Si vous êtes un métalleux et que vous n’avez pas envie de trahir la cause en dansant sur du The pogues lors des fêtes de mariage, Korpiklaani est fait pour vous. Le groupe fait incontestablement parti de la sphère métal mais sa musique au groove folklorique prononcé se prête merveilleuse à la danse de métalleux : bouger son corps dans tous les sens dans des mouvements convulsifs complètement désordonnés et sans recherche artistique ; le tout en beuglant comme un dingue bien entendu. L’honneur sera sauf, vous vous serez défoulé et au mieux vous aurez amusé la galerie.
En effet, il est bien dur de résister à l’ambiance bon enfant qui se dégage d’un disque de Korpiklaani. Le « humppa » métal des finnois est très enlevé et dégage des tonnes de bonnes vibrations en mélangeant métal et éléments folkloriques. Le clan de la forêt n’a pas lésiné sur les moyens et propose un large panel de sonorités grâce à une grande diversité d’instruments utilisés : guitares sèches, violon, flûte, accordéon, guimbarde, percu...Tout est là pour que la fête soit à l’honneur. C’est d’ailleurs le cas dès le début de l’album avec deux titres particulièrement entraînants « Cottages & saunas » et « journey Man » qui avec leurs violons frénétiques et leurs chœurs virils donnent en partie la couleur de l’ensemble du disque : ambiance festive dans la foret. En partie seulement car on ne trouve pas que des titres défouloirs sur cet album. Une moitié de titres pour rigoler et une moitié pour se reposer en somme. Ouvertement exubérant sur la moitié des titres de l’album Korpiklaani révèle un visage plus posé sur l’autre moitié composée de mid tempo ensorceleurs ou les instruments folkloriques prennent une dimension moins festive et plus païenne. Ode à la nature et aux esprits de la foret, la musique de Korpiklaani se fait parfois contemplative, notamment sur les deux instrumentaux « pine woods et « old tale » qui privés du chant rauque de Jonne laissent la place libre aux ambiances shamaniques. Les joyeux drilles se posent définitivement avec cet album comme le penchant heavy de Finntroll qui lui reste implanté dans la sphère black. Certains riffs sont foutrement heavy et ne laissent planer aucun doute quant à l’amour que porte le gratteux au sacro-saint riff made in 80’s « Fields in flames » ou « spirit in the forest ». Skyclad est mort et enterré depuis longtemps, il restait donc une place à prendre.
Amour du métal, amour du folklore local, amour de la nature et amour de la fête cohabitent au mieux sur ce disque. Tout cela fait de la musique de Korpiklaani un ensemble très dense, plus que sur le premier album qui en comparaison de celui ci était peut être trop « timide » dans le mélange évoqué, et pourtant il était déjà bien fichu. Le tout est donc très fourni mais ne sombre en aucun cas dans le brouhaha car le groupe prend soin de toujours trouver la bonne petite mélodie. Et quand celle ci se mélange à un sens de l’humour irrésistible, ça donne un titre fédérateur : « Beer Beer ». En effet, tout à l’heure je vous parlais de la danse mais qu’en est il des banquets ? Les réunions de clubs du troisième âge ont leur hit, le célèbre « faites tourner les serviettes » de patrick sébastien. Et bien maintenant les tablées de métalleux ont leur référence grâce à ce morceau au titre évocateur très « onkel tom angelripper » dans le texte, qui sera l’occasion pour tous de reprendre un refrain simple mais efficace en hurlant à gorge déployée et de transformer assiette et couverts en batterie d’appoint pour suivre les percussions frénétiques.
Avec cet album Korpiklaani affiche sa personnalité en proposant un album riche et varié. Moins agressif que Finntroll et que ces compagnons de label Asmegin, plus rythmé que feu Otyg le groupe se fait petit à petit une place sur la scène grâce à un sens de la mélodie aiguisé et à une « positive attitude » qui plairait bien à Jean pierre. Ah, quand les musiciens de Stille Volk nous pondront leur mélange de folklore Pyrénéen et de métal, nous aussi on pourra lutter (mais chut, j’ai rien dit) !


Rédigé par : dark tranquilou | 16.5/20 | Nb de lectures : 10952