KEMET - The night before (Thundering Records/Socadisc) - 17/02/2004 @ 09h09
Les lyonnais de Kemet présentent ici leur second album après un "Dying with elegance" intéressant qui avait eu un petit succès d'estime il y a un peu plus de deux ans. On se rapproche ici clairement d'une certaine scène gothique des années 80 quand il était de bon ton de déclamer son désespoir à une audience pas franchement gaie non plus à grands renforts de paroles dépressives et de musique dépouillée. Kemet, dans sa recherche musicale, privilégie une certaine spontanéité dans l'exécution, un besoin vital d'assimilation rapide et une évidente notion d'urgence auditive. Leur métal gothique sonne donc de façon beaucoup moins surproduite que tous les groupes du genre qui ont émergés ces dernières années et dont un certain nombre s'est royalement cassé la figure depuis. Comparer Kemet à HIM n'est pas forcément une insulte et la voix de Eric peut parfois faire songer à celle de Valo. Même si le disque a été produit aux forts courus studios Finnvox, il n'est pas encore tout à fait fondu dans le moule des productions métallogothiques qui sortent à la chaîne dans les pays scandinaves. La production sonne assez naturelle et les guitares au son plutôt adouci permettent à la musique de Kemet de jouer sur une gamme peut-être plus intimiste. C'est justement ce côté intimiste qui rappelle le plus la scène des années 80 quand le vocaliste passait à lui tout seul toute l'essence de la musique à travers ses lignes de chant. Parfois épaulé par la performante Adeline de Akin, Eric n'est en aucun cas un chanteur parfait. On sent parfois quelques hésitations mais il est doué pour faire passer le message de tristesse et de morosité caractéristique des formations de ce style. L'apparente fragilité de ses parties vocales peuvent constituer un atout mais il est bien sûr évident qu'une partie du public n'adhèrera pas à ce style de chant naturel, non trafiqué mais perfectible. A l'attention des défenseurs du groupe, je précise que je ne cherche pas à donner de leçons. Le traitement donné aux vocaux fait partie du style de Kemet et il serait dommage d'en changer. Ce chant reste pourtant à tester en priorité avant acquisition.
Au niveau musical, inutile de vouloir chercher la démonstration ou la complexité. On reste dans une veine gothic-metal (pas toujours très metal en fait...) assez clairement établie et parfois même un peu banale. Heureusement que Kemet a pris le soin d'incorporer quelques éléments mélodiques intéressants comme un orgue Hammond, du piano ou quelques petites touches électro. Les titres sont assez bien foutus même si certains ressortent du lot et éclipsent un peu les autres. Je pense à l'original "Suicide me", qui s'articule autour d'une dualité de vocaux agréable ou à "Sister sorrow" qui aurait pu sortir de la maison Entwine ou HIM (c'est même flagrant sur le refrain...). Je peux aussi parler du final "Orchid for kids", assez progressif dans sa structure qui joue habilement sur une alternance de moments doux et de passages plus enlevés. Je regrette toutefois que les passages de double grosse-caisse ne collent pas toujours à l'ambiance des morceaux. On peut aussi se sentir un peu interloqué par certaines mélodies un peu trop évidentes qui ne s'accordent pas toujours avec les qualités de composition d'autres passages bien plus aventureux. Pourtant, les 8 titres sont globalement bons et aucune mauvaise surprise ne guette l'auditeur, à condition qu'il ne soit pas trop exigeant sur l'originalité.
De l'écoute de "The night before", il ressort que Kemet n'est certainement pas le groupe qui va représenter le mieux notre pays sur la scène gothique à l'étranger. Il est manifeste que ces lyonnais font la musique qui leur plaît mais la prise de risques est vraiment minimale et un peu plus d'audace aurait été la bienvenue. Au lieu d'un disque mémorable, on se retrouve avec un album correct, qui n'a pas à rougir face à la concurrence, mais qui aurait pu être très bon avec un peu plus de courage et d'intégrité dans l'écriture. Un webzine consacré à la musique gothique mettra sûrement une meilleure note que la mienne mais si on l'incorpore dans la sphère métal, "The night before" restera dans une sorte de ventre mou ni mauvais, ni véritablement transcendant. Malgré l'étalage de tristesse qui nous est conté ici, ils ne semblent pourtant pas manquer d'humour au second degré et le booklet mentionne un lien vers leur cocasse "Wide wound web" que vous trouverez ici : http://www.kemet.fr.fm


Rédigé par : Loufi | 13/20 | Nb de lectures : 8126




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