Après deux albums (dont un premier, "The Spirit of Ukko", plutôt prometteur) qui avaient contribué à les faire connaître hors de leurs frontières, voici le troisième album de Kiuas, groupe finlandais signé chez Spinefarm Records (Children of Bodom, Nightwish, Finntroll etc). Le groupe pratique un power metal mélodique de bonne facture, mais assez peu original. Diverses influences enrichissent sa palette musicale : le heavy, le thrash, le death ou encore le progressif, à tel point que l’on a parfois l’impression de se perdre en chemin tant le groupe brouille les pistes. On peut néanmoins établir des connexions évidentes avec certaines formations comme Sonata Arctica ou Children of Bodom (notamment pour les parties de guitare). Notons que la pochette, très réussie, présentant les membres de Kiuas comme les cinq (ils sont en fait quatre dans la Bible) cavaliers de l’Apocalypse, est signée Niklas Sundin (Dark Tranquility).

Kiuas, avec "The New Dark Age", nous ressert à peu de choses près la même recette musicale que sur son précédent album, "Reformation". Cela est fort dommage, car le groupe ne semble pas avoir suffisamment évolué pour nous proposer le grand disque que l’on était en droit d’attendre. Pourtant le potentiel est bien là, et il n’y a rien à redire techniquement parlant, mais les compositions sont souvent sans surprises. On sait combien le troisième album peut être important pour une formation, et il est regrettable de sentir que le groupe aurait pu faire bien mieux, en proposant un album moins décousu, et moins répétitif. Cependant, ce disque est tout à fait recommandable, en particulier pour les aficionados des groupes « made in Finland ». Kiuas jouit d’ailleurs d’un succès certain dans son pays puisque le single « Of Sacrifice, Loss and Reward » s’est classé numéro un des charts finlandais. Et cela peut se comprendre, car le groupe compte quand même de solides atouts.

Le guitariste virtuose Miko Salovaara survole ce disque grâce à son brillant toucher (le solo de « Kiuas War Anthem » est à écouter en priorité), qui n’est pas sans rappeler le jeu d’Alexi Laiho. Ce guitariste constitue l’une des plus fines gâchettes de la nouvelle génération de guitar heroes et ses parties de gratte sont vraiment hallucinantes (avec des rythmiques à vous dégoûter de retoucher à votre guitare !).Il faut noter que son jeu, irréprochable, n’est jamais rébarbatif et se couple très bien aux claviers, conférant au groupe cette touche finlandaise bien prononcée. Par contre, le chanteur Ilja Jalkanen possède une voix intéressante dont il n’exploite pas toutes les possibilités. Les parties vocales offrent en effet peu de variations de tonalité même si le chanteur est capable d’un titre à l’autre de passer d’un registre death (« To Excel and Ascend ») à une voix plus typée heavy/thrash (« The Decaying Doctrine »), voire folk. Sur « Conqueror », le chant hargneux de Dave Mustaine n’est parfois pas loin et l’on croirait entendre Tony Kakko de Sonata Arctica sur le refrain. La filiation avec Mustaine est d’ailleurs selon moi l’une des facettes les plus séduisantes des vocaux.

En résumé, Kiuas nous propose avec ce disque quelques moments forts nous faisant d’autant plus regretter le niveau irrégulier de l’ouvrage. Les trois premiers morceaux sont autant de baffes heavy qui laissent présager un grand album. Pourtant le soufflé retombe dès « The New Dark Age » et son intro typée death metal, où le groupe donne déjà l’impression de tourner en rond. Il faut dire que "The New Dark Age" est moins facile d’accès que son prédécesseur datant de 2006, les mélodies étant moins mémorisables. Les Finlandais tentent d’explorer d’autres territoires comme sur le morceau folk « After the Storm », îlot de douceur dans cet album plutôt musclé. On y retrouve certaines influences jazz du guitariste. Cette pause fait le plus grand bien, et l’on repart de plus belle avec le single « Of Sacrifice, Loss and Reward », sur lequel le chanteur Ilja Jalkanen effectue un excellent boulot. « The Wanderer’s Lamentation » propose un final très progressif à cet album varié, mais parfois un peu fourre-tout.

Après "Reformation" sorti en 2006, nous étions en droit d’attendre plus de la part de Kiuas, qui nous offre ici un album dans la continuité de son prédécesseur, mais sans vraiment le surclasser. Dommage, vraiment, car le potentiel de la formation semble très intéressant, et il faudra de toute façon la suivre de près dans le futur. Si vous appréciez les groupes de heavy metal finlandais (et particulièrement ceux estampillés Spinefarm Records), jetez une oreille à ce disque, vous pourriez être agréablement surpris.


Rédigé par : up the irons | 14/20 | Nb de lectures : 10800