Warpath"). Dès l’intro, les riffs sur une note sur cette rythmique écrasante et lente donnent le ton d’entrée de jeu. Sortez les shorts baggy et les sweat à capuche « Bulldoze » !

En guise de premier morceau, « Our Time To Shine ». La lourdeur est omniprésente, et ce à tous les niveaux. Du point de vue de la sonorité des guitares déjà. Massives et virulentes, accordées je-ne-sais-de combien de tons en dessous, les guitares sont le principal attrait de l’album de par ce son très métallisé. « Our Time To Shine » combine tous les ingrédients d’un album de metal hardcore beatdown : plans mid tempo en étouffé, lenteur avec riffs sur une note, accélérations soudaines.

Car là où certains groupes privilégient la lenteur de manière quasi despotique (Embraced By Hatred notamment dont 70% de la durée totale est constituée de tempos lents ou très lents), Last To Remain n’oublie pas que le hardcore, même beatdown, se doit d’être rapide. A l’instar de Shattered Realm, les Norvégiens incorporent donc de la vitesse afin de booster l’ensemble. Chacun des titres possède ce coup de punch et bénéficie d’un intérêt considérable.

Quant à la production, elle est très bonne, les guitares lourdes et la basse vrombissante donnant du cachet et du volume aux compositions. Guitares massives et lourdeur sont des paramètres indispensables à un bon disque de beatdown et Last To Remain réussit le pari de capter l’auditeur malgré une originalité bas de plafond. Le seul défaut que je remarquerais résiderait dans la batterie manquant un peu de puissance dans le mixage de la caisse claire.
Quant aux textes, ils traitent de potes, de rancœur et de colère, la palette des sentiments du coreux de base, quoi ! Le tout avec une pointe d’imagerie militaire (avec en prime un sample de « Full Metal Jacket » dans l’album).

Au final, débarquant de sa contrée urbaine enneigée, Last To Remain signe un disque remarquable sur pas mal de points mais gâché par une voix inadaptée et quelque peu gênante. Cette voix est-elle un supplice ou une originalité qu’il faut exploiter ? Réponse au prochain disque…


Rédigé par : Vision Of Beuh | 13,5/20 | Nb de lectures : 10752