Voilà plus d'un mois que ce nouvel album de KORN a envahi les bacs de France et de Navarre. Un mois d'écoute attentive pour essayer de cerner ce nouvel opus. Car comme à l'époque d'"Untouchables", KORN brouille les pistes pour s'évader vers des terres expérimentales. Aujourd'hui réduit à trois, le groupe a perdu sa locomotive rythmique pour une durée indéterminée voire définitive et est contraint donc de sortir un album amputé au niveau de la composition d'une partie essentielle de l'identité de sa musique.

2007 voit KORN proposer une musique à l'ambiance plutôt noire où la mélodie tient une place essentielle, marquée par des morceaux essentiellement mid-tempo mainstream sans réels coups d'éclats. Vous l'aurez compris, le groupe s'éloigne de l'étiquette neo-metal qui lui a toujours collé au corps, creusant son sillon dans un métal/rock lourd et ténébreux aux forts relents d'indus. On pense aux arrangements et sonorités de NINE INCH NAILS (influence d'Atticus Ros???) et de MARILYN MANSON à plusieurs reprises, le groupe s'amusant même à jouer les expérimentateurs sonores en créant par exemple une batterie uniquement avec des samples métalliques sur le très glauque "Do What They Say".

Une autre influence planant sur cet "Untitled" est celle de Mike Patton avec une introduction qui aurait très bien pu sortir d'un délire de MR BUNGLE, sans compter les gammes typiques du génie américain comme sur le break de "Ever Be" ou le passage limite death de "Killing" qui n'aurait pas fait tache dans un titre de FANTOMAS.

Un KORN qui ose une nouvelle fois pour évoluer, avancer, au détriment des critiques et d'un public qui suit plus ou moins le combo. Synthés et samples à gogo, pianos fantomatiques, ceux qui appréciaient le KORN première époque bourré de guitares aux riffs énormes en seront de nouveau pour leurs frais. Les guitares sont toujours présentes mais trafiquées pour s'insérer au maximum dans cette trame sonore synthétique. Les riffs apparaissent plus travaillés que par le passé, plus fins, donnant à "Untitled" un côté plus clair qui n'est pas un désavantage, face au son très gras que le combo entretenait depuis un moment.
Autre point étonnant: le chant de Davis. Autotune ou pas, le leader de KORN pose sur cet album un chant on ne peut plus maîtrisé, varié et intéressant. Une voix fragile qui s'efface très rapidement en live mais qui, quand elle est entretenue et travaillée, permet à Davis de créer des lignes vraiment efficaces aux mélodies pop entraînantes.

"Untitled" n'est pas le meilleur KORN, la faute à une inégalité de qualité entre les morceaux et notamment un final franchement pas bandant, avec notamment un "Hushabye" au refrain saoûlant et un "I will protect you" tout juste sauvé par une démonstration dantesque de Terry Bozzio derrière les fûts. Mais cet album possède pour autant une atmosphère particulière qui déstabilise au premier abord avant de gagner progressivement en intérêt, notamment avec les 8 premiers titres (ça se gâte à partir de "Love and Luxury", morceau à l'atmosphère trop candide pour être sincère).

Après plus d'un mois d'écoute, l'album tourne régulièrement dans ma platine et sa durée de vie que je pensais limitée aux premières écoutes ne l'est pas. Présent depuis 13 ans sur la scène musicale, avec 8 albums studio au compteur et des millions de disque vendus, KORN ne se repose pas sur ses lauriers et prend des risques, à l'image du virage musical pris il y a quelques années avec "Issues". S'il devait être nommé, on aurait volontairement donné à "Untitled" le même que celui du premier single extrait: "Evolution". A vous de voir si vous les suivrez ou pas...


Rédigé par : Foofur | 13/20 | Nb de lectures : 14170