Dans la hardcore, les groupes dépassant les 10 ans d’expérience ne sont pas légion. A ce titre, les Anglais feraient presque office de vétérans avec une formation datant de 1996 et ce, sans aucun revirement de line up.
2007. Le crew le plus méchant de Londres refait surface avec son quatrième disque « Promises, Comfort, Fools ». Cela va faire presque 5 ans que je connais Knuckledust et chaque disque est un uppercut en pleine mâchoire. « Universal Struggle » m’avait mis par terre, « Unbreakable » m’avait achevé… Me voilà maintenant prêt à encaisser une nouvelle cargaison de poings américains made in UK !

Knuckledust, c’est une pierre angulaire du hardcore européen qui a su au fil des années, se faire entendre et idolâtrer au point d’être incontournable à l’heure actuelle pour tout coreux qui se respecte. C’est aussi un des piliers du LBU (London Blackout Unit) avec Six Ft Ditch et 50 Caliber, collectif hardcore de Londres, réputé pour sa violence dans les pits. Après avoir dressé un panorama de Knuckledust, j’en viens maintenant au cœur de la chronique, ce « Promises, Comfort, Fools ».

Les fans du groupe peuvent déjà se ruer dessus tant le nouvel opus est conforme aux attentes. Enfilez votre sweat à capuche, munissez vous de poings américains et venez me rejoindre dans le pit car cela va faire mal ! Au menu, 12 titres expédiés en 31 minutes avec toujours la même recette : alternance de passages rapides et de beatdown, des riffs cinglants, une atmosphère « fight club » et des paroles violentes et dépeignant la ville dans laquelle ils vivent. Dès le premier titre « Staying Power », on est tout de suite dans le bain. Ce brulôt dévastateur devrait sans conteste ravager les pits et faire pleuvoir les singalongs lors des concerts futurs : une minute de folie dont la vitesse d’exécution n’a d’égale que la rythmique écrasante qui est démontrée à la fin du titre. Là où Knuckledust se démarque des autres combos HxC, c’est cette dualité de compositions. Elles sont rapides mais en même temps, du beatdown est présent et ce à plus d’un niveau.

Les parties rapides sont celles qui marquent le plus. Les riffs y sont rapides, furieux, de nombreux slides sont remarqués et on ne compte pas les différents plans employés dans les morceaux. Là où certains groupent ne se contentent de que six notes (pour un riff) pendant le morceau, Knuckledust cumule les plans et les riffs avec. Sur trois minutes, le morceau « Dreaming » a changé six fois de rythme, s’est arrêté deux fois et sept riffs différents ont été utilisés. Riches et dévastatrices, les compositions pondues par les Anglais ont toujours brillé par une certaine recherche et un caractère affirmé.

Puis, il y a ce groove ! Knuckledust puise son inspiration dans le rap et cela s’entend. Nombre de rythmiques y sont associées et il n’est pas rare de faire l’analogie entre les deux styles musicaux. Captivant et enivrant, ce groove extrêmement communicant et rageur transperce l’auditeur de toute part.
Knuckledust sait également ralentir le tempo allant même jusqu’à incorporer des passages ultra lents. Ils sont moins présents que sur les albums précédents mais cette composante, qui reste l’une des marques de fabrique du groupe, demeure majeure et puissante. Le titre « Slash And Ignite » en est un titre les plus probants.
Quelques nouveautés sont à enregistrer. Tout d’abord, un passage calme sur le titre éponyme « Promises, Comfort, Fools » (cela en est presque déconcertant) puis quelques envolées mélodiques sur ce même morceau ainsi que sur « Dreaming ». Pour finir, Pierre (de par ses origines hispaniques) chante de temps en temps en espagnol. Il le faisait déjà sur le titre « Warnings » du précédent opus mais la langue espagnole a pris plus de place sur ce "Promises, Comfort, Fools".

Que serait Knuckledust sans Pierre ? Ce chanteur, véritable boule de nerf sur scène, est l’exemple type de chanteur de type « pitbull ». Sa voix très particulière ne laisse personne indifférent mais colle parfaitement à la mentalité « in your face muthafucka » dont Knuckledust ne cesse de transmettre. Les paroles y vont de pair, dépeignant la vie urbaine à Londres, les histoires de rivalités, de violence et de trahison. La voix de Pierre est l’une des composantes de l’identité du groupe et les chœurs sont comme à l’accoutumée ultra puissants et reflètent totalement le côté gang du groupe.
Je faisais allusion au rap dans un paragraphe précédent. Son phrasé est hurlé en permanence mais emprunte parfois au rap comme sur l'intro de "Slash And Ignite". Mais si on écoute attentivement (et surtout lors des passages lents), on ne peut nier le flow de Pierre qui transparaît plus franchement.

Le son est magistral. Semblable à celui de « Unbreakable » mais en plus moderne, les guitares sonnent toujours aussi lourdes et belliqueuses, la basse ronronne allègrement derrière les guitares et la batterie correctement mixée et non triggée excessivement contribue à ce cachet « intégrité ». Le son général n’a pas vraiment évolué depuis la naissance du groupe, formant également une partie de l’entité « Knuckledust ».

La kro est longue, certes, mais c’était ma manière de rendre hommage à ce groupe qui demeure l’un des plus importants à mes yeux. La note finale concerne donc bien plus que ce nouvel opus. Il s’agit de féliciter les Anglais pour leur longévité exemplaire, leur intégrité inébranlable et de cette faculté à pondre des albums tous aussi efficaces les uns que les autres. Bravo les gars, le LBU peut être fier de vous !


Rédigé par : Vision Of Beuh | 18/20 | Nb de lectures : 13489