Tiens, des albums du même label, des potes du même crew, le fameux London Blackout Unit (on pourrait aussi dire London Beatdown Unit), sortis plus ou moins en même temps (le Ninebar date de la fin 2006), ça me donne des idées, ça! Allons-y pour un war-bands, ça nous changera des war-chros !

Dans le coin gauche, nous venant des bas-fonds des quartiers Sud de Londres, accusant plus de 400 kilos à la pesée, tout tatoués et fraîchement tondus, veuillez applaudir...Kaaaaaaaaaaaartel ! A ma droite, tout droit sortis du sud-est de la Perfide Albion, avec leurs 250 livres de barbaque montées sur burnes, laissez-moi vous présenter...Ninebaaaaaaaaaaaaaar !
Ce combat n'est pas leur 1ère rencontre, vous vous en doutez bien: les 2 protagonistes se sont affrontés à maintes reprises au cours des dernières années lors de démonstrations, dont la dernière en date "Southbound" remonte à 2005. Alors quelles sont les forces en présence ? Kartel ne brille pas par une technique de combat originale, mais mise tout sur un enthousiasme et un rythme endiablés, associés à une panoplie de coups variée en pratiquant un HxC/metal fortement groovy et teinté de oï. Les Ninebar, quant à eux, restent fidèles à leur école d'appartenance, le beatdown Hardcore, comme la plupart de leurs condisciples du LBU. Les 2 adversaires ont sué aux 4 coins de l'Angleterre depuis près d'une décennie, chaque membre étant issu de combos du LBU tels que Knuckledust, Beatdown Fury ou encore Injury Time...Alors, laquelle des 2 écuries sortira vainqueur de ce duel fratricide ?

La cloche sonne à peine que déjà les pittbulls de Kartel sautent à la gorge de leur potes avec un 1er morceau dansant à souhait, "Stand Up London" avec sa mosh-part finale à faire ressembler les pits à des champs d'éoliennes! Les Ninebar se terrent comme ils peuvent en proposant "LBU Is An Army", un titre beatdown mou du genou et assez peu inspiré. Les choses se tassent un peu (se passent ? dédicace au Roi Heenok, t'entends pute nègre ?) lors du second round, Kartel reprenant sûrement son souffle après une telle entrée en matière. Ninebar hausse légèrement le rythme sur "Jaws Of Life" et commence à rendre les coups. Le réveil intervient de manière surprenante lors de la 3ème reprise. En effet, Ninebar décide alors d'envoyer les kicks et se met lui aussi à groover! Les cerbères nous montrent alors l'étendue de leur technique et leur sens de la mélodie avec le superbe "In Memorium", acculant dans les cordes leurs opposants, pourtant vaillants mais décontenancés !

Le match est alors complètement lancé et d'une intensité rare: les coups pleuvent de part et d'autre, plus rapides et précis de la part de Kartel, plus puissants et douloureux du côté de Ninebar. Le duo au chant de ces derniers fait fureur: la voix grave et rauque de Fat Tom répond à une voix plus aiguë et jappée de TB, ressemblant incroyablement à celle d'Aaron Knuckles (Death Threat). Le problème vient de Fat Tom quand il veut se la jouer plus mélodique, c'est tout simplement horrible, un carnage. Aïe, de telles erreurs à ce niveau se paient cher! Kartel est de ce point de vue beaucoup plus standard, en proposant un double-chant grave de tough-guy typique, appuyés régulièrement par des choeurs de pub anglais dans la plus pure tradition oï. On reconnaît régulièrement les aboiements de Pierre (Knuckledust) sur plusieurs morceaux, les deux albums regorgeant comme il se doit d'invités du LBU.

Plus le combat avance et plus celui-ci tourne en faveur de Kartel, les coups s'enchaînant de manière plus convaincantes et efficaces. Les morceaux sont en effet tous particulièrement travaillés, souvent mélodiques, parfois écrasants, toujours dansants. L'enchaînement "Who Are You ?"-"Dead To Us"-"Time's Running Out" met presque au tapis les pauvres Ninebar qui n'arrivent plus à suivre, reproduisant inlassablement le même schéma beatdown-break-accélération-moshpart si facile à esquiver. Ils ne doivent leur salut qu'aux 2 chanteurs principaux, finalement, eux seuls étant capables de rivaliser et maintenir le public hors de son ennui !
On se demande alors comment l'issue pourrait n'être autre qu'un KO définitif de la part de Ninebar, surtout que s'enchaînent les morceaux poussifs, alors que Kartel maintient son niveau élevé, remportant chaque reprise nettement. Ces derniers délivrent une prestation époustouflante osant même des passages purement thrash avec solis à la clé, le guitariste en profitant pour nous faire apprécier sa qualité, bluffante ("Victory", "Beyond Fear").
Beaucoup de crews ne se seraient jamais remis d'une telle pluie de directs et d'atemis, mais les Ninebar vont faire appel à leur grande expérience pour aller jusqu'au bout d'eux-mêmes. Ils nous délivrent en effet 2 dernières reprises incroyables, parant les coups pourtant parfaits que sont "Stab Proof Vest" et "Reliegion", mais décrochant 2 jabs, que dis-je, 2 déflagrations aussi mélodiques que puissantes avec "Pussy06" et surtout "The Devil In Me", le meilleur de tous les titres de ces 2 albums, avec son riff-tronçonneuse ahurissant, les flows des 2 chanteurs constituant la cerise sur le pudding. Ce match se finit alors en apothéose, puisque la moshpart finale de chaque titre s'apparente vraiment aux derniers coups que se donnent 2 catcheurs à bout de souffle, pantelants, suants jusqu'à la dernière goutte.

L'incroyable se produit alors, Ninebar tient encore sur ses jambes à la fin du combat! Le résultat ne devrait pourtant ne faire aucun doute, tant Kartel a maîtrisé son sujet du début à la fin, démontrant des qualités inespérées pour des groupes issus d'un crew réputé pour son beatdown souvent basique. Son hardcore lourd et métallisé s'agrémente de mélodies imparables, de passages beatdown efficaces et d'accélérations fulgurantes. Les chanteurs s'en sortent correctement pour le style et les singalongs permanents ne sont jamais saoulants. Si seulement Ninebar avait su garder l'esprit de "In Memorium" et "The Devil In Me", à savoir un sens du riff catchy ahurissant sur lequel se calque parfaitement le double-chant! Souhaitons-leur de mieux s'entraîner pour la revanche, cela devrait être épique! Je tiens à souligner l'esprit positif et humoristique des membres des 2 groupes, les 2 livrets étant vraiment bien fendards, les jaquettes étant toutes les 2 absolument immondes, quel goût.

Now my friends, here is ze verdict, ze winner iiiiiiiiis...Kaaaaaaarteeeeeeeeeeeeeeel !


Rédigé par : Candiria-Thon | 15/20 pour KARTEL, 12 | Nb de lectures : 11018