Depuis le début des années 2000, la sortie d'un nouvel album des thrasheurs teutons est un petit évènement en soi sur la planète metal, tant le groupe a retrouvé la recette de ses succès de la fin des 80's, recette égarée pendant les années 90's au grand désarroi des fans du groupe allemand.

Avouons-le tout de go, l'excitation n'était pas insoutenable avant la sortie de "Phantom Antichrist", je dirais presque que "cela m'en touchait une sans faire bouger l'autre". Il faut bien avouer que si KREATOR n'a sorti que 3 albums studios en 10 ans [Violent Revolution (2001), Enemy of God (2004) et Hordes of Chaos (2009)], ces 3 opus donnaient la sensation gênante d'être tous sortis du même moule proposant les mêmes riffs, les mêmes accélérations jouissives, les mêmes soli fuyants et fulgurants ainsi que les mêmes parties éructées par Mille Petrozza.

KREATOR est-il condamné à tourner en rond jusqu'à la fin de sa carrière ?
Osera-t-il encore tenter d'évoluer après les tollés reçus suite aux albums "Renewal" (1992), "Outcast" (1997) ou "Endorama" (1999) ?
Empruntera-t-il la voie du déclin comme ses confrères du Big 4 allemand (Tankard, Sodom et Destruction) qui proposent des albums fades, plus à moitié raté qu'à moitié réussi ?

KREATOR annonçait la couleur dès le début en choisissant Jens Bogren (Amon Amarth, Opeth, Soilwork) pour produire leur nouveau disque et en proposant une reprise d'Iron Maiden ("The Number of the beast") sur la face B du single "Phantom Antichrist" : cet album allait être différent, il allait mettre en avant leurs influences musicales issues de la New Wave of British Heavy Metal à travers une production originale.

Effectivement, les parties mélodiques sont présentes sur cet opus tout comme les duels de guitares ("Civilsation Collapse") ou encore des réminiscences du grand MAIDEN sur plusieurs autres titres (comme par exemple sur le pont mélodique à 3 minutes de "The Few, the proud, the broken").

Mais la mélodie n'apparaît pas au détriment des parties ultra agressives jouées à la vitesse à laquelle le thrash doit être joué. Ces moments sont ainsi légion sur cet album, soulignons en particulier les percutants "Phantom antichrist", "Death To the World", "United by hate" : titres compacts, racés et directs avec zéro surprise où le groupe donne à ses fans ce qu'ils attendent.

Pour le reste, KREATOR propose des titres typiques et habituels des albums du groupe post 2000 entre heavy et thrash, plus mid tempos mais accrocheurs grâce à des refrains savamment étudiés ("Victory will come", "The few, the proud, the broken", "From flood into fire" etc.).

Alors heureux ?

Tous les ingrédients sont là pour faire de "Phantom Antichrist" un bon album de Kreator et n’importe quel thrasheur passera indéniablement un bon moment à l'écoute de ce CD.
Il reste par contre bien difficile d’évaluer la qualité de ce disque vis-à-vis de ces 3 prédécesseurs, et ce même si son orientation légèrement plus mélodique est réelle. Le sentiment d'entendre un Mille Petrozza décliner (recycler ?) les mêmes idées et riffs depuis 10 ans persiste et l'on peut s'interroger sur la réelle durée de vie de cet opus... même si on se doute que des versions "Revisited" ou "Ultra Riot" tenteront certainement de nous rafraîchir la mémoire dans quelques mois.

Les fans qui hurlaient leur colère à la sortie du bien nommé "Renewal" doivent avoir la banane !


Rédigé par : VsGreg | 15.5/20 | Nb de lectures : 17638