Même si cette sortie du méchant label portugais Maquiavel a de fortes chances de passer inaperçue dans nos contrées, on ne peut que la recommander à tous les amateurs de musique à la fois extrême et complexe. Ces canadiens, qui existent depuis 1998, nous présentent ici leur premier album, mélange assez détonnant entre du gros death brutal à la Nile et du black agrémenté de synthés. La grande force de Kralizec vient du côté assez imprévisible de leurs compositions. A de nombreux moments, on est surpris de la tournure que prend le titre. Au moment où l'on pouvait s'attendre à une déferlante de blasts, on se prend un passage de black sympho dans les dents agrémenté d'un choeur limite folk asssez déconcertant. Le chant ,perché dans les extrêmes des deux styles pratiqués, passe sans filet de protection de l'ultra-guttural au criard et, sauf erreur de ma part et de la bio, c'est le même gars qui assure les deux catégories de vocaux. Au niveau guitaristique, on a droit à un travail assez intéressant, joué en finesse et avec assurance et les difficiles plans parfois abordés sont exécutés sans faute majeure. La production et le mixage ne sont pas géniaux mais il est évident que le groupe n'a pas bénéficié de moyens d'envergure pour la réalisation de "Origin". Ca reste heureusement parfaitement audible mais certains passages auraient mérité un peu plus d'emphase sonore.
Pourtant, ce disque a un inconvénient de taille : l'absence de batteur. Si la boîte à rythmes utilisée n'est de loin pas la pire que j'ai entendue à ce jour, je reste plutôt réticent à son utilisation dans ce style de musique où le feeling d'un véritable instrumentiste apporte beaucoup dans l'impression générale laissée par l'oeuvre. En se dotant d'un vrai batteur à l'avenir, je vois bien Kralizec se faire facilement un nom et de cotoyer leurs compatriotes de Kataklysm ou de Cryptopsy sur le devant de la scène canadienne. On attend donc la véritable confirmation de cette cocotte-minute sous pression qui ne demande qu'à exploser à la face du monde. Si le groupe persiste avec talent et abnégation dans sa recherche de la qualité musicale, le deuxième album risque de faire très mal.


Rédigé par : Loufi | 14/20 | Nb de lectures : 8136