[eMp]: Avec, au sein de ses trois membres permanents, deux guitaristes de CULT OF LUNA, d’aucuns pourraient croire que KHOMA n’est qu’un side-project de Fredrik Kihlber et Johannes Persson en collaboration avec Jan Jämte au chant. Pourtant Persson bataille pour KHOMA depuis qu’il est lycéen. Le noyau originel était même constitué de Persson, Jämte et de Thomas Hedlund qu’on retrouve aujourd’hui aux percussions dans COL…

Les deux groupes sont donc particulièrement liés et c’est bien la première chose qui frappe à la première écoute de « The Second Wave ». Il faut dire que l’album a été enregistré et mixé par Magnus Lindberg, également membre et producteur de COL – décidément, et ce dans le même studio que les trois derniers albums de COL. On retrouve donc cette puissance et cette lourdeur si chères à nos Suédois. Mais si CULT OF LUNA distille à merveille un post-hardcore lorgnant de plus en plus vers le post-rock (j’en vois déjà ricanner), KHOMA donne sans complexe dans un rock noir et dépressif dont le feeling, les rythmiques et l’accessibilité – gagnée à grands coups d’arrangements et d’orchestrations aux claviers et violoncelle un brin pompeux – propulsent le groupe aux frontières de la pop musclée. KHOMA est de ces groupes à pouvoir faire mouche du premier coup grace à des riffs et des atmospheres très accessibles sans pour autant être dépouillées. Plainte, lourdeur, profondeur et mélancolie sont donc les maîtres mots de « The Second Wave ».

Les onze titres qui le composent sont d’ailleurs servis par un chant au timbre plaintif, parfois amer, souvent indolent porteur de mélodies tantôt inspirées, animées et bouleversantes, tantôt cul-cul la praline, lancinantes et franchement monotones. Et c'est là que le bas blesse : le manque d’inspiration des lignes vocales et le timbre monotone de Jan Jämte capable du meilleur comme du pire. C’est pourtant lorsqu’il donne des intonations (british) pop à son chant qu’il transporte le plus. Un peu à la manière d’un Mike Vennart (OCEANSIZE).
Si des morceaux comme « Stop Making Peaches », « Medea », « Through Walls » ou « One of us Must Hang », par nature très assimilables, passent comme une lettre à la poste ; d’autres comme « If All Else Fails », « Like Coming Home » ou encore « Hyenas » (pourtant fabuleux et aérien sur les ¾ du morceau et maladroitement alourdi par une ligne de chant complètement inutile et bateau sur le dernier quart) lassent et agacent dès la première écoute. Sachant que deux des meilleurs morceaux sont issus de l’excellent premier album, cela fait un peu maigre pour cette « deuxième vague ». Cependant le premier album - « Tsunami » - n’ayant jamais été édité en dehors de la Scandinavie, où il est d’ailleurs sold-out, remercions le groupe de nous avoir permis de les découvrir en les réenregistrant pour « The Second Wave » et gageons que les prochaines compos ne seront pas sirupeuses et pénibles comme peuvent l’être certains titres du présent opus. Il suffirait de retrouver cette dynamique au chant que l'on pouvait trouver sur « Tsunami » quitte à ce que cela sonne un peu moins parfait (et donc moins lisse).

Malgré ce bémol, nul doute que KHOMA frappe fort pour son premier album international et devrait rapidement rattraper le retard, si je peux dire, qu'il a pris sur CULT OF LUNA (pour peu que les membres en communs réussissent à conjuguer les deux groupes).

Pour terminer il est de bon ton de faire remarquer que cet album sort étonnamment sur Roadrunner Records. Mais si vous savez, le label qui a signé DEATH, SUFFO, CYNIC, PESTILENCE, GORGUTS, BRUJERIA, MALEVOLENT CREATION, SADUS, PESTILENCE, oups ! Ok j’arrête.

Note: 11/20


Foofur: Attention talent! Cette fameuse étiquette présente sur certains albums vendus chez un célèbre disquaire agitateur depuis 1954 colle parfaitement à la peau de cette formation qui nous vient tout droit d'Umeå en Suède, la patrie, excusez du peu, de formations comme CULT OF LUNA, MESHUGGAH, REFUSED ou encore INTERNAL NOISE CONSPIRACY. Clap clap clap donc car il est peu de bleds qui peuvent se vanter d'avoir un aussi joli tableau musical.
Après un premier album "Tsunami" dont vous n'avez sûrement pas eu échos (je fais partie de cette catégorie) puisque distribué essentiellement en Suède et en Finlande et en petite quantité, KHOMA réussit en cette année 2006 à faire sortir sa musique de ses frontières nordiques grâce à un contrat signé chez Roadrunner. Et bien leur en a pris tant "The Second Wave" est une excellente surprise.

A la croisée de formations comme RADIOHEAD, SIGUR ROS, LINGUA, voire même MUSE, KHOMA distille un cocktail musical planant entre rock, post-rock voire même pop dans ce qu'elle a de plus sombre. Jouissant d'arrangements classieux à grand renfort de piano, violoncelle ou sonorités d'orgues, chaque titre est une petite claque de mélancolie, construit sur des bases à la simplicité apparente qui cachent avec maestria un songwriting intelligent et à la justesse digne des plus grands. Les guitares posent des ambiances atrabilaires grâce à un son massif (l'ombre de CULT OF LUNA y plane indéniablement) et des accords simples et lourds, n'oubliant toutefois pas d'égrainer des notes toutes mieux senties les unes que les autres. Avec pour seul but de tisser un univers pesant, la section rythmique se veut assez simple avec quelques parties légèrement tribales, le tout appuyé par une basse légèrement saturée qui vrombit tout au long de ces 50 minutes de noirceur rock. La voix de Jan Jämte, proche de celle de Jon Crosby de VAST, n'est pas non plus étrangère à cette atmosphère toute en tristesse tant son timbre de voix plaintif hypnotise l'auditeur pour le faire sombrer dans un état proche de la léthargie. Mais par là même et comme le souligne entre autres [eMp], c'est peut-être le seul défaut de cette galette, car on a malheureusement quelques fois un sentiment de monotonie à l'écoute des lignes vocales. Toutefois, difficile d'imaginer un autre phrasé sur cette musique, paradoxale réflexion dûe à un style maîtrisé où chaque moment, chaque sonorité, est mesuré et réfléchi. Des titres comme "If All Else Fails", "Medea", "Hyenas", "Through walls" ou "One of us must hang" (titre présent sur "Tsunami" tout comme les excellents "Stop Making Speeches" et "Like Coming Home") sont de véritables bombes émotionnelles dont le potentiel ira peut-être jusqu'à vous coller une petite chair de poule.

A la fois belle, appaisante et déprimante, la musique de KHOMA joue sur la corde sensible qui est en chacun de nous sans jamais tomber dans le poussif et le pompeux. Umeå peut donc être fière de son poulain qui pourra se placer bientôt auprès des plus belles réussites musicales locales.

Note: 16/20


Rédigé par : [eMp]/Foofur | 13,5/20 | Nb de lectures : 12762