Comme tout amateur de gore grind qui se respecte vous savez déjà tous que L.D.O.H. n’est plus depuis « Putrefaction in Progress », son ultime album, sorti l’année dernière et salué à sa juste valeur pestilentielle par un Cobra Commander motivé comme une hardeuse à son premier gang bang.

Apologistes du goregrind spongieux, experts de l’annihilation auditive, légendes du grind apocalyptique ayant repoussé les limites de la brutalité, du cradingue et de l’inhumain jusqu’à rendre ce concept presque abstrait ou expérimental, L.D.O.H. siège désormais au panthéon des groupes qui ont marqué toute une époque. En balayant, au final, toute notion musicale pour ne laisser place qu’à l’ignominie, l’immondice, la part obscure et abyssale de l’humanité cristallisée dans des plages monstrueusement vitriolées, les Néerlandais ont définitivement marqué leurs dix-sept années de carrière du sceau de l’infamie.

Après cette séparation annoncée et un ultime album qui avait laissé tout le monde sur le carreau, il fallait bien que L.D.O.H. connaisse les honneurs d’une ultime œuvre testamentaire retraçant sa carrière, son évolution, ses errances dans les abîmes de l’abject.

A carrière culte, testament culte puisque cette compilation finale orchestrée par Hans Smits à la fois co-géniteur, ex et dernier chanteur du groupe batave offre à tous les fans un épilogue à la hauteur du groupe avec quelques 128 morceaux éclaboussant de leurs esquilles d’os et de leur fluide cérébral les deux CD de cette compilation.

Histoire de rendre le pèlerinage complet et intéressant, « Rest in Gore » retrace donc l’épopée L.D.O.H. en incluant des extraits d’album au milieu d’une flopée d’inédits tirés de EP, de split divers, de compilation partant de « Putrefaction in progress » pour remonter aux balbutiements d’une démo éponyme de 1992 . En effet, c’est dans un ordre décroissant que Hans a imaginé cette abominable compilation jusqu’au-boutiste gavée de voix, de grognements « pitchés » à l’extrême. L’occasion de rebrousser chemin dans le temps pour juger l’évolution de la pathologie de nos déviants bataves.

Comme toute compilation qui se respecte, « Rest in Gore » bénéficie d’un livret 28 pages très détaillé avec tous les artwork originaux, d’antiques flyers et des photos. Pour l’anecdote, on ne s’attardera pas sur une bévue concernant le split EP avec MORGUE obstinément appelé MORQUE dans ce même livret.

Outre le fait d’être une pièce maîtresse pour les amateurs du genre, ce double CD est également un très bel objet puisqu’il disponible dans une superbe version digipack.
Pour conclure, il va sans dire que ce double album ne s’adresse qu’à des fans avertis et qu’il faut avoir la condition physique pour s’envoyer les 128 titres d’affilée. De ce fait, je ne saurais que déconseiller un quelconque achat à l’aveuglette si vous n’êtes pas familier du groupe.

Les amateurs se réjouiront immanquablement de cette initiative, les détracteurs n’y verront qu’un magma cacophonique incarnant la putrescence.
A vous de choisir votre camp.


Rédigé par : Tonton | Compilation/ | Nb de lectures : 12944