KROKODIL - Nachash (Spinefarm) - 28/01/2015 @ 07h42
Que l'on pense aux sauriens où à la redoutable drogue soviétique (qui tire son nom des terribles croûtes verdâtres qu'elle laisse sur la peau des malheureux qui s'y essayent), on se sent rarement flotter sur des lits de coton et de voluptés quand on prononce le nom de Crocodile. Vous ne serez pas donc pas étonné d'apprendre que le groupe dont nous allons parler aujourd'hui est rugueux, sauvage et pourvu de dents nombreuses et acérées. Pratiquant un Sludge musclé tirant sur le metalcore et le bon gros heavy qui tâche, KROKODIL ne fait de détails en taillant joyeusement dans le gras de ses victimes innocentes. Pas radin pour un sous, l'écaillé propose aussi des passages plus nuancés, mélodiques et parfois même mélancoliques (les fameuses larmes de Krokodil). "Mais qu'est ce donc que ce souk ?" me direz vous , "Si on ne peut plus se fier à la bestialité d'un animal sauvage, qui croire ?". Vous avez raison les amis, il convient de pousser plus loin nos investigations pour vérifier si ce "all star band" ne se fout pas un peu de notre gueule. Alors, retenez bien votre respiration, et plongeons dans les eaux boueuses de la perfide Albion histoire de voir si la légende des Crocos gloutons britanniques est vérace.

Né en Angleterre en 2011 sur les bords de la Tamise, KROKODIL est parti pour la guerre en abritant sous ses écailles des membres de Cry For Silence, Hexes, Gallows et SikTh. All star band s'il en est, le groupe est composé de Laurent Barnard (guitare), James Leach (basse), Simon Wright (voix), Daniel P Carter (guitare) Alessandro Venturella (guitare III ?) et Dan Foord (batterie). Si Alexandro Venturella est désormais connu pour être le nouveau bassiste de Slipknot, les autres musiciens sont tous actifs dans des groupes parfois remarquables (Gallows envoie sacrément bien par exemple) et si ils se retrouvent aujourd'hui sur vinyle, c'est vraisemblablement pas pour beurrer les tartines.
Peu désireux en effet de produire une musique dénuée de violence, les reptiles proposent ici une vague de morceaux agressifs et abrasifs, majoritairement âpres, grovvy et mid tempo. "Le tronc d'arbre à beau séjourner dans l'eau, il n'en devient pas pour autant un crocodile" dit on... KROKODIL à donc vocation à attaquer, mordre, déchiqueter et faire mal. On pense par moments aux débuts de MASTODON, à certains aspects de BARONESS ou NEUROSIS.
Sur la plupart des titres, KROKODIL ne fait dans la dentelle en intellectualisant son approche de la musique. Les affreux rentrent dans la mêlée comme des bœufs, observent en général un petit temps de pause au milieu du morceau et repartent comme des ânes histoire de finir le travail comme de grosses mules avides de viandes fraîche. Les riffs sont catchy, la voix essorée au sang de zèbre et les rythmes lourds comme une couille de mammouth. Pourtant, et malgré ces matériaux de construction hyper mastocs, KROKODIL ne néglige jamais la précision pas plus que le groove.
Du coup, alors qu'une bonne moitié d'album s'écoule et qu'on croit bien maîtriser la formule "brutasse" que développe le groupe sur les premiers titres, ils se mettent à proposer des passages beaucoup plus nacrés et ambiants. Loin d'être mauvais dans ces dimensions, KROKODIL devient alors presque planant voire vraiment intriguant sur le génial enchaînement "Ragnarock"/"Sun riders". On dit "Qu'il faut toujours attendre d'avoir traversé la rivière avant de dire au crocodile qu'il a une sale gueule". C'est vrai qu'il est sage d'être toujours prudent à ce niveau là, car de mine patibulaire, le KROKODIL s'en paye une belle ! Le gros point positif de ce "Nachash" c'est qu'une fois l'album écoulé, on se dit que le groupe n'est peut être pas le possee de gorets que l'on croyait avoir rencontré au départ. Est que les anglais en ont plus sous le pied qu'on aurait pu croire ? Eh ben oui...

Pourvu d'une belle intensité et d'une énergie féroce, cet album est costaud... mais suffisamment malin pour savoir aménager des pauses étonnantes pile poile au moment où il le faut. J'apprécie du coup cet album pour les extrêmes qu'il aborde lors de ses sorties de marécages, son audace étant d'autant plus remarquable que la rage du groupe n'est pas feinte.
Mauvais comme la gale, KROKODIL est vicieux et peut aussi se montrer hyper surprenant en se laissant flotter comme un prédateur posté en embuscade. On peut dès lors imaginer un avenir radieux plein de ramifications pour les Anglais, les eaux dans lequel il s'ébroue lui collant à chaque fois aux écailles malgré la variété des lieux qu'il fréquente sur ce Nachash. Peut être pas encore en mesure de rivaliser avec les "Gustave" du Sludge (Gustave était le nom d'un crocodile énorme retrouvé au Burundi) mais qu'ils prennent garde... le jeune Kroko nous montre ici qu'il n'a pas la langue dans la poche et qu'il pourrait bien étonner son monde dans un futur très proche. Allé Krokrokro... (air connu).




Rédigé par : Pamalach | 14.5/20 | Nb de lectures : 10022




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Commentaire
Ennemie
Membre enregistré
Posté le: 28/01/2015 à 12h36 - (115531)
Aujourd'hui dans les colonnes de VS: KROKODIL et LIZZARD.



Baconfry
IP:90.15.1.118
Invité
Posté le: 28/01/2015 à 23h30 - (115533)
J'aime beaucoup le visuel très arty de la pochette

tarnow
Membre enregistré
Posté le: 30/01/2015 à 06h49 - (115545)
J adore aussi le visuel...ça vous rappelle pas celui de "you fail me" ?

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