Dire dans une chronique que « L'album ne va pas plaire à tout le monde et divisera sans nul doute bon nombre de fans » est, vous en conviendrez, une forme de déclaration qui n'est pas très loin de la banalité affligeante. A trop l'avoir lu, la formule a largement perdu de son impact si bien que lorsqu'elle est pleinement justifiée, elle aussi inefficace qu'un fusil sans cartouche. Peu importe en fin de compte que je brille par une formule alambiquée pour vous démontrer quelque chose dont vous vous doutez certainement,car ici, le son est plus éloquent que n'importe quel mot.

On l'avait deviné avec les divers extraits qu'ils avaient disséminés sur la toile, KORN a décidé de proposer du neuf. Nostalgie du temps où ils étaient idolâtrés par une cohorte de vilains copieurs ou envie réelle de forniquer avec la musique électronique ? En ce qui me concerne, je ne suis pas étonné de voir un tel disque sortir et venant de la part de KORN cela ne semble pas incongru. Davis n'a en effet jamais caché son amour pour la musique industrielle par exemple.
Ce dixième album, "The Path of Totality" est donc le fruit du travail de la collaboration entre KORN et de quelques-uns des artistes Dubstep et Electro les plus en vue du moments. Ceux qui n'avaient pas aimé l'esprit et les sonorités des extraits laissés sur le net peuvent partir dès maintenant car l'album est 100 % electro/metal.
Pas vraiment de traces du "vieux Korn" ici, mis à part les sonorités familières de la voix de Davis et bien sûr, un certain « fumet » issu de plusieurs mélodies qui rappellent le passé des boys de Bakersfield.
Les riffs de guitares ultra lourds et le slap typique de Fieldy sont assez difficiles à percevoir tant ils sont dévorés par la nouvelle identité sonore du groupe. On arrive à les distinguer certes, mais le son est quand même assez trafiqué. On parle donc bien de « fusion » et non de patch work ou de partouze musicale ratée.
KORN s'est mis en danger, a composé des morceaux qui pour la plupart tiennent la route et semble avoir retrouvé une créativité et une pêche qu'ils avaient perdus ces derniers temps. Tourner en rond jusqu'à vraiment devenir une parodie ou tenter quelque chose de nouveau quitte à se casser la gueule ? KORN a choisi, et avec ce « The Path of Totality » il remporte une belle victoire sur tous ceux qui disaient que le groupe était mort artistiquement. Une victoire peut-être pas écrasante, mais une victoire quand même.

Je le disais plus haut, les onze chansons de cet album sont le fruit de collaborations entre KORN et des DJ's (pêle-mêle on croise Skrillex, Noisia, Kill the Noise, Excision et Downlink, 12th Planet et Feed Me) . On pourrait craindre que cette diversité ait pu engendrer un album épars mais il n'en est rien. La cohérence sonore des chanson est étonnante et l'identité du skeud est planté dès les deux premiers titres. Courtes, facilement mémorisables et bien écrites, on se rend vite compte que la créativité est au rendez-vous et que les chansons accrochent très vite les neurones... peut-être même certaines se rangeront parmi les hits du groupe.
On sent Davis particulièrement à l'aise dans cet environnement et sa voix fait vraiment des merveilles tant il semble détendu et inspiré (certains disent que cet album est plus un album de solo de Davis qu'un véritable album de Korn).
L'album prend racine très rapidement, et il faut plusieurs écoutes pour déterminer, une fois l'effet de surprise passé, si il peut tenir sur la longueur. Certaines mélodies restent et plusieurs chansons sonnent toujours aussi bien même après de nombreuses écoutes.

Il y a cependant quelques petits trucs qui me gênent avec cet album.
Je regrette que par moments que le mix n'est pas fait une meilleure place à la guitare et à la basse. J'aurais apprécié aussi un son plus « organique » des instruments à cordes, je pense pas que cela aurait dénaturé le disque de toute façon.
La deuxième limite que je vois dans cet album est une certaine linéarité qui fait du mal aux compos les moins inspirées. Toutes les chansons étant construites sur le même schéma, les faiblesses de certains passages laissent apparaître les failles de cet album à savoir un certain « vide » si on le compare au mur sonore qu'était capable de créer le combo quand il était en forme. Quand les passages electro ne sont pas à la hauteur et que Davis est en pilotage automatique, rien ne sauve les chansons. Du coup, après « Let's go » mon attention s'envole et j'ai envie de retourner au début de l'album et vers « Narcissistic Cannibal » ou la puissante « Chaos lives in everything ».
KORN ne s'est pas loupé, ils nous reviennent avec un album qui tient la route et à défaut d'être imparable de bout en bout il renferme une bonne partie de bons morceaux.
Ce qui fait surtout plaisir, c'est que le groupe revient à expérimenter et à proposer de nouvelles idées. C'est aussi pour ça que je les aime.


Rédigé par : Pamalach | 14/20 | Nb de lectures : 18765