Il aura fallu quatre ans à Kells pour enfin accoucher du successeur de « Lueurs ». Quatre ans tout de même. Bon, avouons que ces fameuses années ont été bien chargées pour les Lyonnais, qui ont réussi à se faire connaître grâce à des premières parties remarquées de grands noms du metal féminin tels que Tarja ou encore Epica. Le groupe a donc peu à peu pu se faire sa petite renommée, agrandissant sa fan base directement sur le terrain avec de nombreuses dates, avant de se terrer en studio pour nous préparer sa fameuse troisième galette tant attendue par ses admirateurs. Il faut dire que Kells avait mis la barre assez haute avec ses deux premiers disques aux compositions bien ficelées rehaussées par la très belle voix de Virginie. L’attente est désormais terminée, puisque « Anachromie » est sorti en ce mois de janvier, révélant de nouvelles facettes d’un combo décidément bien prometteur.

Car oui, ces treize titres (les deux derniers étant des reprises de « Se Taire » et « L’heure que le temps va figer ») vont plus loin dans la démarche de la formation, que ce soit au niveau de l’ambiance, du chant ou des riffs, et permettent à Kells d’aborder des éléments encore relativement inédits dans sa musique. La principale surprise nous vient du chant, avec une Virginie qui assume bien mieux ses cordes vocales, et qui s’autorise plusieurs tentatives de chants gutturaux. Le single « La Sphère », morceau extrait du prédécesseur d’« Anachromie », nous avait déjà donné un aperçu de cette facette vocale de la chanteuse, mais cet élément semble avoir désormais une place plus importante dans les compositions du quatuor, la vocaliste ayant pris des cours afin de maîtriser sans souci cet exercice. On pense bien sûr à « Se Taire », où la brunette affiche toutes ses capacités et alterne avec aisance chants clairs et criés, mais aussi à l’excellent « Le Manège Déchanté », chanson ultra ambiancée et résolument malsaine, où les hurlements côtoient les murmures. Ne pensez cependant pas que Kells a abandonné son style pour se tourner vers une simple copie d’Eths (même si certains composants peuvent clairement nous rappeler Candice et ses compères), la plupart des pistes de ce nouvel opus ne contient pas de ces essais plus gutturaux, mais gageons que cela pourrait devenir une orientation possible de plus en plus marquée du groupe pour ses futurs albums.

N’oublions pas les ambiances très travaillées de la galette, avec l’arabisante « Illusion d’une Aire » ou le presque asiatique « L’Autre Rive ». Plus classique, mais tout aussi efficace, le puissant « Emmurés », ses gros riffs suivis de chœurs et de cordes offrent une ambiance particulière, entre puissance et mélodie. Ajoutons à cela des refrains assez accrocheurs, une production très propre et des paroles bien maîtrisées, en français s’il vous plaît (alors que d’habitude, le chant dans notre belle langue de Molière peut choquer l’auditeur de par la relative bêtise des fameux « lyrics »), et l’on passe un bon moment en écoutant « Anachromie », même si l’on n’est pas nécessairement un si grand amateur/trice du style.

En somme, le disque est bon, il semble que quiconque disposant d’un minimum de bonne foi puisse s’accorder sur ce point. On compte cependant quelques petites déceptions, car si certains titres sortent du lot et se révèlent très efficaces, d’autres demeurent un peu répétitifs, avec un schéma parfois similaire, et les riffs très « néo-metôl » ont également tendance à se ressembler par moments. Sans doute est-ce chercher la petite bête me direz-vous, mais ces quelques détails n’empêchent pas « Anachromie » d’être un disque intéressant permettant de découvrir des facettes inconnues de Kells. Le seul véritable point laissant un peu perplexe demeure les deux titres chantés en anglais, « Futytale » et « On My Fate », qui sont, comme dit plus haut, des reprises traduites de morceaux de l’album. Espérons que les Lyonnais ne se tourneront pas par la suite vers du chant totalement dans la langue de Shakespeare, car les paroles en français leur collent à la peau et semblent faire réellement partie de leur identité.

Pour conclure, que dire qui n’a pas encore été dit ? Tout simplement qu’« Anachromie » est un bon, voire un très bon album, qui, à l’image du combo qui l’a pondu, mérite de l’attention.




Rédigé par : Aris3Again | 15/20 | Nb de lectures : 13382