Krohm, c’est le projet solo du clavier originel du groupe de doom américain US Evoken (qu’il a entre-temps quitté). Numinas œuvre depuis 1995 dans un black metal où se mêlent mélancolie, désespoir et noirceur. The Haunting Presence est le deuxième album du monsieur, dans une discographie qui est également composée d’un autre album, de deux démos, et d’une réédition des deux démos. Mais c’est surtout le premier album dans l’écurie française Debemur Morti.
Krohm pratique un black metal très mélancolique, voire même dépressif. Il ne faut pas cependant réduire ce groupe au funeral black metal d’un Xasthur ou d’un Abyssic Hate, car les compositions sont en général plus rapides et plus variées. La rapidité tient en général de la batterie (une vraie d’ailleurs, qui donne à l’ensemble un aspect vraiment organique), qui joue sur un tempo plutôt enlevé, alors que la guitare ne soutient que rarement ce rythme. Cela donne une dimension aérienne à l’ensemble. Krohm, c’est un peu le survol (avec le vent et tout) d’une forêt dévastée et inquiétante, lors d’un crépuscule hivernal (avec la brume et tout). Certains leads plus aigus survolent l’album, transcendant les morceaux, au-delà de la base rythmique déjà très efficace. Concernant le chant, Numinas opte en général pour un chant black classique, mais de temps à autres, module sa voix pour en faire une incantation grave et caverneuse, qui pointe la noirceur de l’album à certains moments précis.
Ancien claviériste, Numinas n’a pas pour autant mis des nappes de clavier dégoulinantes et pompeuses partout. Au contraire, son utilisation est très réduite, et presque confinée à certains passages cristallins et calmes. On peut même aller jusqu’à dire que c’est la cerise sur le gâteaux, tant ces passages sont bien placés et complètent le concept de l’album.
Les morceaux sont assez longs (7 morceaux pour 57 minutes), mais suffisamment variés et prenants pour ne pas lasser l’auditeur. De plus, l’album est également assez riche pour qu’on y découvre des nouveaux éléments au fur et à mesure des écoutes, éléments qui apparaissent également selon que l’écoute se fasse au casque ou non.
The Haunting Presence est donc un excellent album, qui passe l’épreuve du temps. De mon côté, après une dizaine d’écoute, le disque est toujours aussi frais et aucune lassitude ne s’installe. Un disque qui plaira à coup sûr aux amateurs de black metal dépressif qui ne se traîne pas et ne pleure pas. Numinas ne se complaît pas dans la tristesse, et préfère montrer la face désolée, sombre et froide de la mélancolie.




Rédigé par : Kryde | 15/20 | Nb de lectures : 10665