Ouvrons une brèche le temps d'une chronique dans la tyrannique actualité des sorties pour nous offrir un hommage digne de ce nom à l'un des représentants les plus exemplaires du death metal old school à la suédoise dans ce qu'il a de plus sombre, de plus radical et de plus testiculaire. J'ai nommé KAAMOS.

Les amateurs le savent déjà, le quatuor de Stockholm a rangé ses riffs assassins au râtelier depuis l'été 2006 et un ultime assaut scénique lors du Party San en passe de devenir légendaire. Pourtant quelques titres encore inédits traînaient dans les placards jusqu'à ce que Nuclear Winter records, le plus suédois des labels grecs mené de main de maître par Anastasis Valtsanis également guitariste-chanteur de DEAD CONGREGATION, ne se décide à donner à KAAMOS l'oeuvre testamentaire qu'il méritait. « Scales of Leviathan » joliment illustré par une gravure de l'emblématique Gustave Doré regroupe donc les cinq derniers morceaux enregistrés en juin 2006 par KAAMOS à peine une paire de mois avant sa séparation définitive.

Avant même d'écouter le CD, on ne peut qu'être enthousiaste devant le contenant de cet ultime chant du signe ; un joli digipack en papier recyclé rugueux comme l'étaient les riffs de KAAMOS sorti dans un tirage limité comme il se doit à quelques 666 exemplaires.

On aurait aimé que le groupe suédois nous délivre ici une oeuvre aussi marquante qu'avait pu l'être ces deux uniques albums. Hélas, ça n'est pas exactement le cas même si les compos restent d'un niveau supérieur à la majeure partie des groupes qui s'échinent à singer sans talent le style et sans maîtriser l'art de faire du death old school avec de gros grumeaux crados aux entournures.

On retrouve donc plus la dernière fois KAAMOS dans son rôle de chantre du death metal pur jus dans sa forme la plus haineuse avec des guitares sponsorisées, comme il se doit, par Massey Ferguson. Les rythmiques sont solides et imparables comme un T34 et le chant s'époumone dans une série de growls probablement affinés à grandes lapées d'huile de vidange.

Si les quatre premiers titres se hissent tout juste à la hauteur de ceux de « Lucifer's rising » et présentent ce death metal virulent et familier, KAAMOS termine ce mini sur les accords du superbe « Spiritual Funeral », un titre lourd et malveillant de plus de cinq minutes. Sur les accords classieux d'un doom/death mortuaire ; KAAMOS mélange habilement sa musique avec quelques extraits sonores de ces films d'horreur rétro de ceux qui avaient fait la réputation de la Hammer dans les années 70 ; une outro de choix pour une carrière qui n'aura pas atteint la dizaine d'années. C'est d'autant plus douloureux qu'il est fort peu probable que le groupe ne se reforme un jour car certains de ses membres sont passés à autre chose comme c'est le cas de Konstantin Papavassilou, l'un des guitaristes, et de Chris Piss (plus facile à porter que Cristofer Barkensjö ?) le batteur désormais adeptes d'un doom rétro dans SATURNALIA TEMPLE. Reste deux albums clés brandissant la flamme et la hargne du death suédois que tout amateur se devra de chérir en attendant des jours meilleurs.

« From the body of Death, the spirit has been set free. A prophet shall replace me as this aeon comes to end ».


Rédigé par : Tonton | 07/10 | Nb de lectures : 11058