Kill The Thrill reste un phénomène vraiment à part… Officiant depuis 1989, le combo français continue de perpétrer son Rock Industriel à la frontière entre Cold-Wave, Post-Rock et Rock-Pop. Kill The Thrill, bien qu’existant depuis la fin des années 80, ne possède à son actif qu’une démo, un EP et quatre albums en tout et pour tout. Avant même de sortir son premier album «Dig» en 2003, le trio avait intensément tourné dans le monde avec quelques monstres du genre, tels que Killing Joke, The Young Gods, Zeni Geva, Neurosis et Treponem Pal. On comprend dès lors qu’il aura fallu quelques années au combo pour digérer cette expérience et pour composer en toute sérénité. Aujourd’hui encore, cinq années séparent «Tellurique» du précédent album au nom énigmatique «203 Bariers», co-produit par LE Michael Gira (The Swans, Angels Of Light).

Ce qui reste admirable, c’est cette volonté de conserver un style propre, malgré les modes et les changements de courants… Même si la musique du trio (devenu duo un court instant, lors de l’enregistrement de son deuxième album «Low») a évolué au cours des années – partant d’un Metal Indus pour arriver à un style hybride entre Post-quelque chose et Rock –, le schéma sonore principal est conservé, assimilable à l’identité du groupe. Et pour le coup, Kill The Thrill se retrouve aujourd’hui en première position aux cotés de certaines formations dans l’ère du temps, telle que Jesu. Kill The Thrill va d’ailleurs assurer la première partie de certains concerts d’Isis + Jesu en Europe, ce qui n’est assurément pas donné à tout le monde.

Musicalement, Kill The Thrill se positionne auprès d’un Godflesh bien en chair (en témoignent cette boite à rythme qui martèle sans cesse, sans relâche, et cette basse tenue par Marylin rappelant parfois le jeu de B.C. Green), d’un The Swans torturé et plus mélancolique que jamais (les nappes lyriques et les samples discrets le prouvent) et d’un Jesu florissant (de par le côté planant et mélodique et l’aspect plus enjoué que les deux influences citées précédemment). Les mélodies sont plus que jamais de la partie et le chant de Nicolas, maîtrisé, et ce, dès l’ouverture de «Tellurique». Le premier titre «A Little Salt For A Better Feeling» associe en effet l’aspect lancinant et douloureux des précédents enregistrements avec un côté éthéré et très aérien. La combinaison des deux est ressentie comme étant le principal changement de la musique du trio. Alors que «203 Barriers», le précédent LP, laissait paraître un mal-être et un désespoir infini, «Tellurique» laisse présager que le monde n’est plus si noir qu’il ne l’a été… Bien que profondément nostalgiques, les compositions telles que «Permanent Imbalance», «Head» ou le profond et presque angoissant «An Indefinite Direction» restent des titres forts, presque Pop-Rock dans l’esprit… De plus, comme pour signifier que le trio n’a rien perdu de ses influences premières, Kill The Thrill nous gratifie ici d’une reprise de Godflesh, le titre «Us And Them», resservi comme à l’original.




Rédigé par : DeadStar | 16/20 | Nb de lectures : 12188