"There is no force, no money and no power to stop us now and change our fate". Cet extrait de l'intro du disque résume assez bien la carrière de Laibach. Le groupe s'est formé en 1980 dans la région de la Yougoslavie qui deviendra plus tard la Slovénie et le but du leader arrivé un peu plus tard, Milan Fras, est de combattre la musique d'Europe de l'Ouest qu'il juge pervertie par le capitalisme. Toutes les provocations ont été utilisées pour enfoncer le clou, comme monter sur scène en uniforme nazi par exemple ou d'adhérer au NSK "Neue Slowenische Kunst", qui a pour but de promouvoir une culture alternative globale dans les pays slaves. C'est sûrement pour celà que Laibach a été catalogué depuis ses débuts comme un groupe fasciste alors que ce n'est pas vraiment le cas et que leur démarche est essentiellement parodique, surtout depuis la chute du communisme dans leur pays. Les détracteurs resteront toujours campés sur leurs a-priori et il est vrai que Laibach a rarement fait dans la finesse que ce soit par ses prises de positions ou son attitude sur scène. Mais l'essentiel reste la musique et j'apprécie comme toujours chaque nouvel album même si l'inspiration n'est vraiment plus la même depuis pas mal d'années.
Oubliez les guitares et l'aspect plus accessible de "Jesus christ superstar". Laibach est à nouveau redevenu un vrai groupe de musique industrielle à la fois froid, provocateur et hermétique. Le meilleur exemple sont les vocaux, totalement monocordes du début à la fin, prononcés sur un ton déclamatoire qui fait froid dans le dos. Déclinées en allemand ou en anglais (avec un accent slave déconcertant), les paroles sont à étudier absolument. Je vous défie de trouver plus nihiliste, plus engagé et plus provocateur que ces lyrics qui ont parfois réussi à me mettre mal à l'aise. Et c'est certainement le but recherché par Laibach. A tout prix ne pas laisser indifférent.
Au niveau musical, inutile de chercher de belles envolées lyriques. Les beats sont d'un dépouillement souvent clinique ("Tanz mit Laibach", "Achtung!", "Now you will pay"), les claviers flirtent parfois avec la trance ("Du bis unser", "The great divide") et l'EBM classique n'est que légèrement effleuré ("Das Spiel ist aus", "Satanic Versus"). Quelques morceaux se transmutent en un ambient sinistre que seuls quelques arrangements et samples semblent maintenir en vie ("Anti-semitism", "Ende"). Même les quelques choeurs entendus ne sont là que pour rajouter une bonne couche de noirceur sur un tableau déjà bien sombre. Bref, faire un triple salto par la fenêtre est une éventualité plausible si la dose d'écoutes journalières est dépassée.
Même si ce disque constitue une véritable épreuve et représente une curiosité de premier choix, force est de constater qu'il ne s'agit pas du meilleur Laibach que l'on puisse trouver. La plupart des recettes utilisées sont éculées même si elle représentent une marque de fabrique indissociable du groupe. L'aspect délibérément minimaliste de cette oeuvre en rebutera beaucoup et les fans les plus intégristes préfereront les indémodables "Kapital", "Nato" ,"Nova Akropola" ou le plus accessible "Jesus Christ Superstar". Ca reste pourtant une acquisition de choix, l'extrêmisme musical et idéologique trouvé ici n'ayant pas beaucoup d'équivalents. http://www.laibach.nsk.si


Rédigé par : Loufi | 14,5/20 | Nb de lectures : 8477