Ces dernières années, les oenologues de tout poil ont vu fleurir dans les milieux vinicoles de plus en plus de vins aux origines exotiques. Entre le pinard australien, californien, japonais ou néo-zélandais, les papilles gustatives du français moyen ont été mises à rude épreuve. Au delà de ces considérations purement alcoolisées, cette introduction peu appropriée à la kronik d'un album métal prouve en tout cas qu'on a beau chercher son bonheur ailleurs, rien ne remplacera jamais notre bonne production nationale. Si les cépages étrangers constituent souvent une découverte de bon goût, le bouquet et la teneur en bouche des crus typiquement français restera indémodable. Autrefois, alors que ma connaissance de la scène française se limitait à 2-3 fleurons aujourd'hui disparus ou hibernants, je m'empressais de m'abreuver dans les autres pays mais actuellement l'hexagone fournit en bon nombre des millésimes bien goutus. Ce Kabbal, né dans le sud de la France en 1999, paraît même bien placé pour prendre la relève du "enjoy the violence" de qui vous savez dont l'intensité inégalée avait fait trembler pas mal de chaumières (dont la mienne, encore désolé Maman...) lors de la décennie précédente. Pourtant Kabbal n'a rien d'un gros bourrin stérile comme on trop l'habitude d'en voir. Pour les parties les plus intenses, le feeling thrash fait bien entendu penser à Massacra mais beaucoup de morceaux comportent des passages beaucoup plus lourds qui s'inspirent respectueusement de Morbid Angel ou même d'un Slayer qui serait tombé dans une bassine de gras. Ces sudistes ont une facilité assez déconcertante pour composer des riffs accrocheurs ("catchy" diraient certains mais ce mot me fait penser à un titre de A-Ha...) dans une veine plutôt old-school mais nullement démodée ou ringarde. Les vocaux, véritablement en symbiose avec la musique sont efficaces au possible et il ne fait nul doute qu'on se trouve bien en présence d'une des révélations françaises de l'année. Les seuls petits reproches concernent les solos parfois un peu dissonants à force de chercher à être "slayériens" et les quelques fautes d'orthographe parsemées de ci, de là dans le booklet (la "citéE de marbre" par exemple, pour le seul titre de morceau en français il aurait fallu faire un effort...). L'auditeur lambda, lui, ne se posera pas de questions. Quand rage, technicité et professionalisme se rejoignent dans un effort aussi louable, le porte-monnaie sera enchanté de lâcher un peu de lest pour acquérir une galette de death qui fait le tour de force d'être à la fois old-school et moderne. Si le forcing est mis sur la promotion et sur le suivi de cet excellent combo, je ne peux que poser des espoirs légitimes en l'avenir de Kabbal. Je finirais sur une note bien puérile et facile mais tellement appropriée : "Kabbal, c'est de la balle !". Je vous avais prévenus....


Rédigé par : Loufi | 16,5/20 | Nb de lectures : 7898