Et de cinq ! Le voici donc ce nouveau volet des aventures de L'ESPRIT DU CLAN, attendu comme le messie par les fans du combo. « Drama »(Action en latin) prend donc la suite là où les Gaziers avaient laissé le travail, et le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils n'ont pas vraiment enfanté un album joyeux plein de sourires.
« Drama » est sombre, violent, rageur et plein d'un fiel opaque qui ne semble jamais vouloir s'arrêter de couler. EDC nous administre ce coup-ci une méchante baffe à te faire tourner la tête devant derrière.
EDC n'a jamais vraiment été un groupe très "lumineux", on est d'accord, mais ici, ils nous entraînent dans l'univers le plus sombre qu'ils aient proposé jusqu'à présent.
Au regard de l'année très compliquée qu'ils viennent de traverser, il est clair qu'on pouvait s'attendre à ce que les garçons soit véner. On est pas déçu.
Dans la droite ligné de l'album précédent, EDC n'hésite plus à envoyer de la double pédale en rafale, de méchants blast beats et des guitares accordées chez Mister Down low. L'album est court (10 morceaux pour 50 minutes) mais il est très dense et compact. Dès « Atheist Metal », les choses sont claires : le clan ne va pas perdre son temps en fioriture et va foncer tête baissée en labourant ses guitares avec de fulgurantes et brutales attaques sans merci. Pas besoin de deux plombes pour faire de nombreux dégâts, les chansons sont courtes et méchantes comme un match de boxe qui tourne mal.
On retrouve pêle-mêle des frappes death metal et des ambiances morbides du nord de l'Europe. Les accords sont volontiers mineurs et le groupe ne se contente plus du note à note, trop souvent utilisé dans le metalcore. Sur « Belzebuth & Jesus » une grosse ambiance à la SLAYER se fait sentir grâce à de pernicieux accords en son clair qui ne font qu'accroître un malaise palpable et bien ancré sous la casquette des « capos » de la pègre du clan.
Il faut plusieurs écoutes avant de pouvoir dégager les moments forts même si un morceau comme « Fils de personne » te saute directement à la gueule et ce, dès la première écoute. Le groupe affirme avoir composé cet album en commun avec une envie de cohérence et d'unité. Je ne doute pas de cette version car on ressent cette impression de « parpaing » de façon quasi immédiate. La production est à la hauteur des aspirations brutales du combo et on reconnaît illico la patte des banlieusards, qui, pour couronner le tout, semblent avoir encore fait des progrès sur leurs instruments. « Catharsis », le morceau instrumental final, devrait convaincre les indécis, EDC sait jouer et peut faire preuve d'inventivité dans son univers de bourrinerie. Le clan se fait plaisir, certes sans le big smile, mais avec une pertinence dans la composition qui fait que même lorsqu'ils s'aventurent dans quelques contrées peu familières ils gardent leur identité propre.
Les lyrics sont comme d'habitude contestataires et virulents avec en vrac une louche pour la religion, le conservatisme français et la mort. Toujours en français bien sûr, et toujours écorché, le chant est certainement la variable qui reste la plus « classique », avec ce côté un peu redondant qui mériterait un peu plus de variété. Pour le reste, n'ayons pas peur des mots, EDC signe ici son album le plus cohérent et peut-être le plus abouti. Pour moi en tout cas, c'est le meilleur.
Si on excepte deux trois titres qui sont un peu moins forts que les autres, cet album est inspiré et plein de bonnes idées. Toujours dans les mêmes vibes « Melo/death/core/ certains riffs de cet album sont parmi les meilleurs que le combo n'ait jamais composés.
Jusqu'à présent, le clan semblait avoir tout ce qu'il fallait pour me plaire mais j'avais jamais vraiment réussi à kiffer les albums sur la durée. Avec ce « Drama » j'ai l'impression que je tiens un grand album du groupe, celui que que l'on remet avec plaisir dans la platine et qui assoit définitivement le Clan sur le banc des grands combo de metal français.
Épique, dur et torturé, le clan n'est toujours pas là pour nous divertir. Rien à foutre tant qu'il sort des albums comme « Drama ».


Rédigé par : Pamalach | 16.5/20 | Nb de lectures : 16108