Ce disque est sorti il y a 6 mois sur le label Deathwish Records (produit par Mr Ballou de Converge, la jaquette étant elle l'oeuvre de Mr Bannon), mais il me semble mériter une chronique sur VS.
Killing the Dream est un groupe californien formé en 2002 sur les cendres de groupes locaux plutôt méconnus par chez nous.
On retrouve cependant le batteur Isaac dans deux autres super groupes, Allegiance et Our Turn, Joel et Bart jouant eux dans Embrace the End. Leur premier full-length "Self-Titled" produit par Rivalry en 2004 m'avait déjà bien impressionné, le EP 'I rewrote It' sorti plus tard chez Deathwish m'avait lui conforté dans l'idée que ce groupe avait de l'avenir (on en retrouve d'ailleurs 2 titres remixés) mais autant l'avouer tout de suite: ce 'In Place Apart' m'a carrément
soufflé.

Pour vous situer le groupe d'emblée, leur musique, typique de l'écurie Rivalry, est un hardcore résolument old-school, authentique, hargneux mais positif, d'une intensité rare, qui fait la part belle aux mélodies autant qu'aux obligatoires mosh-parts et breaks dévastateurs. J'ai beaucoup lu qu'on pouvait les comparer à Comeback Kid, mais selon moi, le groupe est plus proche de Verse ou d'Another Breath. A l'image de ces groupes, ils représentent une véritable relève, bien plus crédible selon moi que les clones de Youth of Today qui pullulent toujours en 2006.

Chaque morceau de l'album est une véritable pépite: chacun a sa personnalité, sa richesse et son rythme propres, ce qui dans le cadre d'un disque old-school relève de la gageure !
Les lignes de grattes devraient intéresser plus d'un métalleux, même réfractaire au genre, car elles arrivent à allier la mélodie à l'agressivité sans tomber dans la linéarité ou le cliché: elles 'virevoltent' mélodiquement autour des riffs principaux du morceau, si bien qu'on a l'impression d'entendre des solos en permanence, sans que ça en soit ! (le solo étant le sacrilège suprême du punk/HC). Puis elles se font tranchantes, frénétiques, presque Converge-iennes, pour revenir encore plus mélodiques...La section rythmique n'est pas en reste: pas de double-pédale ici,le batteur martèle ses futs et utilise ses cuivres de façon impressionnante (un travail d'orfèvre à la charley), appuyant les mélodies comme il faut sans les étouffer, les changements de rythme subits et les breaks étant particulièrement bien sentis.

Les vocalises du beugleur en chef, le sieur Elijah, en feront peut-être reculer certains, mais elles sont pour moi la cerise sur le gateau: ce mec arrive à hurler à pleins poumons sa voix éraillée, en véhiculant un maximum d'émotions, tout en assurant certaines parties en chant clair typiquement Bane-sques. Dans beaucoup de groupes, on peut considérer la voix du chanteur comme simple 'instrument' pour brailler les textes et lancer les sing-a-longs, mais la voix d'Eji apporte bien plus: elle fait vivre les textes, vient en
contre-poids des mélodies de façon parfaite et ne lasse pas.
Les sing-a-longs ne sont pas omniprésents comme chez Comeback Kid (ce qui en devient lourd) et assurent un caractère scénique à chaque morceau, et pour tout vous dire: j'en bande d'avance d'être dans le pit ! Pour souligner le tout, la production de Mr Ballou est parfaite, le mixage est au poil, ce mec transforme tout en or, c'en est indécent...

Les paroles sont sombres et désabusées dans l'ensemble, ce qui contraste un peu avec le coté positif de la musique. Elles ont ce coté 'emo' pas dégueu, dans le sens où plusieurs morceaux traitent d'amour déçu, de regrets, de difficulté à tourner la page etc...
Il me semble que le groupe ne tente pas de prêcher la bonne parole 'Hardcore SxE' qui peut tant saouler à la longue. Pas de prise de position convenue ou de prêchage aux convertis et ça fait du bien !

Le titre 'Writer's Block' est particulièrement explicite à ce niveau:
"It doesn't matter what I say, it could be anything. All that matters is what they hear, and fuck, it can be beautiful Fuck. We'll turn it into something grand. We killed the meaning, there's nothing to hear. Say it again, we're all shooting blanks. We're reckless and we've got nothing to say. Fuck, I could be way out on a limb, but I don't think you're hearing me. You only like the words that are cliche but then again, who gives a fuck? most of you just want to fuck each other up. I doubt you even hear. I doubt you even care. Fuck."

Voilà, j'ai en fait simplement du mal à trouver un défaut significatif à cet album, plus je l'écoute et plus je suis impatient de voir le groupe 'en vrai'.
Si vous avez ne serait-ce qu'apprécié Comeback Kid, Another Breath ou Bane (ou toute autre production Rivalry ou Bridge 9), alors jetez-vous les yeux fermés dessus, tant que vous gardez les portugaises bien ouvertes, elles ! Ce groupe est à suivre de très très près...


Rédigé par : Candira-Thon | 17/20 | Nb de lectures : 14055