Je vous parlais du « super groupe » WALKING PAPERS il y a quelques semaines, en voici un autre, et pas des moindres : KXM. Qu'est-ce que ce nom qui sonne comme une radio américaine ? Il s'agit d'un nouveau projet qui réunit Doug Pinnick (chanteur / bassiste de KING'S X), George Lynch (guitariste de LYNCH MOB, ex-DOKKEN) et Ray Luzier (batteur de KORN, ex-DAVID LEE ROTH). Qui ont choisi ces initiales représentant le K de KORN, le X de KING'S X et le M de LYNCH MOB. Une union qui pouvait sembler assez étonnante sur le papier, mais à l'écoute de ce premier album, l'alchimie de groupe est heureusement bel et bien au rendez-vous.

Comment décrire la musique de KXM ? Pour schématiser, je dirais que ça ressemble à du KING'S X période « Dogman » (1994 – leur album le plus heavy, et accessoirement mon préféré de leur discographie) en plus moderne. Moderne par le son global, et par le jeu de Lynch et de Luzier. Ce qui peut paraître surprenant concernant George Lynch, mais sur « Shadowlife » (1997) de DOKKEN ou « Smoke This » (1999) de LYNCH MOB, Lynch aimait déjà explorer des nouveaux sons et styles, lui qui fut un des plus grands shredders des années 80. Outre LYNCH MOB et sa carrière solo, George Lynch joue aussi dans T & N avec Jeff Pilson (bassiste originel de DOKKEN) et Brian Tichy à la batterie, avec qui il a sorti l’album « Slave to the Empire » en 2012. Disque qui comprenait des morceaux originaux et des nouvelles versions de classiques de DOKKEN (accompagnés pour l'occasion par Mick Brown, batteur de DOKKEN), dont un étonnant « Tooth and Nail » chanté par Doug Pinnick.
Aaah KING'S X... Un groupe culte (le terme est vraiment approprié pour une fois) et clairement un des combos de rock les plus sous-estimés qui soient. Comment se fait-il que ce groupe, qui a pondu des albums exceptionnels comme « Gretchen Goes to Nebraska » (1989), « Dogman » (1994) ou « XV » (2008), ne soit pas plus gros ?! A ce propos, figurez-vous que Doug Pinnick est obligé depuis plusieurs années de mener divers projets en parallèle pour pouvoir vivre de sa musique (il a actuellement cinq projets différents)...
En tout cas, pour ceux comme moi qui sont frustrés que KING'S X ne nous offre pas plus de nouvelle musique (six ans depuis « XV »), vous pouvez vous jeter sur cet album de KXM, vous ne serez pas déçus !

D'entrée, on est plongé dans une ambiance percussive, voire tribale, instaurée par Ray Luzier sur le premier titre (« Stars »). Avec des riffs franchement metal du père Lynch et cette voix chaude Hendrixienne reconnaissable entre mille de Doug Pinnick, qui nous gratifie aussi des harmonies vocales dont il a le secret. On est frappé par le gros son de cet album, impressionnant. On entend très distinctement chaque instrument, le son est résolument moderne sans que ce soit surproduit et clinique comme beaucoup de prods metal actuelles. D'ailleurs, Ray Luzier prédit dans les crédits du livret qu'on entendra bientôt parler de Chris Collier (le petit « génie » qui s'est chargé d'enregistrer, mixer et masteriser ce disque), qui a notamment travaillé auparavant avec LYNCH MOB et LITA FORD.
Le single (et clip) « Rescue Me » est pour moi LE hit de cet album. Riff bien metal contemporain là aussi, et on y retrouve les grandes qualités de KING'S X : le morceau est à la fois heavy et mélodique (ah cette voix pleine de soul !), et possède un groove totalement ravageur ! On continue dans cette veine KING'S X en plus « fat » (pour schématiser) avec le redoutable « Gunfight », toujours aussi groovy, et avec ce jeu tout en roulements de Luzier.
La seule ballade du disque, « Never Stop », est une jolie chanson, enrichie de claviers discrets et d'un beau solo bluesy de Lynch. « Faith Is A Room » est sans doute le titre le plus KING'S X de l'album, et un sacré bon morceau. Tandis que « I'll Be OK » porte, lui, la patte de LYNCH MOB, et contient une longue partie instrumentale sur laquelle ces trois musiciens d'exception déploient pleinement leurs capacités techniques. Une technique qui est toujours au service des compositions, ils ne sont pas là pour nous en mettre plein la vue. « Sleep », quant à elle, est une power ballad rampante et assez sombre (avec encore un excellent solo bluesy). Faut dire que les paroles de Pinnick parlent de violence domestique.
Malheureusement, la bonne teneur de l'album baisse légèrement de niveau avec les trois titres suivants, un peu moins mémorables que le reste. D'autant que le jeu de toms de Luzier devient un peu trop systématique, que le riff d'intro de « Love » ressemble étrangement à celui de « Gunfight », et que Lynch reprend sur « Do It Now » un tic guitaristique déjà présent sur « Rescue Me ». Malgré tout, « Burn » propose quand même de bons gros riffs et de superbes solos (à la fois techniques et mélodiques). La dernière chanson, « Human Friction », vient heureusement terminer le disque en beauté avec son ambiance heavy assez menaçante mais toujours groovy.
A noter que nous avons droit à deux bonus tracks : la jam instrumentale « Tranquilize » sur laquelle ils se lâchent complètement, et une version radio edit (comprendre un poil plus courte) sans intérêt de « Rescue Me ».

Au final, ce premier album de KXM est une belle surprise. Voilà un « super groupe » qui présente une vraie alchimie, et qu'on souhaiterait voir perdurer. Ce disque est riche, rafraîchissant par les temps qui courent (les nouveaux combos de rock excitants n'étant pas légion), et peut plaire autant aux fans des groupes dont font partie Pinnick, Lynch et Luzier qu'aux amateurs de heavy rock au sens large.





Rédigé par : Stéphane | 16/20 | Nb de lectures : 14583