Kampfar sans Thomas, c'est un peu comme Emperor sans Samoth, Limbonic Art sans Morpheus ou Elie sans Dieudonné. Ca peut remplir son office, mais cela n'aura jamais la saveur d'antan. Depuis ses débuts, Kampfar s'est décrit comme la rencontre entre l'inspiration black metal de Dolk et les influences traditionnelles et classiques de Thomas. Et c'est ce subtil équilibre entre les deux hommes qui a porté le groupe à son apogée, en proposant une vision personnelle du black/pagan. Kampfar reste une référence dans sa niche musicale et tout groupe qui tente de trop s'en inspirer souffre rapidement de la comparaison. Même si le groupe a trouvé une stabilité avec les arrivées du bassiste Jon Bakker et du batteur hollandais Ask Ty Arctander (vous marrez pas, c'est son vrai nom), le noyau dur est resté le duo Dolk/Thomas.

Toujours aussi discret, Thomas a quitté le groupe début décembre 2010 "en bon terme". Les trois autres membres se sont donc serrés les coudes pour poursuivre leur route, alors que l'album venait juste d'être mis en boîte et mixé en novembre au studio Abyss avec Peter Tägtgren. Le groupe indique sobrement dans le livret "Guitars and keys by Kampfar" sans aucune référence à Thomas dans les remerciements, ce qui laisse planer un doute sur le "bon terme" évoqué plus haut. Depuis février, c'est Ole Hartvigsen (Mistur, Emancer) qui accompagne le groupe en live.

Bon, que penser de ce nouvel opus? Tout d'abord, les éléments sonores typiques de Kampfar sont bien réunis. Dès les premiers grognements de Dolk, le doute n'est plus permis. Le titre d'ouverture "Mare" est même là pour nous montrer que le groupe est toujours dans la place. Par la suite, les ambiances sont plus variées, du pilonnage Kampfarien "Bergtatt" jusqu'à la balade dans la lande que propose "Huldreland". Quelques autres moments ressortent, comme ce "Volverers" pulsé par une basse sautillante. Rien de bien novateur, rien de bien surprenant, mais il manque rapidement quelque chose...

En fait, les éléments folk ont définitivement disparu, pour céder leur place à des atmosphères plus épiques portées par un synthé très présent. Synthé qui a parfois des sonorités décalées, comme cette partie de "Ildstemmer" qui évoque Limbonic Art (sans rire!). Synthé qui est parfois très envahissant (on n'entend presque plus la gratte sur "Bergtatt"). Malgré sa bonne production, Mare donne surtout l'impression d'être effroyablement "neutre". L'ensemble n'est pas désagréable, mais rentre par une oreille et sort par l'autre.

S'il est indéniable que Mare est un opus de Kampfar, ce n'en est pas moins un des plus faibles de la discographie du groupe. Sans rougir à côté du moyen Kvass, Mare est très très loin de la splendeur passée et une grosse encablure derrière son prédécesseur. L'album s'écoute tranquillement, trop tranquillement. Et ce n'est définitivement pas ce que j'attends de Kampfar.


Rédigé par : Prince de Lu | 12/20 | Nb de lectures : 13964