En ces temps de disette, là où jadis un simple pedigree suffisait à faire le bonheur de tout le monde, même un ‘nom’ ne suffit plus hélas aujourd'hui à sortir de l’anonymat. Il faut dire que le premier album de LAETHORA, ‘March Of The Parasite’, avec aussi bien sa pochette digne d’un film de Tim Burton que l’activité principale de son guitariste ‘star’ Niklas Sundin (gratteux fondateur de DARK TRANQUILLITY pour ceux du fond qui bayent aux corneilles) en avait induit pas mal en erreur...

Qualifié stupidement de death/grind par son label, trop propret pour les fans de gerboulades mais en contrepartie trop branché ‘lâcher de Panzer’ pour les aficionados de melodeth suédois tout mimi, c’était le genre disque que l’on attendait pas, qui est sorti au mauvais moment et qui a donc logiquement sombré sans laisser de trace. Conclusion : ce n’est que trois ans plus tard que son successeur sort, et encore sur un label américain peu présent sur le vieux continent. Mais le double effet Kiss Cool est qu’en comparaison de son prédécesseur somme toute avec le recul très rectiligne, ‘The Light In Which We All Burn’ est l’esprit plus aventurier, voire brouille les cartes un peu plus en se permettant même quelques alliances atypiques… Risquant ainsi hélas d’être encore plus incompris.

Alors si votre grand-mère pense blastbeats et plans à la MORBID ANGEL lorsqu’elle parle de death/grind, alors oui vous en trouverez ici. Sauf que c’est justement dans ces moments-là et quand en gros LAETHORA se la joue bas-du-font que la banalité de certains de ces plans (« I As Infernal ») ou que le chant très monocorde de Jonatan Nordenstam (« Humanae »), qui aurait plus sa place dans un groupe de hardcore torturé à la BREACH, que sa musique sonne surfaite, préfabriquée et, disons-le franchement, pas super-intéressante. Et beaucoup de gens risquent de s’en arrêter là… Sauf qu’en y regardant de plus près, on découvre que Sundin n’est d’ailleurs pas le seul vilain petit canard du lot et que le groupe comprend également trois ex-membres des excellents mais hélas peu connus THE PROVENANCE. Et justement, tout comme ce groupe injustement méprisé de son vivant avait su injecter de discrets mais essentiels arrangements tordus à sa musique et ainsi la rendre plus profonde et originale qu’elle pouvait en paraître au premier coup d’œil, c’est dans ses légères sorties de routes que LAETHORA détonne lorsque qu’il laisse des mélodies bien glauques s’immiscer entre deux lézardes (« Damnable Doctrine ») voire lorsqu’il s’en va baguenauder à la croisée des chemins post-hardcore et échappées MASTODONiennes (« The Sightless ») ou qu’il se prend pour un groupe de thrash craspouille (« To The Point »). Sauf que toutes ces tentatives d’émancipations sont confinées à la seconde partie du disque et que Nordenstam (comme par hasard la seule ‘non-star’ si je puis dire du lot) a tendance à les ruiner en s’entêtant à beugler sur le même ton pendant quarante et une minutes.

Mais surtout, le vrai schtroumpf dans l’histoire est que l’on ne voit pas où est-ce que le groupe veut en venir. Tiens, peut-être qu’une partie du problème vient de là, du fait que l’on a justement plus affaire à un conglomérat de requins de studio qu’à un ‘vrai’ groupe en fait, qu’à une bande soudée qui a transpiré ensemble sur une scène (d’ailleurs, à ce que je sache le groupe n’a que très peu, voire pas du tout, joué live) et qui a un objectif commun. Messieurs de LAETHORA parce que je vous aime bien, je vous laisse donc jusqu’à lundi prochain pour me pondre une dissertion de quatre pages sur ce thème. Rompez !


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 11/20 | Nb de lectures : 13063