"- Tu sais Rocky... c'est vraiment con de vieillir...Ha Ha Ha !
-Boa tu as toujours la pêche Apollo..."
Apollo Creed conversant avec Rocky Balboa

Si ma mémoire est bonne, Korn n'a pas sorti un album génial depuis le premier, un bon album depuis "Life is peachy" et un album potable depuis "Untouchables" (et encore ça dépend des appréciations).

On peut donc pas vraiment dire que les boys de Bakerfield se bonifient avec le temps.
Si Korn était une boisson cela serait un soda et sûrement pas un vin... à moins que... cela ne soit l'absence de deux membres capitaux que furent Silvera et Head, respectivement batteur et guitariste, qui a fini par engluer le groupe dans la mélasse.
Je conviens néanmoins que le groupe a souvent su se renouveler et proposer des alternatives intéressantes notamment sur "See you on the other side".


Avec un titre comme "Remember who you are" (très "Back to roots" dans l'esprit) on pourrait presque espérer que le combo nous fasse secouer notre Booty comme au bon vieux temps, d'autant que Ross Robinson est à nouveau aux manettes.

Exit donc les expérimentations de "See you on the other side" et de "Untiteld" et place à un ravalement de façade à la "Old School sytle" comme le dirait Fred Durst.

Un petit coup d'œil à la pochette permet de se rendre compte que le groupe a choisi de coller aux thématiques visuelles qu'on lui connaissait jadis (l'innocence est toujours la première victime comme dirait Oliver Stone) mais avec l'effet de surprise en moins.

Korn a donc décidé de rejouer dans son vieux décor, un peu comme Slayer ou Metallica récemment.
Mais un peu comme les "durs à cuire" de Slayer, Korn semble avoir oublié un léger détail : écrire des bonnes chansons.

Car Korn a toujours été un groupe qui écrivait (même dans les moments où ils étaient le moins inspirés) au moins deux bonnes chansons par album, susceptibles de venir s'insérer dans la track List à côté de "Blind" et "A.D.I.D.A.S".

Mais ici, je peine à trouver un titre fort même après plusieurs écoutes, et c'est très décevant pour un groupe qui décolle habituellement beaucoup plus vite.

Le premier titre "Uber Time" est sans saveur aucune et c'est en rêvassant à tout autre chose qu'on passe à "Oildale", successeur de façon symbolique de "Blind", "Twist" ou encore "Here to stay".

Il m'a fallu plusieurs écoutes pour saisir le potentiel de ce morceau qui au final n'est pas si mal que ça, mais assez loin de ce que Korn pouvait proposer en tête de gondole dans le passé.

C'est avec le titre suivant "Pop A pil" qu'on s'aperçoit que Korn a durci ses grooves (et cela se vérifiera tout au long de l'album) en y incorporant de la double pédale avec quelques doubles croches bien senties (bon, pas d'affolement, on risque pas ici de battre un record de vitesse).

Grâce à ce diable de Fieldy, cela tourne plutôt pas mal, mais c'est très "metal" dans l'esprit et cela fait sonner le groupe de manière plus conventionnelle.
Par dessus le marché, la production de Robinson ne met vraiment pas en valeur la pêche que tente de donner le groupe.

Je suis quasiment sûr qu'en live, certains titres prendront une autre dimension... mais ici, le résultat est très moyen. Merci qui ? Merci Ross.
Tout sonne plat, et même si le mix permet de tout entendre parfaitement, la batterie a un son "Tefal" très indigeste.

Au fur et à mesure des titres, on s'aperçoit que la plupart des riffs sont assez basiques et quelconques. Comme l'a dit un pote à moi, c'est peut-être pas le meilleur des deux guitaristes qui est resté (il y avait des rumeurs sur le retour de Head mais apparemment il n'est pas prêt à lâcher J.C et ses ouailles).

En plus, le jeu métalloïde du batteur Ray Luzier (sorte de Joey Jordisson en beaucoup plus calme) sort du cadre Funk/Hip Hop qu'avait la base rythmique du groupe.

C'est une évolution certes, mais du coup faut pas essayer de faire croire à un retour aux sources.

Même les passages planants, jadis riche en "noiseries" en tout genre, sont aujourd'hui moins réussis mis à part quelques exceptions malheureusement trop rares (le réussi "Never Around" placé hélas bien tard dans l'album).

Davis chante plutôt pas mal tout au long de l'album mais comme cela semblait se préciser depuis plusieurs albums, il peine vraiment à retrouver l'agressivité vocale dont il faisait preuve à ses débuts.

Il y a de l'idée à plusieurs moments ("Let The guilt go", "Fear is a place to live") mais on peut pas vraiment dire que c'est l'hystérie générale (les "Nouveaux fans" de Korn ne seront pas surpris et en tout cas pas déçus).

M'enfin je serai pas trop dur avec Davis, car avec le jeu toujours aussi particulier de Fieldy, il tire cet album vers le haut... et ce "Remember who you are" en a bien besoin.

Car ce n'est qu'avec le dernier "Holding all These lies" que Korn retrouve sa classe passée.
Une grande chanson avec une mélodie imparable et une véritable force émotionnelle qui propulse le groupe bien au-dessus de tous les autres titres de l'album. C'est toujours mieux que rien.

Au final, j'attendais beaucoup plus d'un groupe de l'envergure de Korn. Bien sûr, je ne m'attendais pas à une révolution, mais à bien mieux que ça tout de même.

L'ennui finit par l'emporter et c'est incroyable de se retrouver avec une telle collection de face B pour un groupe qui habituellement te mettait directement dans le crâne au moins deux chansons, et ce, dès la première écoute.

Du coup, il faut vraiment creuser et faire preuve de patience pour rentrer dans cet album.
La production de Robinson ne met vraiment pas en valeur l'album (c'est pas la première fois que ce gonze rajoute au plat un condiment qui donne vraiment un mauvais goût à l'ensemble) mais il y a surtout le manque d'inspiration qui a torpillé ce "Remenber who you are".

Au final, on peut difficilement crier à l'arnaque, mais au vu de l'historique du groupe, on est en droit de dire qu'on est déçu.

Il y a quelques temps déjà que Korn n'est plus un Leader suivi par une cohorte de Copieurs, et c'est malheureusement pas avec ce "Remenber who you are" que cela va changer.


Rédigé par : pamalach | 10/20 | Nb de lectures : 15924