Lair of the Minotaur est plus proche de l’underground que des couvertures de magazines. Le clip « War Metal Battle Master » en 2008 a cependant propulsé le groupe en avant, montrant les 3 idiots fiers de la beauferie de leur clip, mais quelque part exprimant le côté originel de notre musique chérie. Faut-il les prendre au 1er ou 2nd degrés ? Je ne pense pas que ce soit au 1er…
Après la tartine que m’avait infligée « The Ultimate Destroyer », j’ai été déçu par « War Metal Battle Master», bien trop prévisible et fadasse. Le combo ricain a-t-il rectifié le tir en cette année 2010 avec son petit dernier joliment appelé « Evil Power »?

Provenant de la raffinée cité de Chicago, le groupe sort son nouvel album sur son propre label, The Grind-House records, tenu par Rathbone et Wozniak, respectivement guitariste-chanteur et batteur. Nate Olp de Demiricous vient compléter la bande, c’est lui qui tient désormais la basse. General Diabolical Slaughter d’Usurper est l’unique invité de l’album.

Exit l’excellent thrash sludgisant des débuts pour offrir aujourd’hui un métal rentre-dedans, très gras et old school. Tel un bœuf qui fonce droit devant, le groupe ne doit que très peu cogiter et propose une musique instinctive et incisive. Moins caverneux que les premières productions, plus accessible que par le passé, leur son âpre est toujours dénué de finesse et de délicatesse, et va droit au but. A l’image d’une équipe de foot française jouant en bleu ciel, ce n’est pas très fin, sans tact non plus, mais bougrement efficace. Un peu l’histoire de l’éléphant dans le magasin de porcelaine, en somme. Le groupe avait autrefois la capacité à pondre des chansons élaborées, longues, alors qu’aujourd’hui elles sont très courtes. En 2 toutes petites minutes (pour 8 titres sur 11), tout est dit. 11 morceaux concis donc, pas de superflu, aucun temps mort, pas de remplissage. Ai-je besoin d’ajouter qu’il n’y a pas d’intro ou d’outro symphonico-philosophique ? Ils ne pètent pas plus haut que leurs culs, font ce qu’ils savent faire, et t’infligent une mandale que tu vois venir à des kilomètres.

Lair of the Minotaur, ou comment enfoncer des carrés dans des triangles? Relativement beauf dans son approche, ses titres et ses paroles, « Evil Power » envoie le bois avec une énergie très rock n’ roll. La voix a une certaine personnalité, au timbre chaud et lourd. Contrairement à beaucoup de groupes du même acabit, le chant y est compréhensible, mais les paroles guerrières sont assez ridicules, on ne peut pas tout avoir. Quelques voix éraillées façon black rappellent tout de même les premiers opus. La guitare, la basse et la batterie sont des plus simples, aux riffs basiques mais percutants. Très peu de soli, mais appréciables et appropriés. Métal pur et dur, déguelasse, baveux et non racé, à la rythmique carrée. Oui, c’est bête et méchant. Oui, c’est redondant. Oui, on pourrait assimiler cet album à la B.O. de l’âge de pierre. Mais ne sois pas réfractaire, tu hocheras la tête comme tout le monde. Cette musique fait ressortir les instincts les plus primaires, et c’est franchement jouissif. Ecoute les chansons « Let’s kill these motherfuckers », « We are hades », « Evil Power », « Goatstorm » pour t’en convaincre, toutes mémorisables dès la 1ere écoute, sans lasser pour autant.

A-t-on besoin de discuter de la pochette ? Non, elle parle d’elle-même et renforce ce que j’ai écrit plus haut. La prod’ est chaude et grassouillette, loin des superproductions actuelles. Mon petit problème perso est un riff de « Riders of Skullhammer, We ride the night» me faisant penser aux Inconnus et leur chanson « Douceur de vivre », mais bon, oublions. Et le gros point noir de cet opus cependant est sa courte durée de vie. Le plaisir est immédiat mais cela reste peu en bouche. Je l’aurai à coup sûr oublié d’ici peu.

Je conseillerais cet album pour les nouveaux venus dans le monde merveilleux du métal, car c’est relativement accessible, sincère et couillu, et donne une autre vision de ce milieu musical aujourd’hui galvaudé par les superproductions –core qui faussent le débat.
« Evil Power » est homogène, entraînant et franchement bon. Lair of the Minotaur ne déçoit pas et relève le museau par rapport à son précédent effort. Laisse donc sortir l’aspect primaire et benêt de ta personnalité, et jouis simplement de cet album.


Rédigé par : Bras Cassé | 13/20 | Nb de lectures : 13131