Des fois on a envie d'ouvrir sa fenêtre et d'hurler "turbolol" à la face du monde. Tout le monde veut sa part du gâteau et j'imagine la panique dans les rangs de Century Media :
- Les gars, il nous faut des groupes de pagan metal! Là, on passe pour des caves et à côté d'un max de pognon. Viteuuu!
- Ouais, je sais Finntroll et Turisas, c'est pas assez. Mais c'est la lose, tout le monde est déjà pris. Nuclear a signé les derniers fonds de tiroir.
- C'est quoi, ce truc qui traîne sur ton bureau?
- Ah non, ça, mais tu vas rire...
- Houla, non, mais c'est bon ça. Des maquillages au fond des bois, une nénette en robe blanche virginale, un nom finlandais imbitable qui évoque Korpi et tout le bazar. C'est du bon, je vois déjà des p'tits jeunes vider leurs bourses grâce au minois de cette donzelle.
- Ouais, musicalement, l'éthique voudrait...
- Non, non, pas de gros mots. Je ne te parle pas de pognon, je te parle d'une montagne de pognon. Signe-moi Kirimachin tout de suite. Tu leur enregistres leur album et tu leur ponds un clip avec le titre qui pète le plus. Magne-toi avant que le soufflé retombe et que les kids retournent acheter du Soulfly.

Officiellement, Kivimetsän Druidi pratique du "rock'n'troll". Autant dire, pas grand-chose, puisque cet intitulé racoleur masque le vide artistique. Et comment qualifier en quelques mots la musique du premier album de ces p'tits jeunes qui n'en veulent? Je parlerai de Children Of Bodom pour les élans de clavier qui structurent les morceaux. On notera d'ailleurs une grande ressemblance entre le vieillard de la vidéo et la faucheuse de Children. Ca, c'est pour les parties énergiques, sinon ça passe aussi par la case "interlude Bontempi de Bal Sagoth" sur beaucoup de passages. De l'épique de supermarché, en somme (l'intro de "Pedon Loitsu" est même très drôle). Je parlerai d'une voix énervée proche de celle d'Ajattara, ce qui doit être le meilleur point des très longues 53 minutes de l'opus. Je parlerai d'une donzelle qui vient pousser des refrains opératiques à tous les étages. Je ne parlerai de rien pour les guitares qui se cantonnent à des sous-riffs sans consistance dans un album entièrement tenu par le claviériste.

Quelques maquillages, un ou deux chœurs et la caution pagan est dans la poche pour cet album ultra-formaté qui ne fait que piocher dans la hotte à riffs habituelle. Mais ce n'est pas grave, on entend à peine les guitares. N'évoquons même pas la production qui ne laisse aucune place à la personnalité, avec notamment une batterie totalement informatisée (à ce titre, les rares blasts sont magnifiques).

Et ils tournent avec Korpiklaani, Battlelore et Falchion. Grand bien leur en fasse. Je vais affirmer mon soutien inconditionnel en laissant leur album dans les bacs et en brûlant un cierge pour qu'on ne se tape pas ce distributeur à clichés en concerts. Si les labels pouvaient être un peu plus sélectifs, le monde s'en porterait mieux et de l'argent ne serait pas gâché dans la promotion de tels projets. Mort au happy meal metal!


Rédigé par : Prince de Lu | 06/20 | Nb de lectures : 11341