2012, fin du monde annoncée, êtes-vous prêts à disparaitre ? Ce n’est pas le cas de Killing Joke qui après 30 années de bons et loyaux services nous amène encore une fois un album de grande classe, 2 ans seulement après déjà l’excellent « Absolute dissent » et ayant pour thème justement si ce n’est la disparition de notre monde, le fait qu’il se passera bien quelque chose le 21 Décembre 2012.

Combien de groupes peuvent se targuer d’avoir fait pratiquement un sans-faute après une si longue longévité ? Car hormis le faiblard « Fire dances », la discographie de KJ est quasi parfaite (si si même le méconnu « Outside the gate » contient de petits bijoux). Et on a l’impression que depuis le retour des membres originels, le groupe n’a jamais été si soudé, si méticuleux dans ses compositions, si proche d’un monde en totale perdition que seule la musique de KJ peut permettre de s’échapper de la réalité un moment, enfin pas tant que ça… Car pour apprécier « MMXII » à sa juste valeur, il est obligatoire de posséder le livret et les paroles, tant le thème est en osmose avec les notes. Décryptage.

Première précision, cinq morceaux contiennent un ou plusieurs liens internet en rapport avec les paroles, comme « Pole shift » ouvrant « MMXII » et relatant l’inversion des pôles Nord/Sud. Intro futuriste qui aurait pu figurer en introduction de Blade Runner (que l’on retrouvera à différents moments des 8 minutes 51), comme pour annoncer un nouveau monde, débuts posés avant que la voix éraillée de Jaz ne vienne déchirer l’air, annonçant l’arrivée des premiers évènements, l’alternance des passages calmes et déchaînés renforçant la mise en place de la catastrophe en question. Superbe !!! Un titre aussi long de cette qualité pour débuter ne pouvait qu’engendrer de fous espoirs pour la suite, c’est le cas.

« Fema camp », au rythme sombre et lancinant propre à Killing Joke, fait références aux camps de concentration Américains, la voix claire hypnotique de Jaz renforçant la gravité du sujet. « Rapture » est le premier tube de « MMXII », vif, puissant, massif, dansant, avec un Jaz hurlant le refrain, le morceau qui vous amène dans une transe du tonnerre de part son riff de guitare en boucle, la marque Geordie. « Colony collapse » dont le chant clair de Jaz magnifie le morceau, et dont le refrain s’étire telle une invocation est tout simplement magique.

« Corporate elect », plus lourd, plus rageur renvoie au son d’« Extremities, dirt and various repressed emotions », album remarquable mais néanmoins méconnu sorti il y a plus de 20 ans déjà. Impossible de ne pas penser à « Money is not our gold » ou bien « Age of greed », tant l’énergie déployée est similaire. (petite parenthèse pour ceux qui n’ont jamais jeté une oreille sur cette galette : jetez-vous sur le titre « Slipstream », chef-d’oeuvre de 7 minutes 14 qui résume à lui seul ce que représente Killing Joke musicalement).

Du coup le single « In cythera » aux délicieuses sonorités new-wave et aux synthés enveloppant fait figure d’aire de repos au milieu de toutes ces catastrophes annoncées, Jaz d’une voix posée remerciant toutes les personnes qui l’ont soutenu dans les moments difficiles, un vrai beau moment de sincérité et d’émotion. Arrive le 2ème titre majeur de « MMXII », et pourtant les précédents sont déjà des pièces maîtresses. « Primobile » et son synthé majestueux nous ensorcelle d’entrée, beau, prenant, Jaz oscille entre ses deux voix, balance de la pure magie quand il prononce « disaster » et « laughter » en vociférant suivant son habitude tel un aliéné et ceci tout en contraste avec une voix claire d’une rare pureté. Sublime !!!

« Glitch » en rapport aux orages solaires touchant tout ce qui est électronique, est plus proche du Killing Joke de 2003 voir d’« Hosannas from the basements of hell ». On retrouve une voix de Jaz déchiquetée, éructée, pleine de rage, les synthés déchainés et la batterie massive renforçant le carnage et la future dégradation de notre monde. « Trance » qui porte son nom à merveille est LE morceau dance-floor indispensable à tout album de KJ pour bouger tout son corps, riff en boucle et voix hallucinante, une vraie perle. Enfin le planant « On all hallow’s eve » évoquant le renouveau après l’apocalypse et le rapprochement de l’être humain, ferme en douceur ce « MMXII » de la plus belle manière possible, laissant l’auditeur encore sous le choc de l’expérience qu’il vient de vivre.

Killing Joke, une fois de plus, frappe un grand coup ; car quel groupe peut se vanter de sortir un tel album après 30 ans d’existence, et en ayant connu tant de courants musicaux ? Mais « MMXII » est-il supérieur à « Absolute dissent » ? Dur de vraiment y répondre car si ce dernier contient avec « European super state » une des toutes meilleures compositions du groupe, cette cuvée 2012 est peut-être plus homogène grâce aux thèmes abordés, et ne laisse aucun temps mort jusqu’à la dernière seconde de la dixième piste.

Killing Joke est beau, Killing Joke est grand, mais cela, seuls les sourds ne le savaient pas déjà. Respect !


Rédigé par : Dimmu 77 | 17/20 | Nb de lectures : 16927