KROKMITËN - Alpha - Beta (Autoproduction) - 21/12/2011 @ 08h48
Le Metal regorge de concepts albums plus ou moins ambitieux et plus ou moins réussis, mais peu de groupes se sont essayés au couple image/son. Il ne suffit plus, en effet, dans ce cas, de composer des morceaux, mais d'imaginer et réaliser également leur pendant visuel sans dénaturer l’œuvre, entre autres problèmes. C'est ce qu'a tenté de faire KROKMITËN, groupe de Death Metal Expérimental de Montréal qui, après une séparation en 1995 quatre ans après sa formation, s'est réuni en 2005 et a débuté la composition du projet multimédia « Alpha-Beta » qui est l'objet de cette kronik.

L'album étant disponible à la fois en version audio et vidéo, j'ai fait le choix de le découvrir dans ces deux formats, alternativement. Appréhender ce type de travail n'est pas des plus évidents car, conçu comme un couple audio/vidéo, ne se concentrer que sur l'album audio revient à occulter toute une partie du concept. D'un autre côté, regarder la vidéo bloque l'imagination, la mise en images et le choix des animations court-circuitant l'effet de la musique pure sur l'auditeur. Lançons-nous donc dans la première phase d'approche, audio, d'« Alpha-Beta »...

KROKMITËN attaque fort dès le premier morceau, montrant son visage le plus brutal fait de blasts, d'une voix death bien gutturale et de riffs à la fois simples et directs, un titre Death Metal pur et dur qu'on pourrait qualifier de simpliste mais qui n'est qu'une porte d'entrée dans un univers cauchemardesque qui rappelle sur certains points celui de SUPURATION, la recherche de mélodies en moins, ou encore le TREPONEM PAL froid et martial d'« Excess & Overdrive ». La récurrence tout au long de l'album de quelques riffs et thèmes mélodiques ne fait qu'accentuer cette impression d'emprisonnement, d'être piégé dans un monde déshumanisé, mécanique, dans lequel toute autre émotion que l'angoisse ou la terreur sont bannies. Les variations de rythmes sont nombreuses, allant du blast impitoyable à de longues plages quasiment atmosphériques, mais subsiste toujours, quelque part dans le spectre sonore, comme un bourdonnement menaçant, l'un de ces thèmes qui cimentent le concept et l'album.

Cette version audio peut se suffire à elle-même pour peu que l'on accepte de se laisser embarquer et de ne pas trop prêter attention à l'enchaînement des plages/scènes, faute de quoi de récurrents les riffs et mélodies risquent de devenir redondants, ce qui est moins le cas avec la version vidéo qui, si elle comporte quelques défauts, est certainement malgré tout le format dans lequel « Alpha-Beta » est le plus intéressant à découvrir.

En effet, bien que majoritairement constitué d'images fixes filmées, les déplacements continuels de caméra sur ces images simulent le mouvement et si cela choque au début, on finit par s'y faire et même à y prendre goût. Les séquences sont de plus continuellement parsemées d'incrustations de texte ou d'infographies animées, elles, et la synchronisation de la vidéo aux variations de tempos et d'ambiances de l'album est assez réussie pour que les trois quarts d'heure passent finalement très vite. Le projet aurait probablement eu encore plus d'impact si le groupe avait bénéficié de plus de moyens et avait pu réaliser un véritable court-métrage, mais les solutions trouvées ici sont satisfaisantes et font du pendant vidéo d'« Alpha-Beta » plus qu'un gros clip. C'est une véritable version semi-animée de l'album, dont on n'aimera peut-être pas les quelques incrustations de texte façon karaoké, certainement l'élément le plus dispensable et qui donne le plus grand sentiment d'amateurisme, mais dont le charme techno-cyber-info-je-ne-sais-quoi est indéniable. D'autant qu'après les explications données par son auteur dans une interview que vous pourrez lire très prochainement, ce côté mateur tend à passer au second plan.

« Alpha-Beta » était un projet ambitieux en grande partie mené à bien par KROKMITËN. En grande partie seulement, parce qu'on ne peut s'empêcher de regretter et de remarquer le manque de moyens techniques et les limites « artistiques » de la vidéo, comme on reprochera à la version audio de comporter quelques vides que la redondance des riffs évoquée plus haut risque d'accentuer chez certains auditeurs. Avant de conclure, quelques mots encore sur le choix des Canadiens d'offrir cet album à qui veut le découvrir, à la fois en version audio simple et en vidéo. Il est en effet possible d'acheter une version physique d' « Alpha-Beta» et/ou de le télécharger à la fois comme une fichier audio unique ou découpé en dix-neuf plages et comme une vidéo, disponible également en plusieurs versions plus ou moins compressées. Tout cela donne à ce projet quelque chose de spécial qui aide à passer outre les quelques points négatifs qu'on lui a trouvés pour se concentrer sur ses bons côtés et s'en délecter.

http://www.krokmiten.com - 263 visite(s)

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Rédigé par : Dungorpat | 15/20 | Nb de lectures : 12671




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Commentaire
nokbourrin
Membre enregistré
Posté le: 21/12/2011 à 09h48 - (99318)
Beuuh j'ai trouvé ça vite indigeste moi.

Au moins ya une idée à developper mais la musique c'est trop "plastique" à mon gout.



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