Cette année KATAKLYSM fêtera ses quinze ans d’existence et en dépit d’albums vraiment remarquables le groupe n’avait jamais réussi à se défaire de cette image de groupe de death metal de seconde zone jusqu’à "Serenity In Fire", qui fut pour moi la claque ultime de 2004. Aussi bien sur cd qu’en live lors de la tournée avec CANNIBAL CORPSE. Un album qui marquait les débuts du nouveau batteur, Martin Maurais, probablement à l’origine du succès de "Serenity In Fire". Ses gravity blasts (technique consistant à faire rebondir sa baguette sur la caisse claire pour augmenter considérablement le nombre de coups) donnèrent un aspect beaucoup plus brutal et direct à la musique de KATAKLYSM. Quelques mois après la sortie de l’album Maurizio, le chanteur, déclarait que le groupe se devait d’enregistrer son "Reign In Blood", et donc monter encore d’un cran dans la brutalité. Après avoir vu Martin à l’œuvre je ne doutais en aucun cas de la faisabilité "du projet, je m’attendais même à un nouvel album ultra compact et agressif dans l’esprit du morceau "Blood On The Swans". Seulement voila, en janvier 2005 on apprenait que Martin était viré du groupe pour des raisons personnelles et que son remplaçant n’était autre que Max Duhamel, le batteur sur les quatre albums précédents "Serenity In Fire". Dés lors l’album qui devait être éponyme se trouva un nom : "In The Arms Of Devastation" et les propos du groupe changèrent radicalement. L’album serait le plus heavy de leur discographie, continuant sur la lignée de "Shadows And Dust". Si je me permets ce petit historique un peu longuet, c’est que j’ai suivi tout ça de très prés, car ce "In The Arms Of Devastation" je l’ai attendu comme le messie! Inutile de vous dire dans quel état j’étais lorsque j’ai reçu le promo…

Il ne m’aura fallu qu’une minute de "Like Angels Weeping (The Dark)" pour avoir une petite larme coulant le long de la joue (j’exagère à peine), du traditionnel sample d’ouverture jusqu’au premier refrain, cette première minute représente à elle seule tout ce que KATAKLYSM sait faire de mieux ! Des riffs tous plus énormissime les uns que les autres, de la double grosse caisse à fond les ballons, des blasts reconnaissable entre mille et cette voix de Maurizio, toujours aussi puissante et compréhensible, amenant une nouvelle fois un refrain faisant mouche dés la première écoute. Ce titre d’ouverture est tout simplement dantesque, son break avec ses mélodies si caractéristiques et cette fin plus ou moins empruntée au "Davidian" de qui vous savez, font de "Like Angels Weeping (The Dark)" l’un des meilleurs titres composé à ce jour car nos cousins québécois. Pour être honnête j’ai même stoppé directement après la première écoute du morceau pour me le repasser en boucle un nombre incalculable de fois. Je me suis même dis que le reste de l’album allait être dur à assimiler après une telle claque et une fois désenclenchée la touche repeat j’ai entamé l’écoute du second morceau "Let Them Burn".

Mêmes causes, même effets. Encore plus impressionnant que de "Like Angels Weeping (The Dark)", ce "Let Them Burn" est pour moi LE morceau d"In The Arms Of Devastation". On y retrouve toute la fougue des compos de "Serenity In Fire". Définitivement le morceau le plus violent de l’album, les blasts y tiennent une place très importante, mais le point fort de ce morceau n’est autre que son refrain et je n’aurais qu’un mot pour le décrire: IMPARRABLE! Tout au long du morceau le travail sur le chant est remarquable, les deux types vocaux utilisés par Maurizio, le growl et le chant criard, sont ici en parfaite osmose. Lourde tâche pour "Crippled And Broken" que de succéder à un morceau pareil et pourtant… Ce troisième titre annonce la couleur pour le reste de l’album. Des titres beaucoup plus thrash que par le passé mais des titres d’une efficacité redoutable. Le parallèle avec les titres mid tempo de "Serenity In Fire" comme "As I Slither" ou le titre éponyme, pourrait facilement être fait mais toutes les compos d"In The Arms Of Devastation" possèdent un petit plus que ces dernières n’avaient pas. Cela va des blasts succincts judicieusement placés, d’une intro en son clair et d’un break à la basse pour "To Reign Again", des riffs de tueurs pour "Tempation’s Nest" et d’un magnifique solo slayerien pour "Open Scars".

