Est-il nécessaire de présenter Kampfar ? Sauf à sortir d’une cave autrichienne où tu as été retenu durant 20 ans par un gros lard avide de sexe, tu connais forcément si tu t’intéresses un tant soit peu à la scène pagan black norvégienne de qualité. Sixième album du groupe Djevelmakt s’annonce comme étant, à mon sens, un album qui tout en s’inscrivant dans la lignée de Mare, marque en même temps une légère évolution, voire une prise de risque certaine.

Dès "Mylder", la patte Kampfar est reconnaissable entre mille. Le pagan black épique, racé du groupe s’étale sur plus de 5 minutes mais les premières « nouveautés » s’annoncent : une voix claire qui illumine le titre dans le pont central, des arpèges plus catchy qui captent l’attention et, globalement, une violence plus contenue. La rythmique cavale comme aux plus beaux jours, les accélérations contrastent avec les plans mélodiques. Ce premier titre, très bien construit, est relativement représentatif de la suite, où les refrains en voix claire, légèrement hystérique, occupent désormais une place centrale.

Les morceaux sont particulièrement travaillés dans le sens d’une recherche importante de mélodies. Cet aspect n’a jamais été absent chez Kampfar et même à l’époque du EP éponyme, ce souci occupait déjà le groupe. Mais le son, plus chaud, plus souple, les met nettement plus en valeur. La dynamique procurée est pertinente ("Blod, eder og Galle", "Our hounds, our legion"), surtout que les accélérations, bien dosées, les font parfaitement ressortir.

Il faut également noter – et c’est l’un des aspects les plus intéressants à mon sens – la volonté de proposer des arrangements relativement riches qui confèrent une épaisseur supplémentaire aux morceaux. L’intro de Mylder au piano, le petit passage à la flûte sur le pont central, les backing vocaux hantés sur "Kujon", les chœurs mystiques qui tapissent l’arrière-plan de "Swarm Norvegicus", le piano encore qui soutient la quasi-totalité de la structure du cinquième titre "Fortapelse" ou encore la guitare folk acoustique qui illumine le dernier morceau "Our hounds, our legion". Car les titres sont longs, souvent supérieurs à 5, voire à 6 minutes et ces arrangements apportent des respirations, des contrastes et des changements de plans opportuns.

Pour autant, si Kampfar a ralenti le rythme, il a préféré miser sur les mid-tempos entraînants (comme sur le très beau "Swarm Norvegicus"), il n’a pas totalement abandonné son sens de l’attaque brutale et vicieuse. La plupart des titres comportent leur lot de riffs tranchants, d’envolées épiques assorties de la voix criarde de Dolk. Cet équilibre permanent entre riffs assassins, mélodies travaillées et arrangements intelligents confère à cet album une véritable richesse.

Si l’on ajoute à cela un artwork de toute beauté, Kampfar accouche d’un produit de grande qualité, différent de ce qui sort dans le genre, riche et pertinent.




Rédigé par : raziel | 16/20 | Nb de lectures : 13165