Un split CD 100% Drone, 100% expérimental et 100% sans compromis (ce qui fait du 300%, mais vous avez l’idée générale de mon expression elliptique, n’est-ce pas ?). C’est un bel objet que présente les Allemands de Denovali Records, réunissant sur une même galette deux formations atypiques du Canada – NADJA, duo en provenance de Toronto – et de l’Allemagne – KODIAK, trio dont les tumultes du premier album bourdonnent encore dans nos oreilles aguerries.

KODIAK avec son excellent Drone teinté de Space-Rock nous convainc rapidement de son habileté à mélanger pur brouhaha et notes mélodieuses et cela bien avant d’atteindre les plus de 20 minutes de son que constituent ce premier morceau «MCCCXLIX the rising end». Car au sein de son tissu sonore purement dronal, KODIAK n’hésite pas à intégrer quelques notes de piano placées çà et là, quelques riffs de gratte grandiloquents aux notes soupesées et quelques breaks dignes d’un TEETH OF LIONS RULE THE DIVINE rendant la matière brute beaucoup plus attrayante et prouvant la volonté du combo de sortir des sentiers battus du Drone (style pouvant atteindre rapidement ses limites, je vous l’accorde). Car KODIAK se situe avec ce morceau de choix aux limites du Drone, de l’Experimental et du Doom. C’est donc un groupe à suivre de près et pour ceux qui ne connaissent pas KODIAK, ce split peut être une bonne introduction à la musique du groupe.

Les Canadiens de NADJA présentent un Drone un peu plus classique, dont le côté monolithique est la principale caractéristique. Malheureusement, placé en seconde position, cet effort musical du nom de «Kitsune fox drone» peut au premier abord paraître bien terne à côté du premier. Il aurait été préférable ici d’inverser l’ordre des pistes pour renforcer le contraste entre les deux styles. La musique de NADJA se rapproche fortement des consonances engendrées par un certain SUNNO))). Mais NADJA réussit le pari de nous envoûter par sa ligne directrice sobre et uniformément construite. Durant tout l’exercice, NADJA réussit à nous faire entendre en toute subtilité des choses qui n’existent pas et que chacun de nous entendra à sa manière. Pour ma part, j’ai l’impression d’entendre tour à tour des notes de sitar, des chants religieux et une flûte de pan au schéma mélodique répétitif. Quand on commence à rentrer dans le trip de NADJA, on est réveillé par une fin trop abrupte… Dommage, car c’est effectivement au bout de 20 minutes que je commençais à partir à la dérive.


Rédigé par : DeadStar | 15/20 | Nb de lectures : 11631