Autres petits plus sur cet album, les guests. Ainsi Morgan Lander du groupe KITTIE vient pousser la chansonnette sur "It Turns To Rust". Connaissant très mal KITTIE et même si Maurizio avait affirmé qu’il n’y aurait pas de chant clair, j’avais beaucoup d’appréhensions sur ce morceau. Pour trouver un équivalent féminin je dirais que le chant, pardon les growls, de Morgan sont très proche de ceux de Candice d’ETHS. Le résultat est saisissant. "It Turns To Rust" est un titre dépourvu de blasts qui groove du début jusqu’à la fin. Les riffs sont une nouvelle fois très thrash et incitent fortement à vous décrocher les cervicales. Les deux chants se complètent à merveille. Rob Doherty et Tim Roth du groupe INTO ETERNITY apparaissent quant à eux sur le morceau "The Road To Devastation" qui conclut l’album. Rob chante une partie du refrain et ses vocaux risque d’en surprendre plus d’un. Essayez d’imaginer Dark Vador en train d’imiter David Vincent. Encore une fois cela s’intègre dans le morceau à la perfection. Tim achève "The Road To Devastation" par un long solo aussi épique que celui de "Years Of Enlightment" qui mettait fin à l’album "Shadows And Dust".

Une fois n’est pas coutume l’album n’a pas été mixé par Jean François Dagenais, le groupe ayant décidé de faire appel à Tue Madsen connu pour son travail avec THE HAUNTED, DISBELIEF ou BORN FROM PAIN. Même si le son KATAKLYSM est encore parfaitement reconnaissable, surtout sur les guitares, Madsen a su rendre la prod beaucoup plus chaleureuse et donner un son beaucoup plus humain à "In The Arms Of Devastation". La puissance, monstrueuse, est bien évidement au rendez vous.

Cela fait un petit moment que Nuclear Blast accompagne ces nouvelles sorties d’un DVD bonus. Certains sont catastrophiques comme ceux du derniers IN FLAMES ou de la réédition d’IMMORTAL alors que d’autres pourraient quasiment voler la vedette à l’album comme ceux des derniers HYPOCRISY et à un degré moindre DIMMU BORGIR. Coup chance c’est un DVD bonus de cette deuxième catégorie qui accompagne "In The Arms Of Devastation". On y retrouve un concert enregistré chez nous, le 8 avril 2004 à Strasbourg, pour le No Mercy Festival. Filmé professionnellement avec plusieurs caméras, la réalisation est correcte. Le son manque un peu d’envergure par contre, rien n’a été ajouté, c’est du garanti sans overdub. Toutefois il retranscrit suffisamment bien la puissance du groupe. Deux petits bémols cependant, l’absence d’une deuxième guitare en live qui rend certains passages assez creux et Martin qui avait tendance à trop vouloir en faire sur les anciennes compos. C’est toujours un plaisir d’entendre "The Awakener", meilleur morceau de l’album "Temple Of Knowledge", chanté par Maurizio. Je vais terminer ce passage en revue du DVD Bonus par un mot sur le public strasbourgeois : cinglé! Les demoiselles surtout, entre celle qui vient se jeter dans les enceintes pendant "Blood The Swans" ou celle qui se jette sur Maurizio et qui une fois attrapée par la sécu a sûrement regretté d’avoir mis une jupe…

KATAKLYSM vient de frapper très fort avec "In The Arms Of Devastation". Un album qui devrait leur apporter sans aucuns doutes une reconnaissance amplement méritée. Je ne m’intéresse au groupe que depuis "The Prophecy" sorti en 2000 mais je n’aurais jamais espéré un tel parcours. Un très bon "Shadows And Dust", un excellent "Serenity In Fire" et maintenant "In The Arms Of Devastation", bravo!


Rédigé par : wasted | 18,5/20 | Nb de lectures : 21401