KEKAL / SLECHTVALK - Chaos & Warfare (Fear Dark Productions/Deadsun) - 13/12/2002 @ 10h13
Généralement je ne suis pas un grand supporter des split CD, mais là je dois reconnaître que celui-ci est des plus intéressants. J'ai déjà discuté le cas des Indonésiens de Kekal et de leur album " The Painful Experience " dans une chronique récente. Hormis " Mean Attraction ", tiré de ce dernier, leur contribution se résume à deux morceaux inédits (nouveaux je présume) et à une distrayante reprise mi-gothique mi-thrash du groupe Trouble, inconnu au bataillon mais ayant a priori sévi au début des eighties, quand je portais encore des couches-culottes et en était alors fort satisfait. Tout d'abord il faut mentionner que Kekal est devenu une entité bicéphale avec le départ d'un de leurs guitaristes, ce qui semble ne pas avoir freiné leur élan créateur, toujours aussi fécond et qui, cette fois, s'accompagne d'un réel discernement artistique et d'une identité prononcée. On n'a plus seulement des morceaux qui partent dans tous les sens comme une explosion dans un entrepôt de feux d'artifice, mais des structures solides et lisibles pour encadrer le grain de folie du duo. Un titre mature et plein comme " The Only Sound of Rain " est le porte-drapeau de cette nouvelle assurance. Rageur, puissamment membré et porteur de vraies mélodies non plus empruntées au fonds commun, il place Kekal sur la même ligne que des électrons libres de la planète metal tels que Solefald, avec peut-être cet avantage que Kekal ne devraient pas rebuter les amateurs de musique qui cogne sévère avant tout, car avec eux il n'y a pas surplus de crises avant-gardistes.
Pétulance certes (cf. cette sautillante intro orientale sur " A Stranger so Close "), originalité oui, mais toujours le décalage se fond dans le mouvement dynamique des raids thrash de label supérieur parfois bordés de superbes accords mélancoliques, des riffs durs lézardés de cassures efficaces ou des blasts d'une boîte à rythmes minutieusement programmée et qui n'écorche absolument pas l'oreille. L'agaçant chant strident est toujours présent mais en moindre quantité et, bizarrement, il n'agresse pas autant que sur l'album, le mérite en revenant encore une fois à l'impression de sérieux appliqué qui se dégage de la musique. " The Only Sound of Rain " se permet même le luxe de louables parties de chœurs effacés, signe que Kekal sont en train, doucement, de trouver leur voix (le x est voulu). En tous les cas leur prochain album sera guetté avec vigilance du côté de chez moi. Passons à Slechtvalk, groupe dont l'origine n'est mentionnée nulle part, mais qui se compose contrairement à Kekal d'un line-up complet.
Sur leurs traces on pénètre cette fois en terrain connu où il est inutile de s'attendre à rencontrer une surprise tapie derrière un bosquet. Le nom du bébé est " black metal ", et son attirail tout ce qu'il y a de plus classique, et dans ce cas là de prévisible. Leur musique est à sens unique, tous les instruments tirant de concert dans la même direction sans goût apparent pour les combinaisons et les figures de style. Quelque part pourtant, Slechtvalk arrivent à s'en tirer dans leur dépouillement et malgré l'aridité conservatrice de leur jeu. On se prend à faire abstraction des clichés gros comme des baleines pour se laisser innocemment porter par leur courant lisse et contre-intellectuel. Slechtvalk, c'est un peu le easy-listening du black moderne, une musique qui tourne tellement en rond sur ses bases en évitant soigneusement les écueils et les confrontations de styles qu'elle finit par autogénérer des interprètes au demeurant compétents, mais complètement coincés dans une matrice de non-création, comme harnachés à une simulation automobile qui tournerait sans cesse sur le même circuit. Quelques riffs sosies pour les virages, une batterie d'école pour la vitesse de croisière, une lichette de synthés pour l'ambiance dans l'habitacle, un peu de chant féminin pour le décor, et on a fait le tour. En clair il vaut mieux écouter cette partie du split en faisant autre chose afin de ne pas piquer du nez et cataloguer Slechtvalk comme un groupe rasoir alors que quelque part en eux un interrupteur ne demande qu'à être activé pour qu'ils passent du mode automatique en mode manuel. Au final, il n'est peut-être pas vital de posséder cet échantillon du répertoire récent des deux fers de lance du label Fear Dark, mais pour ma part j'affirme que ce n'est pas un disque dont je me séparerai de sitôt. En ce qui concerne la note globale, qui pour un split n'est jamais d'une grande signification, elle se décomposerait en un 7,5/10 facile pour Kekal et en un 5/10 optimiste pour Slechtvalk.


Rédigé par : Uriel | 12.5/20 | Nb de lectures : 7975




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