"Je pense honnêtement qu'ils auraient pu avoir un autre destin".
Ils, ce sont les Grecs de Kawir. Et la personne que je cite ici n'est autre que le boss de Those Opposed, avec qui nous tentons de récupérer une interview envoyée au combo hellène depuis novembre dernier. Il n'est forcément pas évident de s'occuper de la promotion d'une formation qui ne se préoccupe de rien en dehors de son domaine artistique. C'est aussi ce qui fait tout son charme. Un autre destin, peut-être bien, même si le style reste confidentiel.

Kawir s'est déjà taillé une petite réputation dans l'UG, attirant quelque foule lors de leur passage à Paris en décembre 2008. Mais il est vrai que la qualité de leurs mélodies est telle qu'on s'étonne de ne pas les voir plus haut dans les cœurs. Pour y remédier en attendant un prochain opus, Those Opposed sort donc en ce début d'année un DVD avec la prestation live du groupe mentionnée plus haut (qui fera l'objet d'une chronique à part, je suis payé à la page) et un MCD au titre qui fera rire grassement les anglophones.

To Uranus regroupe trois nouvelles compositions mises en boîte début 2008, ainsi que trois pièces d'archives. La première est tout simplement le premier titre estampillé Kawir, à savoir "Sinn (The Blazing Queen)" qui apparaît sur la démo de 1993 et qui sera ensuite repris l'année suivante comme partie Kawir du split avec le groupe japonais Sigh (responsable récemment d'un des clips les plus rigolos de la décennie). Les deux derniers titres sont moins rares, puisqu'il s'agit de ceux du EP Eumenides sorti chez Dark Side 1994. Ils ont déjà connus le repressage dans la compilation de 2006 Dei Kaberoi de Kyrck Productions, rééditée en 2007 dans une pochette cuir A5 estampillée To Cavirs par Kyrck Productions.

Intéressons nous surtout aux trois nouveaux titres. S'ils ne sont pas issus de la session d'enregistrement Ophiolatria, les morceaux sont clairement dans la veine du dernier album. Les mélodies épiques s'enroulent autour de rythmiques furieuses pulsées par des blasts entraînants. Kawir réussit encore le tour de force de se positionner proche du son du terroir et de faire sonner ses thèmes de manière cristalline. Si l'influence mélodique de Rotting Christ est toujours aussi nette, Kawir l'assume et invite même Sakis à venir aboyer sur le refrain de "Sword of Dardanus" (et c'est l'extrait du mini, enjoy!). Et les trois titres nous entraînent encore à rêver de combats de dieux antiques, brisant les phalanges humaines de colère. La mise en boîte a été réalisée au Eaglestone Studio qui doit encore contenir les pistes d'Ophiolatreia. Plus original, le mixage et le mastering ont été confiés au studio de Belgrade ArchSound Prod, ce qui est peu étonnant quand on sait que Therthonax a désormais ses points de chute en Serbie. Et ces trois plages sont du grand bonheur 100% huile d'olive comme je les aime, qui donne envie de charger des Titans avec un sabre en bois. Excellent!

Comme attendu, le cri primal de Kawir, tiré du split avec Sigh, est un morceau honorable pour l'époque mais qui n'a aujourd'hui qu'une valeur historique. Si vous ne connaissez pas les deux morceaux de Eumenides, sachez qu'ils sont ici dans une version remasterisée. Bon, cela apporte assez peu vu l'enregistrement d'origine. Mais les titres n'en sont pas inintéressants pour autant, présentant Kawir dans sa période plus grésillante et moins accessible. Cela donne surtout envie de se repencher sur Epoptia, véritable hurlement surgi de l'UG grec, qui aura permis au groupe de se faire re-connaître via sa réédition en 2003 par Solistitium. Souvenirs, que tout ceci.

En bref, vous aurez compris que je vous conseille de vous pencher sur ce mini, rien que pour les 21 minutes des trois nouveaux titres. Les titres de la malle au trésor apporteront surtout un éclairage sur les débuts de la formation grecque. A noter que les 200 premiers exemplaires sont distribués avec un slipcase fort joli. Le très beau livret est imprimé sur du papier glacé, qui illumine autant l'artwork qu'il laisse apparaître les traces des doigts gras. Un très beau boulot, en tout cas. Et il faut qu'à l'avenir je fasse gaffe à mettre le beurre sur les tartines et pas sur mes doigts.

Vivement le prochain album!!
Et aussi vivement qu'ils me renvoient mon interview...




Rédigé par : Prince de Lu | 8/10 | Nb de lectures : 12183