A tout seigneur, tout honneur, c’est aux Americains que revient l’honneur d’ouvrir les hostilités et de donner les premières droites. C’est donc KING OF CLUBZ qui démarre cette collaboration vinylique franco-americaine. KING OF CLUBZ sont tout sauf des bleues bites dans le milieu. Les natifs de l’Illinois tapent dans ce que j’appellerais du hardcore « à l’américaine », ça tombe plutôt bien en même temps, même s'ils se sont autoproclamés adepte du « Negative Hardcore ». Et vu leurs tronches c’est certainement pas moi qui irais leur rigoler au nez. Bref, leur son s’apparente à une musique mixant allégrement hardcore classique, moshcore et une grosse louche de tough guy core. Pas super original sur papier, un mix déjà vu et entendu mais les K.O.C savent faire les choses bien, même avec des ingrédients dont on connaît le goût bien à l’avance.

En deux titres, les Ricains parviennent à convaincre et à lancer ce split sur les bons rails. Au programme on a droit à deux titres de hardcore basique mais rentre dans le lard et teigneux bien comme il faut. De la moshpart vicelarde, du riff NYHC hargneux bien comme il faut et puis une voix qui n'incite pas à la diplomatie. Quand le mec te parle ben tu l’écoutes et tu acquiesces. Niveau son, la prod est pas mal old school, un peu étouffée et manque un peu de couilles en rapport avec le statut de « Negative Hardcore » du groupe. Si le premier titre « Timebomb » est simplement correct, efficace mais sans surprise, le second est plus réussi et de meilleur qualité grâce en partie au featuring vocal féminin qui botte des culs. Mais vraiment. Cette donzelle a un sacré brin de voix et met à l'amende pas mal de vocalistes masculins. « Society’s Prey » possède tout ce qu’on attend d’un titre de KING OF CLUBZ. De la violence, du groove et toujours ce petit côté bagarreur qui fait la réputation du groupe. Une belle façon de préparer le terrain pour leurs homologues parisiens.

On avait laissé PROVIDENCE avec un excellent MCD et des tas de tournées aux quatre coins du globe. On les retrouve aujourd’hui avec un split 7'’ aux côtés des Ricains de KING OF CLUBZ. Quoi de neuf chez les fiers représentants du hardcore parisiens ? Ben pas grand-chose et énormément de choses à la fois. Difficile de se faire un avis tranché sur l’évolution du groupe avec deux titres mais, malgré tout, on note que les tournées ont porté leurs fruits parce que PROVIDENCE a gagné en efficacité et en puissance de frappe. Ce qui marque d’entrée de jeu c’est la durée des titres. Plus courts que par le passé. Plus efficaces aussi, ils prennent d’entrée de jeu à la gorge et tatanent direct dans la tête sans laisser de répit. Le premier morceau « Carrying This Torch » démarre par une petite rythmique two step bien dansante avant de rentrer dans le gras et de balancer des chœurs de bûcherons qui vont bien et la moshpart qui vide le pit qui va avec. Un bon morceau, plus tough, plus hardcore, moins metal que ce à quoi on était habitué aussi. Vu que le titre est plus court, l’agressivité est plus concentrée et frappe plus fort.

On remarque aussi le travail effectué sur le son qui est plus rugueux, plus roots, surtout aux niveaux des grattes qui sonnent pas mal dirty. Un son global qui correspond un peu plus à la musique du groupe. On notera aussi la basse plus ronde qui n’hésite pas à s’imposer et à se faire sa petite place sur « Vengeance Over Victory ». La voix, si elle est toujours aussi reconnaissable avec ce timbre et cette façon de chanter si caractéristique (qu’on aime ou pas), a été travaillée elle aussi. Pour être plus rentre-dedans et plus imposante. Elle sonne plus tough et est mieux utilisée car mieux placée. Y’a qu’à voir l’entrée de chant parfaite d'un « Vengeance Over Victory » bien voyou. Ce titre s’impose directement comme un des meilleurs morceaux du groupe. On y retrouve tout ce qu’on aime chez les Parisiens. Des parties two-steps pour se dérouiller les chevilles, des chœurs pour s’arracher les cordes vocales, des riffs bien lourds pour jouer des coudes et des moshparts assassines pour aller titiller les tibias de ses petits copains dans la fosse. Assez blablaté, PROVIDENCE convainc largement avec ces deux titres qui montrent une envie d’évolution vers des choses plus hardcore et rondelettes. This Is Paris !

Je voulais aussi signaler la pertinence des lyrics de "Vengeance Over Victory" qui sont en total phase avec l'actualité mondiale. On se moque souvent des lyrics hardcore mais pour le coup, les mecs ont tout pigé. En plus de ça, l'artwork signé TonR (chanteur de PROVIDENCE) est vraiment excellent et met parfaitement en images les lyrics dont je parlais à l'instant. Du bel ouvrage tant musicalement qu'esthétiquement. Et pour un tout petit prix, ce serait vraiment con de se priver.


Rédigé par : Seb On Fire | 3.5/5 + 4.5 | Nb de lectures : 13228