Curieux objet que ce Closer – deuxième album de Lac Placide - piloté et promu par une association nommée le Petit Peuple Du Lac, située à Paris. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne laissera personne indifférent. Rejet brutal et immédiat ou adhésion lente mais durable, les réactions seront tranchées. Car Lac Placide se veut singulier, original et non catalogué. C’est à peu près ce que recherche la plupart des formations qui veulent s’imposer dans un milieu sans concessions. Quoiqu’il en soit, la présentation et la philosophie qui s’en dégage, toute auréolée de mystère, produisent de prime abord un évident pouvoir d’attraction. Est-ce suffisant pour affirmer qu’il a atteint son but? Pas en ce qui me concerne.
D’abord parce que le groupe balance en permanence entre plusieurs options pas très heureuses: chant masculin ou féminin, chant en français ou en anglais, métal prog ou néo prog, noirceur ou dérision, facilité ou complexité. Bref, on pourrait croire que le groupe ne sait pas ce qu ‘il veut. Or, à lire leur déclaration d’intention, c’est exactement le but recherché ; ne pas se laisser enfermé dans des chapelles bien marquées. Pas sûr que l’auditeur s’y retrouve. Pourtant, je suis d’ordinaire assez client de cette approche ; me faire chahuter par un album, ça me plait bien en ces temps de clonages de grandes séries.
Mais là, je suis perplexe. Je ne parviens pas à entrer complètement pas dans le trip de Lac Placide. Et je pense en avoir cerné la raison principale ; cela vient du chant. Et oui, une nouvelle fois ce sacro saint baromètre de qualité imparable qui peut soit élever un disque au dessus de la moyenne, soit le reléguer au rang des curiosités sans lendemain. Intrinsèquement, les voix ne sont pas exceptionnelles; de plus, cette alternance de chant féminin/masculin, anglais/français ou de simultanéité mal assortie n’est pas du meilleur goût. D’autant que par moments, la fille donne l’impression de chanter faux ou de n’être pas dans le ton. Gros handicap donc. Ensuite, les mélodies. Impossible d’accompagner le chant mixte ou même de le suivre. Souvent acrobatique, il donne aussi le sentiment de risquer la chute dont on ne se relève pas.
Enfin, les textes. Abscons au possible, parfois sans queue ni tête –quand ils ne sont pas franchement ridicules – ils noient le tout dans une logorrhée interminable. Chaque titre s’étale sur 2 pages de livret, écrits en tout petit, je vous garantis que c’est pénible à suivre. Le summum est atteint avec Haïtise. Je n’ai pas pu aller jusqu’au terme de sa lecture. Et l’alternance anglais/français n’arrange pas l’affaire. En résumé, n’est pas Ange qui veut. Et oui, encore une fois, l’impossible comparaison assassine.
Si bien humblement, je peux donner un conseil aux musiciens, j’insiste, bien humblement, je leur dirais volontiers de laisser tomber le chant ! Ou alors, de choisir une langue, un chanteur ou une chanteuse et de travailler ce point hautement important de manière à ne pas gâcher un propos musical intéressant – sans être transcendant . C’est en effet dans les passages instrumentaux que l’on peut trouver matière à apprécier le travail de Lac Placide. Car ce perpétuel exercice d’équilibriste choral finit par désarçonner l’auditeur lambda. La démarche qui se veut au demeurant sérieuse et appliquée pâtit grandement de ce choix. Cependant, elle reste quelques fois attrayante dans ses passages musicaux les plus surprenants, notamment quand Lac Placide conclut certains titres d’une manière peu prévisible.
Pour conclure, en mélangeant les genres, les styles, les voix, les langues, Lac Placide court le risque de diluer son propos et de ne pas atteindre le but qu’il s’est fixé malgré une profession de foi honnête. Et malheureusement, ce n’est pas parce que c’est original que c’est réussi.
Rédigé par : Karadok | 12/20 | Nb de lectures : 11470
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D’abord parce que le groupe balance en permanence entre plusieurs options pas très heureuses: chant masculin ou féminin, chant en français ou en anglais, métal prog ou néo prog, noirceur ou dérision, facilité ou complexité. Bref, on pourrait croire que le groupe ne sait pas ce qu ‘il veut. Or, à lire leur déclaration d’intention, c’est exactement le but recherché ; ne pas se laisser enfermé dans des chapelles bien marquées. Pas sûr que l’auditeur s’y retrouve. Pourtant, je suis d’ordinaire assez client de cette approche ; me faire chahuter par un album, ça me plait bien en ces temps de clonages de grandes séries.
Mais là, je suis perplexe. Je ne parviens pas à entrer complètement pas dans le trip de Lac Placide. Et je pense en avoir cerné la raison principale ; cela vient du chant. Et oui, une nouvelle fois ce sacro saint baromètre de qualité imparable qui peut soit élever un disque au dessus de la moyenne, soit le reléguer au rang des curiosités sans lendemain. Intrinsèquement, les voix ne sont pas exceptionnelles; de plus, cette alternance de chant féminin/masculin, anglais/français ou de simultanéité mal assortie n’est pas du meilleur goût. D’autant que par moments, la fille donne l’impression de chanter faux ou de n’être pas dans le ton. Gros handicap donc. Ensuite, les mélodies. Impossible d’accompagner le chant mixte ou même de le suivre. Souvent acrobatique, il donne aussi le sentiment de risquer la chute dont on ne se relève pas.
Enfin, les textes. Abscons au possible, parfois sans queue ni tête –quand ils ne sont pas franchement ridicules – ils noient le tout dans une logorrhée interminable. Chaque titre s’étale sur 2 pages de livret, écrits en tout petit, je vous garantis que c’est pénible à suivre. Le summum est atteint avec Haïtise. Je n’ai pas pu aller jusqu’au terme de sa lecture. Et l’alternance anglais/français n’arrange pas l’affaire. En résumé, n’est pas Ange qui veut. Et oui, encore une fois, l’impossible comparaison assassine.
Si bien humblement, je peux donner un conseil aux musiciens, j’insiste, bien humblement, je leur dirais volontiers de laisser tomber le chant ! Ou alors, de choisir une langue, un chanteur ou une chanteuse et de travailler ce point hautement important de manière à ne pas gâcher un propos musical intéressant – sans être transcendant . C’est en effet dans les passages instrumentaux que l’on peut trouver matière à apprécier le travail de Lac Placide. Car ce perpétuel exercice d’équilibriste choral finit par désarçonner l’auditeur lambda. La démarche qui se veut au demeurant sérieuse et appliquée pâtit grandement de ce choix. Cependant, elle reste quelques fois attrayante dans ses passages musicaux les plus surprenants, notamment quand Lac Placide conclut certains titres d’une manière peu prévisible.
Pour conclure, en mélangeant les genres, les styles, les voix, les langues, Lac Placide court le risque de diluer son propos et de ne pas atteindre le but qu’il s’est fixé malgré une profession de foi honnête. Et malheureusement, ce n’est pas parce que c’est original que c’est réussi.
Rédigé par : Karadok | 12/20 | Nb de lectures : 11470