Rien que par son titre, le premier album de Kathaarian ne présageait pas le black symphonique avec production monstrueuse et participation de l'orchestre philharmonique de Lettonie. D'ailleurs ce n'est pas à ce type de sortie que nous a habitués le label Christhunt, plutôt cantonné à la survie d'un black métal traditionnel voire traditionaliste. Et effectivement, on reste dans le roots le plus profond avec une première sortie sobrement intitulée "Cryptic Temples of the Ancient Cult".

Les allemands de Kathaarian assènent un black raw alternant rapide et plus mid-tempo où les temps de pause, s'ils sont présents, sont décomptés à la pointeuse. Tout est fait dans les règles de l'art : respect sonore et visuel de la tradition du genre, label bio qui prouve que le groupe a bien été élevé en plein air et a couru de manière spontanée dans la forêt, photos noir et blanc avec la peinturlure et l'inamovible pentagramme pour prouver sa bonne foi. Plus sérieusement, c'est typiquement le genre d'album assez difficile à décrire car il a déjà été enregistré des centaines de fois et souffre dès la première note d'un manque flagrant d'originalité.

Le vocaliste opte pour une voix qui rappelle le croassement d'un corbeau en phase terminale de cancer de la gorge. Si l'effet n'est pas forcément désagréable, c'est monotone, monocorde et lassant rapidement. Les riffs pratiqués ne remontent pas vraiment le niveau, accusant leurs dix ans de macération dans la scène. Même s'ils sont patiemment répétés pour tenter de mettre en place une ambiance, la sauce ne prend pas. C'est du black brut de fonderie fait, refait et re-refait. Sans être mauvais, le groupe n'a aucune identité propre et se noie dans la masse des sorties. Même le choix des samples (des hurlements de loups et des cloches sonnant le glas) transpire la banalité à plein nez.

Niveau son, je vous le donne en mille : guitares dans les aigus, batterie en avant, prod faiblarde pour faire plus true. Kathaarian applique des recettes du siècle dernier. Le seul élément qui détache cet opus des albums de black de cette dernière quinzaine d'années est la prestation du batteur, ancien bretteur chez Magog. Sans être fulgurant, il est carré, le bougre ! Le fait est notable et appréciable dans le style.

Kathaarian propose donc un premier album qui ravira les nostalgiques de raw black en manque de sorties. Pour ma part, je passe mon chemin pour écouter des groupes qui se tournent résolument vers l'avenir.


Rédigé par : Prince de Lu | 09/20 | Nb de lectures : 11132