Kvelertak, ou comment avoir un nom sans n’avoir jamais rien fait? Comment ce groupe au patronyme imprononçable se retrouve sur toutes les lèvres ? Comment réussir à réunir le top du top en matière de label, artwork, production et tournée, pour son premier album ?

Celui qui posera une oreille sur cette galette sans prêter attention pensera que ce combo est ricain. Et bien non, ces 6 bonhommes tatoués avec de bonnes têtes sympas sont norvégiens, de Stavanger. Ils se sont formés en 2007 pour proposer leur 1ère démo « Westcoast Holocaust » mais ce n’est que très récemment que le groupe signe un contrat avec le label Indie Recordings.

Kvelertak, qui signifie mainmise en français, présente sa musique comme un mélange de Black, Punk, Hardcore et Rock n’ roll. Après moult écoutes, j’approuve ce descriptif. Les influences viennent de partout pour proposer une musique ultra énergique, dansante, avec un excellent sens de la mélodie. C’est très facilement mémorisable, avec des riffs simples et efficaces qui font mouche, sans tomber une seule seconde dans le mainstream. Ces mecs doivent adorer Turbonegro, c’est clair et ça s’entends. Mais l’avantage de ces 11 chansons est que chacun peut y trouver des influences différentes. Norwegian Punk n’roll? Turbonegro-core? Black-rock-postmachin? Black Punk n’roll? Je vous laisse tripper et trouver l’étiquette qui vous plait le plus. Ya carrément à boire et à manger mais l’ensemble sonne clairement Rock n’ roll. Un pot-pourri exceptionnel de pleins de styles pour offrir un album homogène. Ça pars dans tous les sens, oui, mais avec brio.

Les 3 guitaristes proposent une base rythmique et des leads mélodiques vraiment jouissifs. C’est super bien foutu. Un gros point positif selon moi, on entend la basse. Oui, oui, on entend vraiment la basse, plutôt rare pour le signaler, car cet instrument n’est jamais assez mis en avant. Ajouter à cela une batterie punchy, et un beugleur qui beugle, et la mayonnaise prends. Que Erleиd Hjelvik, avec son registre majoritairement core tout au long de l’album, chante en anglais ou en norvégien ne change rien à la donne, on ne comprendra pas grand chose. Mais écouter ces 11 titres dans la langue des black métalleux donne un petit côté exotique, parfait en cette saison estivale.

Comment Kvelertak et son 1er album éponyme a réussi à s’entourer de si belle manière ? Le convergien Kurt Ballou est derrière les manettes et propose, comme à son habitude, un son rentre-dedans. Le baronessien JD Baizley amasse un boulot incroyable en ce moment lui aussi. Je trouve son travail visuel tout simplement sublime, classe, une fois de plus respectant les codes de son style….mais pas forcement très représentatif de la musique. Encore un album où les 2 là laissent leur empreinte. Hoest de Taake, vient poser sa voix sur le morceau d'ouverture Ulvetid et Ryan McKenney de Trap Them fait de même sur le titre Offernatt. Les scandinaves avaient déjà réussi à obtenir la participation de Nattefrost, Capathian Forest, sur le précédent EP. A cela s’ajoute la tournée en compagnie des artistes du moment tels Converge, Kylesa, Gaza, et bientôt Coliseum. Rien de tel pour se présenter au public. Cet album se fera critiquer pour son côté hype, mais celui qui saura en faire abstraction prendra un réel plaisir à son écoute.

Chroniquer Kvelertak n’est pas simple, tant le groupe puise à droite à gauche et rends cet album compliqué à qualifier. Cependant, sa grande force est sa capacité à mélanger plusieurs styles avec simplicité et panache. Non, je ne crie pas au génie, mais suis impressionné par ce beau melting-pot métallique, avec ses influences intelligemment digérées. Trop de liens avec les acteurs hype du moment aurait pu se solder par quelque chose de calibré et fade. Que nenni, mes préjugés se sont vite effacés. C’est tout simplement bon.

Tous les métalleux aiment revenir aux premiers albums de chaque groupe, les jugeant plus sincères ou trve, hein, je sais que vous me comprenez. Pour ce coup ci, avant de se projeter sur la potentielle montée en puissance de ces norvégiens, prenons juste plaisir avec ce ‘Kvelertak’, 1er album du nom, pour ne pas avoir à revenir dessus dans quelques années.
Je ne souhaite pas faire mon météorologue, mais ce cd, qui même s’il peut s’exploiter à n’importe quelle période de l’année, est idéal en cette saison. Enjoy.


Rédigé par : Bras Cassé | 15.5/20 | Nb de lectures : 14432