KULTUR SHOCK, fondé en 1998 par Gino Srdjan Yevdjevich et d’autres musiciens venus de divers horizons est un concept au même titre que sa musique. « Kultura-Diktatura », troisième effort du groupe, a été enregistré par Jack Endino (Soundgarden, Mudhoney, Nirvana), produit par Billy Gould (ex-bassiste de Faith No More) et mixé par Ulf Holand (Gluecifer, Motorpsycho). Excusez du peu !
Les musiciens de KULTUR SHOCK ont un seul but commun : repousser les frontières géographiques et culturelles de la musique. Leurs origines en sont la preuve, Gino - le chanteur, saxophoniste et percussionniste - est bosniaque (Serbe), Val Kiossovski - guitariste fou - Bulgare, Mario Butkovich – guitariste soliste - bosniaque également (Croate), Masa Kobayashi - bassiste - Japonais et les américains Chris Stromquist à la batterie et Amy Denio saxophone et instruments à vent. Il est indispensable de parler de chacun d’eux afin de comprendre et d’apprécier leur musique à sa juste valeur. Gino est arrivé aux US en 1996 grâce à un visa « culturel d’échange » pour faire un film et travailler avec Joan Baez, depuis il y réside. Homme de théâtre, comme en témoigne son chant emphatique, il est considéré aujourd’hui comme un « étranger possédant une capacité artistique exceptionnelle ». La guerre en Bosnie l’a beaucoup marqué au même titre que Mario Butkovich qui a d’ailleurs appris à jouer de la guitare gypsy dans les camps de réfugiés en Croatie. Pour autant, leur musique n’est pas empreinte de tristesse. Au contraire « Kultura-diktatura » est une explosion de couleurs et de passions pour les langues et les appartenances ethno-culturelles musicales, qui peut faire penser à Emir Kusturika. Un optimisme sauvage et un hédonisme gitan se dégagent de ces afflux sonores : métal, rumba, samba, punk, arabes et balkaniques traditionnels roulés sous les aisselles. Un mélange savoureux qui lie tradition et modernité. De fait les sujets abordés sont plus ou moins politisés mais résolument d’actualité : fascisme, terrorisme (Tutti frutti), pollution (Alma), guerre (Mustafa), mort (Morto), politique (Romana), différence de mentalité (Horse Thief) et j’en passe… En aucun cas « Kultura-Diktatura » ne laisse transparaître cet aspect dramatique de KS qui aborde ces différents thèmes avec un humour musical déconcertant dont se dégage bonne humeur et amour de la vie avec autrui.
Dans cette musique d’hommes habités par leurs origines et leur temps, guitares lourdes et métal habillent les rythmes punk-rock aux ambiances tropicales et plus précisément brésiliennes. La basse contribue à donner un son dur et intense contrastant avec cette touche gypsy si chère à KS. Le tout est couronné par l’avant-gardisme de Amy Denio, bien connu de la scène jazz contemporaine. On compte aussi de nombreux guests issus de Cheb Balowski, O jarbanzo Negro, Degenerate Art Ensemble et Sleepytime Gorilla Museum. Bref, une musique s’affranchissant des frontières en tout genre.
La première écoute peut en effrayer plus d’un, mais après avoir découvert les hommes qui font KS, il semble difficile de ne pas adhérer à cette philosophie musicale venant de l’âme. A condition d’apprécier la musique gitane, folk, arabe, funk et jazzy. Un véritable coup d’état pour les sens !


Rédigé par : Mushu | 15/20 | Nb de lectures : 11070