KEKAL - The Painful Experience (Fear Dark Productions/Deadsun) - 09/12/2002 @ 17h43
" The Painful Experience " tombe dans la catégorie des albums instables, déchirés entre des éléments très positifs et d'autres très négatifs. Le positif, c'est que Kekal sera peut-être la grosse découverte de demain. Ce trio indonésien témoigne déjà de dispositions surprenantes pour rendre sa musique diablement attractive. Il est difficile de mettre le doigt sur le style pratiqué, même si on peut raisonnablement penser trouver Kekal affublé de l'extension " black metal " dans les listes de distro. En rester là serait toutefois bien réducteur, car la créativité de composition constante qui émerge du maelström à la moindre occasion est le signe d'une fraîcheur que l'on ne saurait bouder en ces temps de clonage à grande échelle dès qu'un style a les faveurs des projecteurs. Les morceaux sont hyperactifs, de véritables chaudrons où les ingrédients les plus antagonistes sont portés à ébullition, du riff coup de poignard dont Darkthrone feraient bien de s'inspirer pour rendre leurs albums actuels intéressants jusqu'à des phases branchées trip-hop, de saturations de folie jusqu'à des coups de swing souvent très rock'n'roll dans l'esprit et foncièrement ouverts à des mélodies prononcées. L'album recueille par ailleurs les dividendes d'une production honorable qui ne plaque aucune bride sur l'enthousiasme des guitares, ce qui est un facteur capital pour ce genre de musique qui doit sauter au visage de l'auditeur comme la tique sur le chien. Dans leur facilité à combiner galopades agressives et arrangements exotiques ou carrément barrés, Kekal se collent dans le lignage de certains groupes géniaux et pas toujours bien compris, m'évoquant un cocktail des débuts de Solefald et des premiers albums de Sigh. Malheureusement je suis bien obligé de noircir le tableau, car deux choses en particulier gâchent totalement mon plaisir, deux choses qui mettent en lumière le manque de maturité et de détachement de Kekal par rapport aux groupes majeurs qui les ont visiblement marqués.

Premièrement la plupart des vocaux black sont atroces, une sorte de râle batracien à mi-chemin entre Dani Filth et King Diamond, n'empruntant que les caractères les plus irritants des deux susnommés. Ecoutez donc le bonus track (plage 11) pour comprendre de quoi je parle : le seul mot qui me vient à l'esprit pour qualifier l'auteur de ces prouesses est : eunuque, et méchamment enroué avec ça, mes aïeux... A quoi bon avoir la meilleure musique qui soit lorsque les vocaux constituent un barrage qui empêchent d'entrer dans l'écoute ? D'un autre côté sur certains morceaux on est gratifiés de vocaux black plus conventionnels, comme sur " Given Words ", superbe morceau qui donne la plus juste idée du potentiel de Kekal - entre nous vu la variété vocale générale je suppose que tous les membres du groupe s'essayent au micro à un moment ou à un autre, avec plus ou moins de bonheur ; il faudra peut-être songer à y mettre sérieusement de l'ordre pour ne pas décrédibiliser ce qui pour le coup ne le mérite vraiment pas. Ensuite, moins grave mais quand même un peu embarrassant, de trop nombreuses mélodies sont beaucoup trop génériques, en particulier celles qui tiennent lieu de thèmes pivots, qui n'ont rien à envier aux refrains les plus clichesques de Running Wild ou de tous ces groupes étranges que Shaka vénère. Pour ne citer qu'un exemple, " Crave for Solid Ground " qui eut été la pièce maîtresse de l'album s'il n'eut été trahi en son sein par une partie épique digne d'une chanson de Bernard Minet à la gloire d'un quelconque robot Mattel combattant des écrevisses géantes à la dégaine d'octagénaire après une sodomie et trois verres d'absinthe pure. Comment faire débander son monde, quoi... Mais bon je suis sûr qu'il y en a qui vont adorer, après tout c'est peut-être moi qui fait une allergie cutanée aux sing-along typiques du speed germanique. Je peux sembler sévère en regard du standing réellement impressionnant et utilement novateur de " The Painful Experience ", mais il est quand même des incongruités qui outrepassent les frontières de mon indulgence. Ecouter cet album est une expérience unique et fort divertissante, aucun doute, sauf qu'à chaque voyage je suis pris de l'envie féroce d'enfiler mon kaki et de partir patauger dans les marais à la chasse au canard sauvage...


Rédigé par : Uriel | 11/20 | Nb de lectures : 8468




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Commentaire
Uriel
Invité
Posté le: 10/12/2002 à 18h11 - (1544)
La faute vient probablement de moi, mais je précise par compassion pour le groupe que leur nom s'orthographie KEKAL...
... parce que Kekel, ca craint sévère... :-S

Loufi
Membre enregistré
Posté le: 10/12/2002 à 19h12 - (1545)
"qui eut été la pièce maîtresse de l'album s'il n'eut été trahi en son sein par une partie épique digne d'une chanson de Bernard Minet à la gloire d'un quelconque robot Mattel combattant des écrevisses géantes à la dégaine d'octagénaire après une sodomie et trois verres d'absinthe pure. Comment faire débander son monde, quoi... "

mdrrrrrr
le slogan parfait pour écouler quelques milliers de CD facilement...à conseiller à la maison de disques. Deadsun pourra facilement capitaliser sur "l'effet BIOMAN" de cet album.

Tonton
Membre enregistré
Posté le: 10/12/2002 à 19h17 - (1546)
C'est vrai qu'avec de tels arguments on a tout de suite envie de se faire une idée.
Le pied ça serait un concept album sur la serie "Salut les musclés"

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