-KOLDBORN, c’est du vrai death de bœuf. Tu vas voir, ça va te plaire…
Sont-ce les réminiscences d’idéologies agronomes alter-mondialistes ou mes affinités avec les bovidés ou encore la conviction du ton qu’avait employé un VSGreg omnipotent (VSment parlant) ? Toujours est-il que c’est par cette simple phrase de notre rédac chef m’avait convaincu de mes hypothétiques compétences vétérinaires pour passer au crible ce second disque des Danois de KOLDBORN.

Il n'aura fallu pas moins de quatre années à KOLDBORN pour revenir avec cette séquelle à « First Enslavement » ; un premier album qui avait laissé des souvenirs positifs dans les esprits qu’il avait chahuté de son death/thrash rageur. Quatre années pendant lesquelles l’emploi du temps d’Henrik « Heinz » Jacobsen, le guitariste co-fondateur du groupe, est devenu bien chargé à la suite de son enrôlement dans HATESPHERE. Quatre années pendant lesquelles les autres membres de KOLDBORN ont laissé libre cours à leurs pulsions musicales dans une foultitude de groupes et projets, pour la plupart, toujours en activité.

Difficile dans ces conditions, de revenir à KOLDBORN pour s’atteler sérieusement à un nouvel opus. Le temps d’un mini album en 2005 pour présenter son nouveau chanteur et voilà KOLDBORN signé chez Listenable. Ce qui nous amène directement à l’agricole « The Uncanny Valley » qui sort ces jours-ci sur le label français.

Si KOLDBORN avait vraiment insisté jadis sur sa détermination à composer une musique accrocheuse, on peut dire que le groupe ne déroge pas à sa règle d’or avec ce deuxième chapitre discographique qui affiche des progressions par rapport à son prédécesseur. En recrutant Lars Bjorn-Hansen et ses braillements gutturaux, le groupe semble avoir trouvé les vocalises de bûcheron qui manquaient à son effectif pour prendre du galon. De même, les différentes expériences « extra-koldborniennes » semblent avoir été profitables au groupe qui nous revient la besace pleine d’idées bien catchy.

Si KOLDBORN s’apparente à un death metal moderne (la comparaison avec ILLDISPOSED de Loufi dans son article sur « First Enslavement » n’était pas fortuite), le quatuor danois mixe son syle de façon fort réussie avec des cavalcades de guitares bien thrashy et des accélérations se rapprochant délibérément du grind et allant jusqu’à transformer, sur quelques passages, le chant intelligible en une sorte de yaourt au vomi surprenant.

« The Uncanny Valley » a visiblement été l’objet de bien des attentions de la part de ses instigateurs si on en juge la façon impeccable dont il a été conçu. Bien qu’affichant un style très homogène, le groupe varie avec brio les plaisirs des genres musicaux cités plus haut. Dans ce voyage auditif, KOLDBORN sait parfaitement où il va, comment s’y rendre et comment rendre la traversé intéressante pour ses auditeurs. KOLDBORN vous accroche d’abord l’oreille avec de gros riffs entraînants qui font dodeliner les têtes les mieux vissées pour très rapidement passer à des brutalités plus rurales qui nous amènent au fameux « death de bœuf », dont il était question dans l’introduction de cet article, et sur des blasts purement bestiaux. En fait le seul reproche qu’on pourrait faire à ce disque serait bien abstrait puisque « The Uncanny Valley » est tellement mécaniquement parfait dans sa conception, qu’il manque un peu d’âme.

Ce sentiment est conforté par la prod signée Jacob Bredahl (HATESPHERE, LENG TCH’E, MACHINEMADE GOD). Le son est énorme mais souffre d’un certain formatage qui sévit ces derniers temps dans les contrées nordiques. Qu’ils sont nombreux les groupes qui se retrouvent avec cet écrasant son massif qui a également tendance à aplatir au passage leur personnalité. Non pas que ce son soit déplaisant, au contraire, mais on aimerait trouver un peu plus de variété dans les productions qui sortent en ce moment du Danemark.

En résumé, cet album de KOLDBORN est rudement bien balancé, il envoie le boulet fort et loin mais il lui manque peut-être encore un certain feeling qui mettrait tout le monde à genou. Tout ça n’enlève, en tout cas, rien à l’efficacité de ce disque qui trouvera facilement son public bovin.


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 13144