3 ans après un "Ghost Opera" qui ne semble pas avoir fait l'unanimité parmi les fans du groupe, Kamelot nous revient avec son 9ème album, "Poetry for the Poisoned". Est-ce l'album de la réconciliation des fans ? L'album de trop ? Le chef-d'œuvre attendu ? Un peu de tout ça en fait... Quand un groupe arrive à une discographie aussi conséquente que Kamelot, il peut s'orienter de façons diverses: soit expérimenter et tenter de nouvelles choses, ou alors s'appliquer à peaufiner le style pratiqué. Kamelot a choisi la seconde option. Car bien que ce nouvel album soit le plus "sombre" du groupe d'après les déclarations du dit groupe, force est de constater que la formule utilisée ici est similaire à celle des œuvres précédentes. Un exemple ? Rien que la présence une nouvelle fois de Simone Simons d'Epica entraîne l'auditeur et fan, sur un terrain connu. A nouveau les featurings marchent bien, parce que Simone est une très bonne chanteuse, mais sa prestation sur "House on a Hill" ne me fait pas autant frémir que celle sur un "The Haunted" (album "The Black Halo"). Cet exemple résume bien ce que je pense de ce nouvel album; je n'irai pas jusqu'à dire que le groupe reprend les bonnes vielles recettes qui marchent (car il paraît que c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe), mais un sentiment de stagnation m'interpelle à l'écoute de cet album. Une autre comparaison pourrait se faire par exemple entre "If Tommorow Came" et un titre comme "When the Lights are Down" (toujours du "The Black Halo", album excellent au passage): un tempo assez rapide (bien que le premier cité sonne un peu mou), des sonorités électro que je trouve mieux exploitées sur le second titre cité, etc. Et comment toujours ne pas comparer un titre comme "The Great Pandemonium" avec le titre "March of Mephisto" (aussi tiré du "Black Halo") ? ambiance sombre, refrain accrocheur, quelques vocaux extrêmes tenus ici par Björn "Speed" Strid (Soilwork), un solo majestueux d'un Thomas Youngblood mésestimé; seul l'aspect symphonique/orchestral est davantage présent sur le plus ancien des deux titres. Je n'affirmerais pas que "Poetry for the Poisoned" est un "The Black Halo, pt. II", mais les deux ont des points communs troublants.

Quand je parle de "peaufinage" du style pratiqué, j'en veux pour preuve le gros travail réalisé notamment sur les arrangements, qu'ils soient électroniques, symphoniques voire à la limite de l'indus: tout ce beau monde va même se retrouver le temps d'un morceau, "My Train Of Thoughts", un titre qui malheureusement ne restera pas dans les annales de la carrière du groupe pour son manque évident d'audace. Le groupe perfectionne et soigne donc à fond sa musique, la "déshumanisant" quelque peu, comme sur le titre "Seal of Wolven Seas" pas foncièrement mauvais, mais, j'ai beau apprécier le chant de Roy Khan, sa prestation sur le refrain est des plus fades (des vocaux plus puissants, voire extrêmes n'auraient pas été de trop sur ce coup-là). Après je sais bien que c'est un chanteur au timbre souvent mélodique et je n'attends pas de lui une voix qui en impose, mais j'avoue avoir été déçu sur ce passage. Et puis le morceau "Poetry for the Poisoned" découpé en 4 parties (quel intérêt ?) est agréable, mais à chaque fois les morceaux pouvaient durer 2 minutes de plus (à part la 2ème partie en featuring à nouveau avec Simone Simmons, qui a une durée respectable proposant encore une fois, une ballade certes chouette, mais une ballade tout de même pas très inspirée !); surtout les parties 3 et 4 bien trop courtes à chaque fois ! A nouveau je suis obligé d'être déçu !

Heureusement quelques morceaux sortent du lot au milieu de cet album moyen, notamment ce "The Zodiac" à la fois sombre et très accrocheur en duo avec un Jon Oliva ténébreux comme jamais. Voilà le genre d'invité qui peut transcender un morceau à lui tout seul (en plus d'un refrain à l'allure dramatique bien convaincant). "Hunter's Season" ne passera pas non plus inaperçu avec son refrain émouvant à souhait (un morceau dédié à la mère de T. Youngblood décédée il y a peu) et son gros solo de guitare interprété par Gus G. (Firewind/Ozzy Osbourne), certes impressionnant mais que je trouve inapproprié sur un titre aussi mélancolique. Petit coup de cœur aussi pour le plus heavy "Necropolis", au tempo plus lourd qu'à l'accoutumée (sans que ça soit un son ultra massif quand même !) où le côté martial du refrain pourra bien donner en live avec ses chœurs soutenus. L'album a le mérite de finir sur une note speed avec un "Once Upon a Time" pas exceptionnel, mais qui aura le mérite de laisser l'auditeur sur une bonne note.

Pour synthétiser, cet album est un album en dents de scie, alternant des morceaux moyens et des morceaux excellents, l'ensemble étant surplombée d'un manque d'inspiration et de renouvellement peu bénéfique au groupe qui je l'espère saura mieux rebondir à l'avenir...




Rédigé par : gardian666 | 13/20 | Nb de lectures : 13319