Killing Touch est le nouveau groupe formé par le vocaliste italien Michele Luppi, suite à son départ de Vision Divine en 2008. Moins heavy que ses précédents travaux, le chanteur propose un hard rock mélodique à tendance progressive. "One Of A Kind" pourrait presque faire figure d’album solo tant le bonhomme s’est impliqué dans ce projet naissant, ayant signé la grande majorité des morceaux et s’étant chargé lui-même de la production. Inspiré du roman The Dead Zone écrit par Stephen King en 1979, Killing Touch s’est confronté au périlleux exercice du concept album pour ce premier essai. Le résultat, s’il n’est pas exempt de tout reproche, n’en demeure pas moins encourageant pour la suite.

On l’a dit, cette nouvelle formation répond avant tout au souhait de Michele Luppi de créer enfin son propre groupe après plusieurs années dédiées à Vision Divine (qui a entre-temps réintégré dans ses rangs Fabio Lione, chanteur de Rhapsody Of Fire, dont la carrière est toujours en stand by). Incontestablement, le vocaliste est l’attraction principale de ce disque. Avec des compositions qui soutiennent idéalement ses parties vocales, bien mises en avant, il propose dans la grande majorité des cas des mélodies inspirées et efficaces (« One Of A Kind »), qui confirment sa place parmi les meilleurs vocalistes transalpins du genre à l’heure actuelle. Le frontman a bien conscience de la qualité de son organe tant son chant finit à certains moments par devenir maniéré, à la limite du bel canto. Un peu plus de spontanéité ne serait pas superflu de ce côté.

Notons aussi que Luppi s’est ici chargé de toutes les parties de claviers, et si on le savait doué, il s’avère tout simplement impressionnant de maîtrise et de dextérité sur l’instrumental au piano « Still Walking », très inspiré des longues pièces instrumentales que composait Keith Emerson sur les premiers disques d’ELP. Il est simplement regrettable que ce titre, long de huit minutes, vienne quelque peu casser la dynamique de l’album. D’autant plus que le morceau suivant, « Walls Of Sympathy », est loin d’être inoubliable. Dommage vraiment, car on frôlait le sans-faute sur la première partie du disque, avec des chansons bien hard comme « The Touch » ou « The Danger Zone ». Plus AOR, « Falling Away » rappelle invariablement le « Ain’t Talkin’ Bout Love » de Van Halen, principalement grâce à son riff de guitare introductif.

Pourtant, malin, le chanteur a laissé à son groupe un bel espace d’expression. Composé pour moitié de musiciens ayant déjà collaboré avec lui (au sein du groupe Mr. Pig dans les années 1990 ou encore dans le cadre de son premier album solo, "Strive", publié en 2003), et pour l’autre moitié de jeunes musiciens talentueux, la bonne entente musicale du combo transparaît tout au long du disque. Pour le seconder, le vocaliste italien ne s’est d’ailleurs pas trompé en engageant Michele Vioni comme lead guitariste, un virtuose dont les bonnes interventions sont à souligner (le solo de « One Of A Kind »). En l’écoutant, on pense souvent à John Petrucci de Dream Theater. Avouez qu’il y a pire comme comparaison.

Si tout n’est malheureusement pas à conserver sur ce premier essai, avec quelques longueurs sur « Tommy’s Cane » ou « Walls Of Sympathy », et des mélodies parfois trop pompeuses, l’ensemble promet de belles choses pour la suite. Aux frontières du hard FM, du progressif et du heavy metal, "One Of A Kind" est un premier album de bonne facture, à l’interprétation sans faille.


Rédigé par : up the irons | 14/20 | Nb de lectures : 10035