Pourquoi VS s'intéresserait-il à cette sortie qui n'a absolument rien de Metal? Simplement parce que cette œuvre émane de la tête pensante de NILE et, qu'à ce titre, elle risque d'attirer dans son antre un nombre non-négligeable de fans de Metal. Karl Sanders apporte une seconde pierre à son édifice, un album plein d'ambiances et d'atmosphères moins ciselées que celles qui s'échappaient de "Saurian Meditation".
Saurian, vous êtes filmés.

Même si les deux albums sont intimement liés, il est évident que "Saurian Exorcisms" est plus brut que son frère ainé. Là où "Saurian Meditation" était gorgé d'une subtilité apaisante et méditative, ce nouveau-né se veut plus empesé, plus massif. On laisse les fertiles orchestrations pour l'ardeur des percussions. Les mélodies qui s'étendent des rives du Nil à la musique arabo-andalouse en serpentant dans les entrailles des cathédrales de la vieille Europe sont toujours présentes mais se font plus discrètes, tapies dans l'ombre des murailles de percussions titanesques, écrasantes. L'ambiance est plus directe, plus guerrière en somme… Dommage?

Oui et non. L'univers du Karl n'est pas redondant et ne se vautre pas dans le cliché Club Med. C'est là, la première qualité de cet album qui plonge l'auditeur dans un monde onirique. Les instruments les plus anciens s'entrelacent des plus modernes et obéissent à la virtuosité d'un musicien qui puise ses inspirations dans divers lieux et époques. Sonorités andines, chants incantatoires venus du fond des âges, cordes tantôt baroques, tantôt orientales le tout drapé dans des rythmes hypnotiques… surgissant de la musique traditionnelle africaine. Et, n'oublions pas les reflets proches de DEAD CAN DANCE qui rehaussent le tout et lui donne un supplément de modernité. Un album planant et remarquable.

Si "Saurian Meditation" était une procession, ce "Saurain Exorcisms" est un hymne de guerre… C'est là qu'est l'os hélas: ce nouvel album est plus brut mais bien moins fin et sophistiqué. Indigeste? A vous de le dire une fois que vous aurez bien défloré ces dix titres.

"Saurian Exorcisms" ne se gobe pas tout seul… enfin si, justement, mieux vaut être tout seul pour s'imprégner de cet album. Seul et peinard. Autant NILE a un effet immédiat, autant la musique de Karl Sanders agit au bout de moult esgourdages. Les notes s'incrustent dans la cervelle et finissent par convertir le plus sceptique. Bien loin du disque d'ambiant foireux qu'on entend chez la copine hippie-poubelle, "Saurian Exorcisms" se savoure et nécessite une certaine "concentration"… A croire qu'il y a une certaine religiosité là-dedans… étrange. Mais magique!

Quoi qu'il en soit, cet album est grand et offre un véritable voyage. Passer à côté ou au travers serait fort triste. L'occasion de planer de la sorte est rare. Moins élégant, mais purement jouissif et addictif.


Rédigé par : Cobra Commander | 16/20 | Nb de lectures : 12243