Enfin, c'est sorti! Je ne vous parle pas de cette kronik, bande de sacripants, mais bien de ce troisième album des Norvégiens de Kampfar. Le duo est passé tout près du naufrage après "Fra Underverdenen". Et puis Dolk est entré dans le groupe de death Gruesome et a rencontré le bassiste Jon (séquence émotions). Remotivé par cette rencontre , le duo Dolk-Thomas embauche Jon à plein temps et relance Kampfar. A peine le temps de trouver le batteur II13 et le groupe revient sur scène à l'été 2003 pour une mini-tournée. Et depuis la lointaine France, on les voyait tourner à l'étranger, on attendait la réédition des premiers opus et surtout on piaffait d'entendre de nouveaux titres du groupe à la langue si bien pendue. Cette année 2006 est donc à marquer d'une pierre noire: Kampfar sort son nouvel album "Kvass" et s'est permis une virée dans la capitale en avril dernier. Enfin!!

Je profite de cette kronik pour signaler que Napalm Records a eu l'idée géniale qu'attendaient les plus jeunes et/ou les plus pauvres d'entre nous: rééditer les deux premiers albums de Kampfar. Vous trouverez donc dans les meilleures charcuteries la réédition de "Fra Underverdenen" accompagnée du difficile à saisir EP "Norse" et la réédition de "Mellom Skogkledde Aaser". Si quelqu'un a investi dans ses nouvelles versions, il pourra nous indiquer si remastering il y a.

Côté nouvel album (dont le titre signifie "tranchant"), la distension de la face avant des sous-vêtements est au rendez-vous. Kampfar place en tête de gondole un "Lyktemenn" ravageur qui montre que le groupe n'a pas perdu sa superbe. Ce premier titre très accrocheur plonge immédiatement dans l'ambiance, avec une bonne montée en puissance et un travail varié sur les voix, du chant hurlé de Dolk jusqu'au chœur plus guerrier en soutien. Comme on l'espérait, le black présenté ici est un rouleau compresseur plutôt lent mais puissant et mélodique, agrémenté d'une légère touche folk. Les rythmiques sont autant de mélodies parfois imparables, comme "Ravenheart" qui est une pure bombe de bout en bout (allez, on se jette sur l'extrait).

Le fan pousse un soupir de soulagement, il est maintenant rassuré. Il peut s'enfiler six titres tranquillement qui vont le plonger aux sources du groovy black folk, du assez old Satyricon "Ildverden" au pur Kampfar "Hat og Avind". Trois quarts d'heure de paluchage assuré. Côté prod, le son est bien organique pour un enregistrement fait à l'ancienne au Silvertone Studio dans la vieille forteresse de Fredrikstad (Mortiis, Apoptygma Berzerk, le "Reclaim" de Keep of Kalessin). Qu'il est plaisant le doux poc poc de la double, qu'il est bon ce vieux son naturel bien proche des années 90.

Au rayon des griefs, aussi légers soient-ils, on peut regretter une disparition annoncée des éléments folk. Certes, on trouve bien un poil de chœurs clairs par-ci par-là. Mais où est passée la soif d'innovation folkisante? Je pense avec nostalgie au didjeridoo qui enchante "Fra Underverdenen", celui-là même qui transforme le break central de "Troll, Død Og Trolldom" en un brûlot intemporel. Les compos de Kamfar tiennent toujours sur un nombre restreint de motifs et cette fois certains riffs ne sont pas bouleversifiants de génie ("Til Siste Mann" est un peu longuet). Mais qu'importe que tout ça...

Comme beaucoup, j'avais tellement peur que les Norvégiens nous pondent une vieille bouse moisie après cinq années de silence que je suis plutôt heureux de cet album. Mais force est de constater que Kampfar ne prend aucun risque et nous sert des compos tranquilles qui vont juste nous permettre de nous replonger avec plus de vigueur dans leur passé musical plus virulent. Toutefois, ce "Kvass" fleure bon le black à papa. Pas le true black rock'n'roll hommage aux idoles, non. Mais un hymne à la nature, aux vertes forêts et aux étroits fjords. Kampfar revient dans la course. Follow the North Sign!


Rédigé par : Prince de Lu | 14,5/20 | Nb de lectures : 15206